Elie Hatem, figure de l’ultradroite, enseignant à Paris 13, suspendu?

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Membre du comité directeur de l’Action française, Elie Hatem dispense des cours de droit à l’université de Bobigny. En avril dernier, il avait tenu un meeting à Avignon en hommage à Charles Maurras, théoricien de l’ « antisémitisme d’Etat ».

Bienvenue à Bobigny (Seine-Saint-Denis), son université Paris 13, son UFR de droit et… son nouveau professeur d’extrême droite. Depuis la fin novembre, Elie Hatem y assure des cours de droit. Problème : l’enseignant est également un habitué des réunions de l’ultradroite. Quand il ne participe pas aux défilés des catholiques intégristes de Civitas, il tient meeting pour rendre hommage à Charles Maurras, théoricien de l' »antisémitisme d’Etat », comme à Avignon en avril. Le 19 janvier, il était même l’invité d’une conférence réunissant le gratin de la mouvance antisémite.

« J’avais donné mon accord, mais je n’ai pas pu y aller parce que j’étais à l’étranger », précise Hatem. Et d’ajouter : « Je ne suis pas contre le Juif en tant que personne, mais contre le judaïsme politique. »

Un proche de Jean-Marie Le Pen

Avocat franco-libanais d’origine maronite, Elie Hatem est une figure bien connue à la droite de la droite. Membre du comité directeur de l’Action française depuis 1983, c’est un proche de Jean-Marie Le Pen. Il s’est engagé avec lui aux élections législatives de 2017. Il profite de ses apparitions dans les médias ­d’extrême droite pour relayer des théories conspirationnistes : il ­estime que Daech et le Front ­Al-Nosra sont « des exécutants », « se pose la question » de la responsabilité des Etats-Unis et d’Israël… et on l’aperçoit dans une vidéo qui « salue la mémoire » du maréchal Pétain.

Mais quelle mouche a piqué Ali Smida, directeur de l’UFR de droit, qui l’a nommé? Sollicité par le JDD, il n’a pas souhaité s’exprimer. Pas plus que Jean-Pierre Astruc, doyen de la faculté, et que le service communication de l’établissement. Seul Daniel Verba, vice-président, se fend d’une timide réaction : « Il ne faut pas faire courir le bruit que Paris 13 est une université antisémite, parce que c’est faux. » L’affaire tombe au plus mal pour la faculté : le 8 février, un étudiant était exclu pour un an, accusé de harcèlement antisémite.

L’Union des étudiants juifs de France (UEJF) dénonce un « climat pourri ». Jeudi 30 janvier, une dizaine de ses membres ont interrompu le cours d’Elie Hatem. Mais la réaction des élèves ne fut pas celle escomptée : « J’ai entendu certains dire : regarde, c’est les Juifs qui arrivent, regrette Sacha Ghozlan, le président de l’association antiraciste. D’autres ont voulu m’arracher le mégaphone. » Daniel Verba affirme qu’Elie Hatem a été suspendu dans l’attente d’une décision définitive. Ce que l’intéressé dément : « C’est moi qui ne veux plus venir. »

Source jdd