Le cinéma israélien triomphe à la Berlinale

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Le festival du film de Berlin, l’un des plus importants en Europe avec Cannes et Venise, a couronné samedi le film de Nadav Lapid, Synonymes, et deux autres films israéliens ont brillé.

Synonymes, de Nadav Lapid reçoit l’Ours d’Or

Navad Lapid est déjà un grand nom  en trois films seulement. Son héros est un jeune soldat, portant beau, de Tsahal qui s’est réfugié en France en refusant dorénavant de parler l’hébreu, livrant sa vision d’un français déconstruit, une sorte de langue poétique et accidentée où chaque mot cherche son synonyme. Mais la France, qui peine chaque jour un peu plus à incarner son idéal de terre d’accueil, va elle aussi se refuser au jeune soldat.

Identité nulle part, intégration nulle art, désintégration de tout partout, abordé par une caméra haletante, dans une forme d’explosion permanente, Synonymes est un tour de force.

« +Synonymes+ est un film qui pourrait être considéré comme un scandale en Israël », a déclaré Nadav Lapid en recevant son prix à Berlin, le premier attribué à un réalisateur israélien.

« Le film aborde le problème de l’âme collective israélienne » contemporaine qui « est incarnée par un mélange d’hommes forts, violents et fidèles à leur pays, sans ressentir de doutes, sans réserve », a dit le metteur en scène, dans une allusion à la montée en puissance du sentiment nationaliste dans son pays.

Les deux autres films très remarqués

The Day After I’m Gone, premier long de Nimrod Eldar, est en apparence le plus léger de tous, il en est surtout le plus tendre dans un décor de violence sourde. Yoram, vétérinaire dans un zoo de Tel-Aviv, élève seul après le décès de sa femme une fille en pleine crise d’adolescence. Il a beau être doux, bienveillant, attentif, il reste démuni après qu’elle tente de se suicider. Il décide de l’emmener en convalescence chez sa famille dans les colonies. Sous couvert d’une tonalité intimiste douce amère, le film est sous tension permanente, montrant l’écart toujours plus grand qui s’est creusé ces dernières années entre progressistes et ultra-nationalistes.

Chained, nouveau film de Yaron Shani, aussi éloigné dans sa forme soit-il de celui de son compatriote, entretient la même inquiétude contenue. Le personnage principal, flic sûr de lui, fait d’ailleurs une apparition avec le même rôle dans l’autre film. Tourné sur une année, le film s’inscrit dans un triptyque intitulé The Love Trilogy. La méthode rappelle Kechiche, produisant un vérisme troublant (on passe un bon moment à se demander s’il ne s’agit pas d’un documentaire). Sa description d’une société israélienne viriliste à travers un mâle alpha qui perd pied est d’une précision glaciale.

Avec lepoint et grazia