Il y a de plus en plus d’actes antisémites en France. Le ministre de l’intérieur a annoncé lundi une hausse de 74% en 2018 et la région toulousaine n’est pas épargnée, comme le montre ce témoignage d’une habitante de Tournefeuille, poussée à déménager par des voisins.
Toulouse a été frappée de plein fouet par l’antisémitisme avec les assassinats de Mohammed Merah en 2012 et sept ans plus tard, la situation est toujours difficile pour la communauté. Il n’y a pas de chiffres, mais Franck Touboul, le président du CRIF (Conseil représentatif des Institutions juives de France) pour la région, dénonce une recrudescence des tags, des insultes et même des agressions sur l’agglomération toulousaine.
Selon Franck Touboul, CRIF Midi-Pyrénées : Nous sommes régulièrement obligés de reloger des membres de notre communauté car ils se font insulter, violenter par des voisins qui jettent des poubelles et des détritus devant leur appartement.
L’exemple de cette femme de 64 ans en dit long. Elle appartient à la communauté juive et souhaite rester anonyme. Elle raconte en détails. Au mois de juillet 2018, à Tournefeuille à l’ouest de Toulouse, elle a dû fuir l’appartement dans lequel elle vivait depuis 15 ans. Tout part d’une stupide histoire d’étiquette arrachée sur la boite aux lettres d’un voisin. Le voisin en question s’énerve un matin, voyant que son nom a disparu des boîtes. « Il s’est mis à hurler devant tout l’immeuble et deux jours après, j’ai découvert moi aussi que je n’avais plus d’étiquette. Donc cela parait tout à fait anodin, mais cela a pris une tournure folle. »
Cette femme va chez son voisin pour lui expliquer qu’elle a eu le même problème et qu’elle n’y est pour rien. Mais très vite, la discussion dégénère, car dit-elle, la compagne du voisin se met à l’insulter.
Déferlement d’insultes et de violence verbale
La sexagénaire s’en va aussitôt et s’enferme chez elle, dans son appartement situé sur le même palier. Mais le couple vient frapper 2 minutes plus tard et l’insulte à nouveau, avec beaucoup plus de force. « Ils m’ont dit retourne en Israël, sale Israélienne, tueur d’enfant palestinien…. De toutes façons, tu as 70 ans, tu vas bientôt crever ! »
La victime est abasourdie. Elle ferme sa porte sans rétorquer car, dit-elle, elle ne s’y attend pas du tout. Elle explique qu’elle croisait ces voisins depuis plusieurs années. « Cela faisait 5 ans que je les connaissais, bonjour, au revoir. De temps en temps, mon fils me disait, tu peux leur donner un plat… C’est pour ça que je suis restée complètement époustouflée… J’ai eu très très peur parce que j’ai eu en face de moi des gens tranquilles qui se sont radicalisés. »
La sexagénaire appelle alors son fils qui vient la chercher et l’emmène vivre avec lui dans un appartement de 35 m². Elle quitte son logement avec le sentiment d’avoir été poussée à partir. « C’est inadmissible de partir de chez soi, sachant que j’étais bien chez moi, que cela faisait 15 ans que j’avais mes habitudes de vie. Je me suis fait carrément jeter de chez moi. »
Cette femme a porté plainte après cet épisode, mais n’a pas encore de nouvelles. Elle a également lancé des démarches pour obtenir un nouveau logement, à Toulouse, loin de l’ancien. Ecoutez le témoignage de cette femme, poussée à partir de son appartement.