Figure incontournable de la philosophie et de la musicologie, Vladimir Jankélévitch méritait une exposition au sein de la Bibliothèque nationale de France. D’autant que la BnF bénéficie d’un fonds conséquent de manuscrits grâce aux dons de la famille du philosophe.
L’exposition “Vladimir Jankélévitch, figures du philosophe” offre 120 pièces exceptionnelles (manuscrits, correspondances, photographies, documents d’époque) permettant d’entrer dans l’intimité du philosophe afin d’en comprendre ses combats et son parcours exceptionnel.
Né de parents juifs russes, fils de médecins (son père Samuel fut aussi traducteur de Freud et Hegel), Jankélévitch obtient l’agrégation de philosophie, un doctorat et enseignera à la Sorbonne de 1951 à 1975.
Le philosophe grandit également dans une famille de musiciens. Avec une tante enseignante au conservatoire de Saint-Pétersbourg et une sœur premier prix de piano au conservatoire de Paris, le jeune Jankélévitch bénéficie d’une influence musicale déterminante. Tout au long de sa vie, il pratiquera le piano en cercle privé, jouera à quatre mains avec ses amis pianistes, et collectionnera un nombre impressionnant de partitions. Une photo le montre en compagnie de ses deux pianos dans son appartement du quai aux Fleurs à Paris, entouré d’innombrables partitions. Tandis qu’une émission de télévision de l’ORTF le filme aux côtés de Jean-Joël Barbier interprétant consciencieusement les Morceaux en forme de poire d’Eric Satie. “Je me demande même si je n’aime pas le piano davantage que la musique” avoua-t-il à L’Arc.
Témoins de cette passion ardente pour la musique, ses ouvrages traitent, entre autres, du “mystère de l’instant” ou de “l’ineffable”. Le premier d’entre eux sera “Gabriel Fauré et ses mélodies” dont de précieux extraits sont présentés à travers le manuscrit autographe de 1938. Jankélévitch porte une admiration indéfectible à ce compositeur. Au sujet de l’andante du deuxième quatuor avec piano, il avouera que ce mouvement est “ce [qu’il] aime le plus au monde”.
Rimski-Korsakov, Albéniz, de Falla, Mompou, Ravel, ou Debussy, Liszt font l’objet d’analyses musicales, sans oublier ses écrits sur la virtuosité, l’improvisation et certaines formes musicales. Des ouvrages ou articles qui font souvent écho à sa propre philosophie.
Avant son retour à Paris à la fin de la Seconde guerre mondiale (suite aux lois nazies Jankélévitch s’était réfugié à Toulouse et avait pris part aux réseaux de Résistance), et outre des notes de programme pour les concerts de l’orchestre du Capitole dont des exemplaires sont présentés, il dirige les émissions musicales de Radio Toulouse-Pyrénées et réalise les programmes et les textes lus à l’antenne. Dans un entretien avec Hélène Jarry, il confiera à ce sujet “Je diffusais beaucoup de musique française et pas de Wagner !”.
Homme de tous les combats : acteur de la Résistance, œuvrant contre le racisme et pour le souvenir des victimes de la Shoah, s’engageant dans des associations de défense des plus faibles, défendant bec et ongle l’enseignement de la philosophie, Vladimir Jankélévitch incarne plus que jamais une figure incontournable de la philosophie et de la musicologie. Ces précieux manuscrits, fragments de vie, dessinent en filigrane le portrait d’un homme touchant, dont l’œuvre résonne plus que jamais en chacun de nous.
Vladimir Jankélévitch, figures du philosophe
Du 15 janvier au 3 mars 2019 – Galerie des donateurs -BnF François-Mitterrand – Quai François-Mauriac, Paris XIIIe
Du mardi au samedi 10h / 19h – Dimanche 13h / 19h – Fermeture les lundis et jours fériés
Entrée libre