Marc Rylewski, soit disant journaliste, antisémite, homophobe, bref pourri

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Le « journaliste gilet jaune » qui malmène Aphatie dans la rue, préfère Dieudonné aux journalistes. Mais celui qui se surnomme « Isadora Duncan » n’en est pas à son coup d’essai.

Jean-Michel Aphatie, interpellé en pleine rue, n’en revient pas. Face à lui, un homme, smartphone à la main, le filme tout en le qualifiant de « menteur » dans son traitement du mouvement des gilets jaunes. « Dans votre grand appartement du 16e, avec vos millions que vous vous êtes faits dans la presse, vous croyez tout connaître de tout », lâche son interlocuteur.

L’éditorialiste s’emporte rapidement. « Quelle intolérance, j’ai le droit de vivre ou pas ? Et si je vous dis que je ne le suis pas [millionnaire], vous ne me croyez pas parce que ça casse votre schéma. Vous n’aimez pas ça ! » Après une discussion agitée, quand le « journaliste gilet jaune », tel qu’il se décrit lui-même, commence à indiquer que le geste de la quenelle n’a rien d’antisémite et que Dieudonné est le nouveau Coluche, Jean-Michel Aphatie décide de partir.

C’est l’éditorialiste lui-même qui relaie peu après la vidéo sur Twitter. « Si vous ne savez pas ce que l’intolérance veut dire, si vous voulez observer une forme de violence inadmissible, regardez cette vidéo qui ne sert pas la cause des gilets jaunes. » La vidéo s’intitule, sur YouTube, « Aphatie journaliste millionnaire anti-gilet jaunes. »

Il déteste les journalistes mais travaille dans les médias

Désormais, se pose la question de l’identité de son interlocuteur, qui gère une chaîne nommée « Isadora Duncan », comme la danseuse américaine disparue en 1927. Comme le révèle le journaliste Vincent Glad, derrière ce pseudo – il utilise également celui de « Marc Alexandre » au début de ses vidéos -, se cache (et c’est ironique) une personne baignant elle-même dans le milieu des médias. Il s’agirait d’un paparazzi du nom de Marc Rylewski, âgé de 49 ans, et vivant à Paris.

D’après les traces laissées par Rylewski sur les réseaux sociaux professionnels, il aurait travaillé au sein de l’agence photo Gamma, pour le journal France-Soir ou encore en collaboration avec l’agence américaine de paparazzi X17. « Appelez-moi, je paie pour une bonne info », indique-t-il même sur le site Viadéo.

Dans un article paru en 2006 dans le New York Magazineconsacré aux enfants d’Angelina Jolie et de Brad Pitt, on en sait un peu plus sur le parcours de ce photographe qui aurait travaillé comme paparazzi à Los Angeles pendant plusieurs années, « avant que l’immigration américaine ne le jette dehors ». Un an auparavant, CBS parle déjà de lui. Mais Rylewski déclare qu’il aimerait bien rester dans l’ombre. « Je ne veux pas que les personnes me reconnaissent dans la rue, sinon ma couverture est foutue. » Oups.

C’est sans doute pour cela que sur Twitter, « Markito », qui a ouvert son profil en 2014, est peu prolifique. À ses 20 abonnés, il n’a récemment diffusé que ses dernières vidéos, dont celle avec Jean-Michel Aphatie.

C’est en octobre 2018 que débute vraisemblablement sa carrière de « journaliste de rue » en France. À l’occasion des universités d’automne de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) au Havre, ce vidéaste se fait passer pour un journaliste hongrois d’une « télé progressiste », Tilos TV, et interroge des participants sur la politique menée par Israël envers les citoyens palestiniens, le financement de la Licra, et l’absence de personnes de couleur à la Licra. Des questions qui font partie des marottes de l’essayiste d’extrême droite, Alain Soral, dont l’interrogateur assure qu’il pourtant qu’il n’est pas un « copain ». « Une lamentable théorie de symptômes complotistes, une obsession des ‘lobbys’ et d’Israël qui nous a, tous les trois, alertés et consternés », se souvient Alexis Lacroix, journaliste de L’Express qui faisait partie des cibles de l’interrogatoire.

Quelques jours plus tard, le vrai-faux journaliste se rend place de la République à Paris, et pose des questions injurieuses lors d’un rassemblement anti-homophobie.

Embarras de Dubosc, colère de Sotto

Le vidéaste est également celui qui interroge Franck Dubosc à Lausanne, en Suisse, à la sortie de son spectacle le 6 décembre dernier, lui demandant s’il était toujours un défenseur des gilets jaunes.


Dans cette vidéo, qui a énormément été reprise, l’humoriste retourne sa veste et affirme que le mouvement est devenu trop « hargneux » pour qu’il y apporte son soutien. Des propos qui provoquent une vive polémique.

Le quotidien Suisse Le Matin contacte Rylewski quelques jours plus tard pour parler de l’impact de sa vidéo. Le paparazzi se décrit alors comme un « sympathisant » du mouvement des gilets jaunes. « Je suis d’accord avec la plupart de leurs revendications. Je pense par exemple qu’il faut un certain dégraissage de l’État et surtout beaucoup plus de transparence sur l’utilisation des finances publiques, explique-t-il.

Au mois de décembre, les interrogatoires de rue continuent de s’intensifier. Il interroge tour à tour Roland Magdane, Jérémy Fréro, Ségolène Royal ou encore Chantal Jouanno sur leur vision des gilets jaunes. Avec Thomas Sotto, suivi alors qu’il sort de France Télévisions,le dialogue tourne cette fois rapidement court. Sotto sort son portable pour filmer le vidéaste et refuse de répondre à ces questions. « Ce sont des méthodes de voyou », lance le journaliste.

Quand il cherche à obtenir des réponses de la journaliste de LCI Audrey Crespo-Mara, dans une vidéo publiée il y a seulement quatre jours, il provoque la colère d’un proche de la journaliste, qui menace de lui donner « un coup de casque. »

Devant les locaux de BFMTV, c’est Bernard Tapie que le vidéaste provoque, le 10 janvier. Le ton monte très vite quand le vidéaste demande si l’homme d’affaires s’est entendu avec Emmanuel Macron « pour ne pas perdre son procès ».

« Il n’entend pas, c’est un mur »

Après avoir abordé Mounir Mahjoubi avec une question que celui-ci juge « violente » (comparant les gilets jaunes à un « bétail goy » qui « se rebelle »), voilà que le vidéaste va accuser un autre journaliste, Alain Duhamel, d’être proche des puissants. Dans une vidéo publiée ce 11 janvier dans la matinée, le paparazzi interpelle l’essayiste, qui ne prend même pas la peine de lui répondre. « Vous avez vraiment été en collusion avec les pouvoirs durant toute votre carrière ! Est-ce qu’il y a un moment où vous allez ‘stand up for our rights?‘ [vous battre pour nos droits ?] »

Source lexpress