Une citation choquante comparant les femmes à des pouliches diffusée lors du dernier congrès du Collège national des gynécologues et obstétriciens de France a provoqué de vives réactions sur les réseaux sociaux.
« Les femmes c’est comme les juments, celles qui ont de grosses hanches ne sont pas les plus agréables à monter, mais c’est celles qui mettent bas le plus facilement. » Non, cette phrase n’est pas issue du dernier spectacle d’un pseudo humoriste tendance lourde et misogyne.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, celle-ci a été diffusée sur grand écran, vendredi 7 décembre, devant un parterre de médecins lors de la Journée nationale du Collège National des Gynécologues et des Obstétriciens Français (CNGOF) qui avait lieu au Palais de la musique et des congrès de Strasbourg du 5 au 7 décembre. 2018 donc.
« Les femmes c’est comme les juments, celles qui ont de grosses hanches ne sont pas les plus agréables à monter, mais c’est celles qui mettent bas le plus facilement » @leCNGOF #Sexisme honteux au congrès national des gynécologues obstétriciens. pic.twitter.com/WZsHlnlQ1O
— Osez le féminisme ! (@osezlefeminisme) 7 décembre 2018
Des excuses présentées pour une « phrase moyenâgeuse »
Issue du roman historique Le Seigneur de Châlus, publié en 2012 par Yves Aubard , professeur de gynécologie et auteur à ses heures perdues, la citation a très vite provoqué la colère des internautes après sa diffusion sur les réseaux sociaux. Sous le feu des projecteurs, le président de la société savante, le Professeur Israël Nisand, s’est alors rapidement confondu en excuses sur le compte Facebook du CNGOF.
« Sortie de son contexte, elle (la citation, ndlr) peut faire croire que celui qui l’a présentée en valide le sens, ce qui n’est pas le cas. Quoi qu’il en soit, je souhaite très officiellement dire au nom du CNGOF que toute notre profession est arc-boutée sur la défense des femmes, de leur santé et de leur dignité. Je prie donc tous ceux qui ont pu être choqués par l’affichage inapproprié de cette phrase moyenâgeuse d’accepter les excuses du CNGOF qui, bien sûr, regrette cet acte déplacé. »
Le professeur Renaud De Tayrac, à l’origine de cette diapositive, a également publié un communiqué afin d’expliquer sa démarche. Selon lui, son intention n’était pas de provoquer ou de polémiquer, « mais de faire un rappel historique sur la vision de l’anatomie du bassin féminin et des difficultés de l’accouchement au Moyen-Âge. » Le chef du service Gynécologie Obstétrique Maternité du Pôle Femme-Enfant du CHU de Nîmes explique qu’il voulait tout simplement « démontrer au cours de la présentation qui suivait que les connaissances obstétricales avaient beaucoup progressé depuis ».
Un programme aux intitulés choquants (modifié in extremis)
D’autres mots douteux émanant de ce congrès ont depuis été relevé par l’association « Osez le féminisme ». Celle-ci a en effet publié des photographies du programme initial (modifié à l’impression du programme final), dans lequel certains intitulés se révèlent pour le moins choquants. Ainsi, jeudi à 15h devait se dérouler la conférence « Ces prétendues violences obstétricales : les enjeux juridiques », qui s’est transformée en « Les enjeux juridiques des ‘violences obstétricales' ». On notera la présence de guillemets à ‘violences obstétricales’… Enfin, à 17h30, une prise de parole d’Israël Nisand, « Comment se prémunir des plaintes pour attouchements sexuels ? » est quant à elle devenue « Pas d’ambiguïté dans les relations avec les patientes ».
Des faits regrettables au lendemain de la publication dans le journal Libération d’une tribune du collectif #NousToutes, qui appellent justement à une « médecine non-sexiste respectueuse de nos corps, de nos droits et de nos choix » dans un contexte de libération de la parole des femmes au sujet des violences gynécologiques et obstétricales.
Comme leur #sexisme était trop voyant, ils ont ensuite corrigé. Le discours est le même : #sexisme, #cultureduviol et déni des #violences #gynécologiques et #obstétricales @leCNGOF pic.twitter.com/M0AwmBKozH
— Osez le féminisme ! (@osezlefeminisme) 7 décembre 2018