Les échanges d’étudiants entre l’établissement alsacien et l’université Reichman sont désormais gelés. La majorité des élus du conseil d’administration lui reprochent des déclarations « profondément bellicistes et dénuées de toute perspective humaniste, pacifiste ».
Douze voix pour, sept contre et deux abstentions. Le conseil d’administration de Sciences Po Strasbourg vient d’approuver la suspension de son partenariat d’échange d’étudiants avec l’université Reichman, basée à Herzliya, au nord de Tel Aviv, en Israël.
La proposition émanait des élus de Solidarit’Étudiante. Ils l’avaient soumise à délibération fin juin, mais le procès verbal n’a été validé que ce mois-ci.
Les débats et le vote -auquel douze administrateurs n’ont pas participé- ont été houleux. Mais il a tourné en faveur des étudiants, malgré l’opposition farouche de la direction.
Depuis le 7 octobre 2023, les transferts d’étudiants de la France vers Israël sont gelés en raison des risques en termes de sécurité. Ils le sont désormais dans l’autre sens.
Une absence de « regard critique »
Élu au conseil d’administration, Vladimir Gilg justifie cette suspension auprès de BFM Alsace: « Cette université privée a des positions très problématiques concernant ce qu’il se passe à Gaza ».
Dans une proposition de communiqué datant de juin, les étudiants développent ce point de vue. « Cette proposition n’est nullement liée à une volonté de pénaliser les étudiant.es israelien.nes mais bien aux positions de l’université en question, profondément bellicistes et dénuées de toute perspective humaniste, pacifiste et critique au regard de la guerre en cours à Gaza », peut-on lire.
Les élus de Solidarit’Étudiante « condamnent sans réserve l’attaque terroriste subie par la population israélienne le 7 octobre 2023 », tout en appelant à conserver un « regard critique sur la réponse menée par l’armée israélienne depuis le printemps dernier ».
Or dans des vidéos ou dans des communiqués, la direction de l’université israélienne défend ouvertement les actions de l’armée israélienne, pointent les auteurs de la proposition.
« Inspirer d’autres établissements »
« Nous ne pouvons fermer les yeux sur ce soutien inconditionnel malgré les dizaines de milliers de civils palestiniens tués, les condamnations de la communauté internationale ainsi que les suspicions de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité dont font l’objet les dirigeants israéliens qui mènent aujourd’hui cette guerre », s’indignent encore les étudiants.
Ils disent « comprendre que l’université d’un pays en guerre apporte un soutien à ses étudiants envoyés au combat » mais déplorent « l’engagement actif » de la direction dans le conflit. « Un conflit qui conduit au massacre de dizaine de milliers de civils, femmes et enfants est en revanche en contradiction avec les valeurs humanistes dont se réclame Sciences Po Strasbourg. »
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