L’israélienne Maya Dreifuss remporte le Grand prix avec « Highway 65 »

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La réalisatrice israélienne a convaincu le jury présidé par Danièle Thompson avec son enquête policière portée par Tali Sharon, une actrice qui déjoue tous les stéréotypes.

Tali Sharon n’était pas dans la salle pour lors de la remise du Grand prix du jury du 4e Festival du film policier de Reims à sa réalisatrice Maya Dreifuss pour son long-métrage Highway 65. L’actrice israélienne, qui avait fait le déplacement pour le festival, a dû rejoindre son pays. Pourtant, sa présence irradie tout le film.

L’inspectrice Daphna, célibataire, sans enfant, déterminée, sûre d’elle-même, ne s’embarrasse pas des codes sociaux. Mutée de Tel Aviv à Afula, petite ville dans le nord du pays, pour avoir divulgué des informations auprès de la presse, elle se retrouve à enquêter seule sur la disparition d’Orly Elimelech, ancienne reine de beauté. Son entourage tente de la dissuader de poursuivre ses investigations en présentant la victime comme une personne lunatique, instable depuis la mort de son époux. Proche de la puissante famille Golan, la disparition d’Orly ne suscite pourtant que de l’indifférence. Mais Daphna est tenace, quitte à se mettre elle-même en danger.

Recherche Orly désespérément

Tout commence par le téléphone portable d’Orly retrouvé dans un champ. Plus Daphna persiste dans son enquête, plus son environnement social et professionnel la renvoie à sa condition de femme. Pourquoi n’a-t-elle pas d’enfant ? Aimerait-elle en avoir ? Pourquoi n’a-t-elle pas un homme dans sa vie ? Depuis le balcon de son appartement qui donne sur une vallée vierge, Daphna semble douter pour ensuite reprendre son combat et se moquer des injonctions sociales. Tali Sharon est habitée par son rôle, à la fois puissante et fragile. Maya Dreifuss a créé un personnage très attachant. Après She is coming home, elle dresse un portrait sans concession d’une société en proie à ses paradoxes.

La réalisatrice israélienne fait évoluer ses personnages dans une sorte de huis clos. Personne n’est heureux mais aucun d’eux n’aimerait bouleverser son quotidien. Les blessures sont cachées et les souffrances tuent. Daphna, à ses risques et périls, refuse cette politique du « pas de vagues » et réclame la vérité, à défaut de justice. Highway 65, un film original, porté par une actrice formidable.

Mohamed Berkani