Reportage. Six mois après l’attaque du Hamas, qui a fait près de 1 200 morts, les télévisions et les réseaux sociaux de l’Etat hébreu sont envahis par les visages des otages encore captifs à Gaza. Mais on n’y voit jamais les victimes palestiniennes du conflit.
Le temps s’est arrêté en Israël. Il s’est figé comme les sourires des otages, sur les affiches qui accueillent les visiteurs à l’aéroport Ben-Gourion. Il est immobile, pareil aux ours en peluche entachés de peinture rouge sur les bancs de la place Dizengoff, au cœur de Tel-Aviv, avec sa fontaine devenue mémorial, recouverte de fleurs, de photos et de bougies. Il est indifférent aux intempéries, tels les clichés sur le mur de la rue Kaplan, où s’affichent tous les visages des personnes enlevées lors de l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, avec parfois cette mention ajoutée ces derniers mois : « Mort », « Libéré ». Dans le coin de chaque poster, on distingue le petit ruban jaune de l’association Bring Them Home Now (« Ramenez-les à la maison maintenant »). Ce ruban du souvenir, on le voit parfois attaché dans les branches d’un arbre, sur un guidon de vélo, au rétroviseur d’un taxi, des larmes dorées dans le paysage. Dans la rue Kaplan, sous les tentes, il y a toujours un ou deux bénévoles, comme ce vieux monsieur retraité, assis sur sa chaise, personnage beckettien qui attend, patiemment, la libération des otages : « Je viens tous les jours depuis mi-octobre. Je ne sais pas encore combien de temps je vais continuer. »
« Nous sommes dans cet état que Freud appelle “Das Unheimliche” », explique la psychanalyste Viviane Chetrit-Vatine, Française qui s’est installée en Israël il y a plus de cinquante ans – « juste après la guerre de Six-Jours [en juin 1967] » – et exerce à Tel-Aviv. La présidente de la Société de Psychanalyse d’Israël utilise le mot allemand, ou le mot anglais « uncanny », plutôt que la traduction française « inquiétante étrangeté ». « “Heim”, c’est le foyer, tout ce qui est familier. “Unheimlich”, c’est quand le familier devient étranger, c’est ce que nous vivons ici en Israël. Notre société était profondément divisée, mais après le 7 octobre [et l’attaque du Hamas dans le sud d’Israël ayant entraîné la mort de près de 1 200 hommes, femmes et enfants et la capture de quelque 250 otages], il y a eu cette forte mobilisation de la société civile, cette solidarité inouïe qui a gommé les dissensions. Aujourd’hui, le trauma est toujours en nous, nous avons repris nos vies, dit-elle. Mais nous voilà à nouveau face à toutes ces contradictions. Face à ce monde “unheimlich”. »
Dans la bulle de Tel-Aviv, les restaurants et cafés sont pleins, les sirènes antiaériennes se font désormais rares. Après six mois de conflit, la guerre est une réalité à la fois omniprésente et abstraite. A la télévision et sur les réseaux sociaux, on évoque en boucle le courage des soldats, les opérations militaires, les tunnels du Hamas, mais il n’y a pas un seul visage de victime palestinienne. Pas un mot sur ce que l’armée israélienne appelle les « dommages collatéraux » : plus de 33 000 morts, dont un tiers d’enfants, dans la bande de Gaza. Ni sur la famine qui menace la majorité des 2,4 millions d’habitants de l’enclave. Une tragédie qui se passe à l’abri des regards, la presse internationale ne pouvant accéder au territoire palestinien. Et on pense à cette parole prêtée à l’ancienne Première ministre israélienne Golda Meir (1969-1974) : « Un jour, nous pourrons peut-être pardonner aux Arabes d’avoir tué nos enfants. Mais nous ne pourrons jamais leur pardonner de nous avoir obligés à tuer leurs enfants. »
Reuven Dar, psychologue à Tel-Aviv, fait partie des rares Israéliens à s’être rendus à Gaza. C’était au début des années 2000, il était venu donner des cours dans une université de l’enclave. « Nous pensions alors que la paix était proche. Et voilà où nous en sommes aujourd’hui. Mon plus jeune fils a 14 ans, mais je me dis qu’un jour lui aussi ira à l’armée, comme moi, comme mon père… » Reuven Dar a fait la guerre du Kippour en 1973, il avait alors 19 ans. « Des milliers de soldats ont péri en deux semaines [environ 2 500 en dix-huit jours, contre 600 en six mois depuis le 7 octobre 2023]. Nous avons cru que c’en était fini d’Israël. »
Cette peur immémoriale d’être effacé de la carte hante le pays. Israël, qui se croyait protégé par sa barrière de sécurité, son armée, sa haute technologie et son Dôme de Fer – le système de défense antiaérienne protégeant des missiles et roquettes –, est encore traumatisé de s’être réveillé si vulnérable en ce matin de shabbat du 7 octobre 2023. « J’ai parlé avec les familles rescapées des kibboutz. Et maintenant, je commence à avoir en consultation des soldats qui souffrent de syndrome post-traumatique. Nous avons tous entendu tant de récits terribles… Je l’avoue, nous n’avons plus de place pour avoir de l’empathie pour l’autre camp », confie le psychologue.
Il y a peu, Reuven Dar est parti aux Etats Unis pour un colloque. Il s’y est parfois senti mal à l’aise, en tant qu’Israélien et juif : « Nous avons l’impression que le monde entier est contre Israël, alors nous nous replions sur nous. » Viviane Chetrit-Vatine explique : « Pendant deux mille ans, nous avons été persécutés. Avoir un pays, cela nous permettait de sortir, enfin, de cette situation de faiblesse. Mais le 7 octobre a réveillé toutes nos angoisses. Partout, les juifs vivent la résurgence de l’antisémitisme. Ce jour-là, c’est toute la communauté juive qui a été kidnappée. Violée. A l’instar de ces femmes suppliciées par le Hamas, ignorées par les mouvements féministes à l’étranger. »
La condamnation internationale de l’attaque du mouvement islamiste palestinien n’y a rien fait : ce reproche d’un « silence », d’un manque de solidarité des autres pays, revient sans cesse en Israël, par exemple dans l’émission satirique « Eretz Nehederet » (« Un pays merveilleux », en hébreu) diffusée sur la chaîne de télévision Keshet 12. En témoigne son récent sketch qui parodie la cérémonie des Oscars avec l’acteur Michael Rapaport, reprochant aux stars hollywoodiennes d’avoir été plus loquaces au moment de la vague #MeToo que face aux abus sexuels commis le 7 octobre 2023. « Eretz Nehederet » bat des records d’audience. Et, dans les rires et les blagues, on perçoit clairement le sentiment d’un pays qui se vit comme persécuté, seul et isolé face à un monde vu comme unanimement hostile.
Le 25 mars, pour la première fois en six mois de conflit, le Conseil de Sécurité de l’ONU a adopté une résolution appelant à « un cessez-le-feu immédiat » – les Etats Unis, qui persistaient jusqu’à présent à mettre leur veto, se sont abstenus ; à la Cour internationale de Justice, l’Afrique du Sud a déposé plainte contre Israël pour « génocide », plainte dont la plus haute juridiction des Nations unies a reconnu la validité, appelant à protéger les Palestiniens contre « un risque réel et imminent ». « Huṣpâ ! » (« quelle honte ! »), jette un vieux monsieur, devant le Musée des Beaux-Arts de Tel-Aviv, sur cet espace désormais rebaptisé « place des otages ».
Rescapé d’un kibboutz attaqué le 7 octobre 2023, il était réfugié ces derniers mois dans la grande cité du bord de mer. Mais il va repartir chez lui dans l’« enveloppe », comme on appelle la région israélienne frontalière de Gaza, avec ses petites communautés aux jardins luxuriants dans le désert. Lui veut bien sûr « éradiquer le Hamas », il habite juste à côté de la barrière de sécurité qui sépare l’enclave palestinienne du territoire de l’Etat hébreu. Son amie, venue de Jérusalem, hésite, gênée : « Cette guerre, elle ne nous apportera que du malheur. »
La « place des otages » à Tel-Aviv ressemble au cœur battant d’Israël. Il y a toujours la grande table vide de shabbat avec les assiettes, les couverts dressés pour les captifs. Et les tentes blanches où l’on se presse, pour se réconforter. Sous l’une, on croise Daniel Elgarat, le frère d’un otage, en grève de la faim pour protester contre les négociations qui s’enlisent. Un jeune juif new-yorkais l’étreint : « Aux Etats-Unis, être juif en ce moment est intenable, tout le monde est propalestinien ! Alors, je voulais venir ici. Je me suis porté volontaire pour travailler à la cueillette dans les champs et j’ai pu aller dans les hôpitaux soutenir les soldats blessés. »
Dans une autre tente, Julie Kupershtein, mère de Bar, otage de 22 ans, raconte le calvaire de l’attente devant un groupe de visiteuses juives venues d’Australie. A la fin de son récit, la traductrice dit : « Maintenant, ce dont Julie aurait besoin, c’est que vous l’embrassiez. » Et toutes les femmes font la queue devant la mère éplorée, l’enlacent et pleurent, en une étrange communion collective. Julie a raconté tant de fois son histoire. Quand ce n’est pas Julie, ce sont d’autres familles qui témoignent, éperdues à l’idée qu’on oublie leurs proches. Et la même scène se rejoue tous les soirs. Sur les quelque 250 personnes enlevées le 7 octobre 2023, 129 sont toujours détenues dans la bande de Gaza, dont 34 présumées mortes, selon les autorités israéliennes.
Parmi les familles des captifs, on trouve des parents de gauche, anti-« Bibi » (surnom du Premier ministre Benyamin Netanyahou), mais aussi des pro-guerre. Comme le rabbin Zvika Mor, qui se balade fréquemment avec un M16 battant sur son flanc. Il est à la tête de Tikva (« Espoir », en hébreu), un collectif de familles qui plaide pour l’intransigeance et refuse toute libération de prisonniers palestiniens en échange des otages. « J’aime mon fils, mais mon pays passe en premier », clame-t-il sur tous les plateaux de télévision. Le collectif Tikva milite avec d’autres associations pour empêcher l’arrivée d’aide humanitaire dans la bande de Gaza, organisant des blocus routiers pour entraver le ravitaillement de l’enclave par camions.
Le rabbin est devenu un des chouchous de la chaîne 14, la télévision privée pro-« Bibi » dont le talk-show « les Patriotes » marche du feu de Dieu. On se gargarise de slogans guerriers, on en vient parfois à insulter certains parents d’otages, accusés de penser davantage à eux-mêmes qu’à leur pays. On peut y entendre des tirades ahurissantes comme celle du journaliste Shay Golden, s’adressant aux Palestiniens : « Vous n’imaginez pas combien d’entre vous nous allons massacrer ! Vous n’aurez jamais vu ça dans toute l’histoire des Arabes. Nous allons vous détruire ! Allez-y, partagez sur vos réseaux ! »
La chaîne 14, c’est un miroir effrayant d’Israël, un visage bien différent de celui, libéral, de Tel-Aviv, de ces manifestants qui s’étaient mobilisés massivement pendant un an contre le gouvernement et sa réforme judiciaire controversée et qui protestent à nouveau dans les rues, de ces laïcs qui supportent de moins en moins l’exemption de service militaire des ultraorthodoxes. Qu’importe. De cette frange électorale là, leurs opposants de toujours, Netanyahou et ses alliés d’extrême droite n’en ont cure. Pour eux, le sort des urnes se décide sur la chaîne 14, avec tous ses excès.
« Cette chaîne, c’est du poison, elle instille la peur et la haine, comme nos dirigeants. Aujourd’hui, nous, les militants pour la paix, n’avons jamais été aussi minoritaires », s’effraie Ishai Menushin, éditeur. Pour avoir refusé de servir pendant la guerre du Liban de 1982, il avait été emprisonné. C’est là, derrière les barreaux, qu’il avait alors fondé l’association Yesh Gvul, destinée aux réfractaires au service militaire. Il dit avoir reçu une trentaine d’appels de jeunes, hésitant face à la mobilisation. Menushin le reconnaît : le mouvement pacifiste est aujourd’hui inaudible. « Toutes les grandes voix qui s’élevaient contre le conflit après la guerre du Liban sont muettes. »
Même constat chez Michal Brody-Bareket, militante pacifiste dont le fils est soldat à Gaza. Elle aussi, comme Menushin, rêve d’une mobilisation de la société civile contre la guerre. Elle tente de lancer un mouvement de mères, prenant modèle sur celui des Four Mothers, très influent pendant la guerre du Liban, qui avait obtenu le retrait de l’armée israélienne en 2000. Toutes les semaines, Michal Brody-Bareket manifeste. Et c’est si triste de la suivre, comme en ce samedi de la fin février où, sous une pluie battante, elle tend une pancarte appelant au cessez-le-feu, la tête contorsionnée : « Excusez-moi, mais mon cou est bloqué depuis des mois. Je suis paralysée, c’est très douloureux. » Michal n’a pas pu parler avec son fils de son engagement ; on devine que c’est délicat pour elle, accusée de ne pas soutenir l’armée. « La dernière fois qu’il est rentré à la maison en permission, j’ai bien vu : sa tête était là-bas. »
On pense à Liel, ce jeune homme croisé au cimetière militaire du mont Herzl, à Jérusalem, qui doit avoir l’âge du fils de Michal. A côté des morts de la guerre d’indépendance de 1948, de celles de Six-Jours, du Kippour et du Liban, on creuse les tombes fraîches des soldats fauchés à Gaza. Là, il y a celle d’Oriya, son ami : « On se connaissait depuis qu’on était gosses, on a toujours été dans la même classe. » Oriya est mort il y a deux mois à Khan Younès, dans le sud de l’enclave palestinienne. Liel a appris son décès alors qu’il était lui aussi en opération à Gaza. Il a dû attendre sa permission pour se recueillir sur la tombe de son ami. Dans deux jours, il retournera là-bas : « Bien sûr qu’on doit continuer cette guerre ! Pour Oriya, et pour tous les autres ! »
Combien faudra-t-il de morts côté israélien et côté palestinien ? Aujourd’hui, selon les sondages, une majorité d’Israéliens sont opposés au cessez-le-feu. Et ils se divisent sur l’objectif de cette guerre : pour une moitié, la priorité est de libérer les otages, tandis que pour l’autre, il faut éradiquer le Hamas. Les rares qui osent évoquer le martyre des Gazaouis sont honnis dans la population, à l’instar de Meir Baruchin, professeur d’histoire au lycée, qui poste tous les jours des visages de victimes de Gaza sur son compte Facebook : « J’ai perdu tellement d’amis avec mes publications. On m’insulte, on me menace de mort. Mes sœurs ne me parlent plus : il faut dire que je viens d’une famille de droite. »
Baruchin a été suspendu pendant plusieurs mois, le ministère de l’Education ayant même révoqué son permis d’enseigner. Il a également été arrêté par la police en novembre : « Menotté aux pieds et aux mains comme un criminel et détenu pendant sept jours ! Pour incitation à la sédition et trahison. » Baruchin a réussi à contester juridiquement la décision du ministère de l’Education. Il est retourné au lycée en janvier. Il a été accueilli par des huées, certains élèves lui crachant dessus. « Il a été décidé que je continue mes cours à distance », explique-t-il, encore meurtri.
Baruchin a servi pendant la guerre du Liban : « J’étais comme ces gosses qu’on envoie aujourd’hui se faire trouer la peau à Gaza. Je voulais défendre mon pays. Et puis, j’ai vu la mort en face. Je me suis demandé ce qu’on foutait là-bas. » Cette obsession l’amène vers des études d’histoire, centrées sur les conflits : « Je me suis plongée dans les archives de la guerre de 1948. L’immense majorité des documents sont encore classés “confidentiel-défense”. Mais ce que j’ai lu m’a fait comprendre qu’on nous avait lavé la tête. Notre récit de l’histoire est dévoyé. Et le pire ? Personne n’interroge ce mensonge originel ! Il n’y a aucun débat sur notre façon d’enseigner l’histoire, exclusivement du point de vue d’Israël. »
Pour Baruchin, la société israélienne est aujourd’hui entre « la névrose et la psychose » : « Notre société est malade de son obsession victimaire, elle souffre d’un syndrome de persécution. C’est à tel point aujourd’hui que nous sommes vraiment dans un état psychologique qu’on peut désigner comme “borderline”. »
« Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l’oreille, on parle de vous », écrivait Frantz Fanon. Penseur et psychiatre, Fanon est celui qui a théorisé le trauma de l’oppression, de la colonisation. Ses « Damnés de La Terre » résonnent avec acuité en 2024, l’horreur et la sauvagerie du 7 octobre 2023 nous rappelant que le « persécuté rêve en permanence de devenir persécuteur ». Dans sa préface aux « Damnés de la Terre », ouvrage paru en 1961, alors que la violence se déchaînait en Algérie, notamment contre les Européens, Jean-Paul Sartre écrivait : « C’est le moment du boomerang, le troisième temps de la violence : elle revient sur nous, elle nous frappe et, pas plus que les autres fois, nous ne comprenons que c’est la nôtre. »
C’est pour avoir, dans un échange WhatsApp avec ses collègues, paraphrasé Sartre et dit qu’Israël avait « vu le regard du colonisé », que Nurit Peled-Elhanan, prix Sakharov du Parlement européen en 2001, professeure à l’université hébraïque de Jérusalem, philologue et traductrice, a été sanctionnée par le David-Yellin Academic College. Soupçonnée d’encourager la haine et le terrorisme, elle a été réprimandée et menacée de suspension, elle dont la fille Smadar est morte en 1997 dans un attentat. Après la polémique, la professeure a préféré démissionner. Consciente qu’il n’y avait guère plus de place pour les discours dissidents.
« Il n’y aura pas de pardon pour ces putains de rats qui sortent des tunnels en criant : “Liberté, Palestine”. » Ce sont les paroles de « Harbu Darbu », l’un des tubes de rap qui fait fureur ces derniers temps en Israël. La guerre s’est invitée partout. Dans « Ain Li Makom » (« Je n’ai pas de place », en hébreu), la jeune chanteuse Alin Golan a invité la femme enceinte d’Alex Lubnov, otage, qui a inscrit sur son ventre rond les mots : « Papa, rentre à la maison », tandis que le rockeur Aviv Geffen chante un duo avec Mia Leimberg, une jeune fille récemment libérée de Gaza.
L’Eurovision, dont la 68e édition doit se tenir début mai en Suède, a été aussi l’occasion d’un petit psychodrame national : « Pluie d’octobre », le titre initialement présenté par la chanteuse Eden Golan, a été retoqué plusieurs fois, considéré comme trop politique par les organisateurs. Le morceau a finalement été réécrit et rebaptisé « Ouragan », avec des allusions qui restent néanmoins limpides au 7 octobre 2023…
Même brouillage entre la réalité et la fiction pour la série à succès « Fauda » (« Chaos », en arabe), diffusée sur Netflix, qui met en scène une unité spéciale de l’armée israélienne opérant clandestinement dans les territoires palestiniens avec des méthodes qu’on qualifiera parfois d’expéditives… Après le 7 octobre 2023, des membres de l’équipe se sont enrôlés dans l’armée, renforçant encore la popularité du programme. Comme Idan Amedi, un des acteurs phares parti se battre, qui a été blessé à Gaza. En janvier, il enregistrait un message pour ses fans à l’hôpital, assurant qu’il allait repartir au front dès qu’il serait remis.
Les scénaristes de « Fauda » ont réécrit toute la saison 5 pour intégrer les événements du 7 octobre 2023. Dans une récente prise de parole, Lior Raz, ancien militaire qui est le créateur et le personnage principal de la série, expliquait : « Nous essayons de donner des visages à l’autre camp, d’avoir de l’empathie. Maintenant, cela va être difficile de faire cela, après avoir vu ce qu’ils ont fait à notre peuple. Je ne crois pas qu’il sera possible de montrer le Hamas comme des humains […]. La suite de “Fauda” sera très différente car nous avons trop de colère en nous. » Unheimlich.