Fragmentée par le choc entre religieux et laïcs, libéraux et conservateurs, Ashkénazes et Séfarades ou partisans et adversaires de la solution des deux États, la société peine à entrevoir son destin commun.
Debout sur la terrasse de sa maison en lisière de Zichron Yaakov, une localité paisible située dans le nord d’Israël, Fania Oz-Salzberger contemple avec un sourire triste les reliefs boisés du mont Carmel. Rentrée la veille de New York, elle souffre d’une rage de dents et ne digère pas la manière dont s’est conclu son séjour. La fille aînée d’Amos Oz devait y assister à l’adaptation théâtrale d’Une paix parfaite, le roman du célèbre écrivain disparu en 2018. Mais en consultant les programmes de Broadway, elle a découvert que la représentation n’aurait finalement pas lieu. La production s’est bornée à lui indiquer que deux membres de la troupe venaient de rendre leur tablier.
Pour Fania Oz-Salzberger, il est clair que l’œuvre de son père a fait les frais d’un boycott lié à la guerre d’Israël dans la bande de Gaza. Un comble, soupire-t-elle, au regard de ce qu’il incarna tout au long de sa vie. Partisan convaincu de la solution des deux États, cofondateur du mouvement La Paix maintenant, Amos Oz était le porte-voix respecté d’un sionisme progressiste et libéral. Depuis le 7 octobre, sa fille observe avec effroi que des pans entiers de l’opinion occidentale se détournent d’Israël, parfois au point de contester sa légitimité même. « Pour la première fois, s’afflige cette historienne de renom, je ressens dans ma chair que notre pays est confronté à une menace existentielle. »
Six mois après le raid meurtrier du Hamas, tandis que la guerre se poursuit dans la bande de Gaza, une atmosphère étrange imprègne la société israélienne. En surface, l’impression d’un retour à la normale est saisissante. Les tirs de roquette en provenance de l’enclave sont devenus exceptionnels. Un grand nombre de réservistes ont été démobilisés. « À Tel-Aviv, les restaurants sont bondés, les transactions immobilières ont repris et le sens de vulnérabilité engendré par les attaques du 7 octobre s’est largement dissipé », observe Tamar Hermann, politologue à l’Institut israélien pour la démocratie. Et pourtant, lorsqu’on tend l’oreille, de nombreux Israéliens se disent en proie à une sensation de vertige. Comme si la tragédie, au-delà de son terrible bilan et malgré l’ampleur des destructions infligées dans l’enclave côtière, avait durablement fissuré les certitudes d’un peuple.
«Retour» en Terre d’Israël
« Savez-vous que les missiles du Hezbollah peuvent atteindre ma maison ? » Fania Oz-Salzberger, qui dit s’être installée à Zichron Yaakov pour y trouver la sérénité, indique d’un geste vague la direction de la frontière libanaise. Cette milice chiite soutenue par l’Iran s’applique pour l’heure à éviter l’embrasement. Mais nul n’ignore qu’elle possède un arsenal capable d’infliger des dommages majeurs à la population comme aux infrastructures. « À la veille du 7 octobre, soupire l’historienne, la plupart d’entre nous se sentaient en sécurité. » Doté de l’arme atomique, sûr de son écrasante supériorité militaire, l’État hébreu croyait tenir en respect les plus coriaces de ses ennemis. Il rêvait aussi de parachever le processus de normalisation régionale amorcé sous le patronage de Donald Trump, en convainquant l’Arabie saoudite de s’y engager à son tour.
« Depuis l’amélioration spectaculaire du niveau de vie et le reflux du terrorisme au milieu des années 2000, observe le politologue Tamar Hermann, la plupart des Israéliens avaient fini par remiser la question palestinienne au dernier rang de leurs préoccupations. » Fania Oz-Salzberger nuance : « Je sentais bien, au fond de moi, qu’on ne pourrait pas vivre éternellement sur les barils de poudre de la Cisjordanie occupée et de la bande de Gaza. Mais à force de contempler le miracle de notre réussite, de notre culture vibrante et de nos start-up si créatives, beaucoup croyaient pouvoir mettre ces problèmes sous le tapis. »
Cette ambivalence ne date pas d’hier. Sur la place principale de Zichron Yaakov, une élégante bâtisse édifiée à l’initiative du baron philanthrope Edmond de Rothschild abrite le « musée de la première aliyah ». Cette vague d’immigration, à laquelle prirent part dès 1882 plusieurs milliers de Juifs chassés de Russie et de Roumanie par une succession de pogroms, inaugura le « retour » en Terre d’Israël dont rêvaient les inventeurs du sionisme. La scénographie du musée rend hommage au courage de ces pionniers, qui butèrent sur l’hostilité des autorités ottomanes et subirent les épidémies de paludisme.
La population arabe indigène n’est mentionnée que de façon incidente. À l’époque, son refus catégorique de voir un État juif s’établir sur les rives de la Méditerranée n’échappa pourtant pas aux dirigeants sionistes. Le fondateur du parti révisionniste, Vladimir Jabotinsky, jugea dès les années 1920 qu’une collision était inévitable. Il appela dès lors à s’organiser pour refouler la population arabe au-delà d’une « muraille de fer ». Mais David Ben Gourion, l’homme fort du Parti travailliste, sut imposer une ligne plus pragmatique. Soucieux de ne pas s’aliéner la puissance mandataire britannique, il affirma vouloir négocier avec la majorité arabe tout en entretenant le flou autour de ses objectifs.
Besoin de changement
Au lendemain du 7 octobre, c’est tout le pays qui s’est vu renvoyer plusieurs décennies en arrière, aux racines d’un conflit qu’il croyait en voie de résorption. Certains distinguent dans les massacres perpétrés par le Hamas une réminiscence de la guerre d’indépendance (1948-1949), durant laquelle le jeune État d’Israël dut défendre son existence contre ses voisins arabes, tandis que la dévastation infligée à la bande de Gaza rappelle la « catastrophe » (Nakba) alors subie par les Palestiniens.
D’autres comparent la situation actuelle à celle qui prévalait avant la signature des accords d’Oslo (1993-1995), quand l’horizon politique semblait intégralement bouché. Le parallèle avec la guerre du Kippour (1973), qui vit l’Égypte attaquer Israël par surprise au matin de cette fête religieuse, flotte également dans les esprits. Malgré la victoire de l’État hébreu, cet affrontement fut suivi d’une crise politique et morale qui se solda par la démission de la première ministre, Golda Meir. Quatre ans plus tard, le Likoud de Menahem Begin accédait au pouvoir pour la première fois depuis l’indépendance. Des négociations avec l’Égypte débouchèrent peu après sur la signature des accords de Camp David.
Aujourd’hui comme jadis, Israël vibre d’un intense besoin de changement. Benyamin Netanyahou, au pouvoir presque sans interruption depuis 2009, est unanimement désigné comme le grand responsable de la crise. En attendant l’heure des comptes, qui viendra une fois la guerre terminée mais ne réglera sans doute pas tous les problèmes, le pays ausculte ses fractures ouvertes dans un climat d’incertitudes. Laïcs ou religieux, de droite comme de gauche, bien des Israéliens voient dans l’effondrement du 7 octobre un révélateur de leurs divisions. En 2015, déjà, le président Reuven Rivlin avait alerté sur la fragmentation du pays en de multiples « tribus » poursuivant des objectifs antagonistes. Mais en dépit de ses mises en garde, leurs chemins ont continué de s’écarter.
Effervescence messianique
« Le Hamas savait pertinemment qu’il s’attaquait à un pays fragilisé par plusieurs mois de semi-guerre civile », grimace l’ancien diplomate Eran Etzion, aujourd’hui patron de start-up. À compter de janvier 2023, cet adversaire résolu de Benyamin Netanyahou fut de toutes les manifestations contre un ensemble de projets de lois controversés visant à modifier l’équilibre des pouvoirs, notamment en restreignant les compétences de la Cour suprême. Cet organe indépendant, qui censure régulièrement des textes votés par la Knesset au motif qu’ils contreviennent aux Lois fondamentales, est la bête noire du Likoud et de ses partenaires religieux.
« En s’y attaquant, dénonce M. Etzion, le gouvernement le plus à droite de notre histoire a voulu saper le caractère libéral d’Israël pour imposer un régime hybride, combinant théocratie et démocratie réservée aux Juifs. » Chaque samedi durant plusieurs mois, ce psychodrame national a précipité des dizaines de milliers d’Israéliens dans les rues de Tel-Aviv, et mis en lumière la confrontation entre deux visions du pays. Des centaines de réservistes sont allés jusqu’à menacer de ne plus servir si la loi venait à être promulguée. « Non content de refuser aux Palestiniens tout espoir d’aboutir à un accord territorial, fulmine Fania Oz-Salzberger, ce gouvernement nous a conduits au seuil du 7 octobre plus faibles et divisés que jamais. »
La rabbine Tirza Kelman, qui se rattache au courant sioniste religieux, ne voit pas les choses de la même manière. Mais cette intellectuelle partage le sentiment qu’Israël, une fois la guerre terminée, ne pourra pas repartir du même pied. « Au-delà de la responsabilité irréductible du Hamas, observe-t-elle, une partie de cette catastrophe tient au fait que nous nous sommes collectivement sentis bien plus forts que nous ne le sommes en réalité. »
L’effervescence messianique qui a accompagné le développement du monde sioniste religieux, après la conquête israélienne de la Cisjordanie (juin 1967), n’est pas sans lien avec ce constat. Près de 500.000 colons se sont installés au cœur du territoire palestinien sur lequel ils revendiquent, à rebours du droit international, un titre de propriété inscrit dans la Bible. « J’ai grandi avec un immense sentiment de gratitude pour le privilège qui nous est donné d’assister à l’accomplissement d’un rêve vieux de 2000 ans, confie Mme Kelman. Mais je suis convaincue que cette chance nous confère aussi des devoirs. »
Les juifs ultraorthodoxes
Depuis une quinzaine d’années, Benyamin Netanyahou a constamment reproché à l’Autorité palestinienne l’enlisement du processus de paix, tout en encourageant la poursuite de la colonisation. Jugeant que « la solution des deux États n’est pas viable en pratique », mais prenant acte du fait que « les Palestiniens ne vont pas non plus s’en aller », Tirza Kelman estime que l’heure est venue de rompre avec les ambiguïtés entretenues à ce sujet pour articuler enfin une position claire, « quelle qu’elle soit ».
« D’une façon plus générale, expose-t-elle, attablée dans un café de Lod, non loin de Tel-Aviv, il me semble nécessaire d’ouvrir une nouvelle étape dans l’histoire du pays. Jusqu’à présent, nous avons choisi de mettre certains problèmes de côté parce qu’on n’y voyait pas de solution pratique ou consensuelle. Cette attitude ne fut pas sans vertu, puisqu’elle nous a permis de construire le pays sans nous enliser dans nos désaccords. Mais après 75 ans d’existence, et au lendemain d’une tragédie sans précédent, il serait bon d’examiner enfin les sujets qui nous opposent pour construire un pays dans lequel chacun puisse se reconnaître. »
La conscription des juifs ultraorthodoxes, qui empoisonne à intervalle régulier la vie politique israélienne, fait partie de ces problèmes réputés insolubles. David Ben Gourion, convaincu que les membres de cette communauté à l’origine peu nombreuse étaient voués à se fondre tôt ou tard dans le creuset national, les avait temporairement exemptés de service militaire. Il était loin de prévoir qu’ils représenteraient un jour 14 % de la population israélienne, et que leur refus de servir dans l’armée deviendrait un sujet de crispation majeur. Jusqu’à présent, l’alliance scellée par les partis qui les représentent avec le Likoud de Benyamin Netanyahou les préservait d’assauts menés essentiellement par l’opposition libérale de gauche et du centre.
Mais depuis le 7 octobre, les sionistes religieux se sont à leur tour mis à réclamer la fin de cette inégalité devant la loi. La moitié environ des 600 soldats israéliens tués, lors des attaques du Hamas ou au cours des opérations dans la bande de Gaza, sont issus de leurs rangs. Le grand rabbin Yitzhak Yossef, chef spirituel de la communauté séfarade, a réagi début mars par une rodomontade. « Si vous nous obligez à entrer dans l’armée, a-t-il prévenu, nous partirons à l’étranger. » La menace, peu crédible, n’en a pas moins ulcéré de très nombreux Israéliens.
Le mouvement de colonisation
Le rabbin Yeoshua Pfeffer, fondateur du journal Tzarich Iyun, juge la position du dignitaire séfarade « très problématique ». Âgé de 48 ans, père de huit enfants, ce religieux éduqué au Royaume-Uni porte une voix singulière au sein du monde ultraorthodoxe. Selon lui, les attaques du 7 octobre constituent un tournant que sa communauté ne peut ignorer. « Notre refus de servir dans l’armée, explique-t-il, s’inscrit dans une stratégie de mise à l’écart qui remonte aux origines de l’État. Alors que celui-ci cherchait à créer un homme nouveau, fort et affichant sa confiance, l’objectif des haredim (littéralement : « les craignant-Dieu ») fut au contraire de protéger leur communauté contre une modernité perçue comme toxique. Mais après cette nouvelle tragédie infligée à notre peuple, nous ne pouvons plus ignorer les invitations pressantes à jouer un rôle au sein de la société israélienne. »
Depuis son bureau aux murs tapissés d’ouvrages religieux qui surplombe le quartier de Romema, à Jérusalem, Yeoshua Pfeffer met cependant en garde. Pour convaincre les dirigeants ultraorthodoxes, à ce stade très rétifs, de s’engager dans un tel processus, il faudra tenir compte de leurs « lignes rouges ». Il ne saurait être question, précise-t-il, que de jeunes haredim soient affectés dans des unités où servent des femmes ou des homosexuels. « D’une façon plus générale, énonce le rabbin, l’heure est venue de nous impliquer dans la redéfinition du contrat social israélien. J’y vois non seulement un devoir, mais aussi une opportunité pour les ultraorthodoxes. »
Daniela Weiss, dans un autre registre, rêve de transformations plus vastes encore. Cette septuagénaire au dynamisme intact, en dépit de la chute récente qui la contraint à porter un plâtre, compte parmi les figures les plus radicales du mouvement de colonisation. Elle reçoit dans sa maison de Kedumim, dans le nord de la Cisjordanie, entre deux réunions pour préparer « le futur peuplement juif de la bande de Gaza ». À brève échéance, Daniela Weiss estime que le massacre du 7 octobre doit ouvrir la voie à l’expulsion rapide des 2,3 millions de Palestiniens qui vivent dans l’enclave. « C’est ce que nous appelons, dit-elle, une réponse sioniste. »
À plus long terme, elle voudrait aussi que l’État d’Israël assume davantage son caractère juif. « Plus le temps passe, justifie-t-elle, et plus le poids démographique des religieux devient important. » De son point de vue, des dirigeants extrémistes comme Bezalel Smotrich ou Itamar Ben Gvir incarnent désormais l’avenir du pays. Il lui importe peu, devine-t-on, que les libéraux de Tel-Aviv ne s’y retrouvent pas. « L’avenir de ces Israéliens laïcs est entre leurs mains, élude-t-elle. Pour peser davantage, ils devront faire plus d’enfants. Autrement dit : s’ils veulent rester sur la terre d’Israël, il leur faudra vivre à la manière des Juifs… »
Palestine et islamisme
Ce genre d’ultimatum n’impressionne guère Fania Oz-Salzberger. L’historienne, fière d’incarner une ligne « modérée », est plus que jamais résolue à tenir tête aux « extrémistes israéliens » comme aux « terroristes du Hamas », ainsi qu’« à tous ceux qui, à travers le monde, les soutiennent en nous présentant comme des colons et sous-entendent que nous devrions retourner en Pologne ». « À ces gens et à notre gouvernement brutal, insiste-t-elle, je réponds que les tenants du camp libéral n’ont aucunement l’intention de quitter ce pays. Nous sommes ici pour nous battre et, je l’espère, pour gagner. »
Après six mois de guerre, tout indique qu’il ne subsiste plus grand-chose de l’union sacrée proclamée le 7 octobre sous le signe du deuil et de la colère. Le sort même des 134 otages encore détenus dans la bande de Gaza semble être devenu un sujet de discorde. Voici plusieurs mois que leurs proches supplient le gouvernement de cesser les combats dans l’espoir d’obtenir leur libération. Une partie non négligeable de la population appelle au contraire à intensifier la pression militaire, convaincue qu’il s’agit de la recette pour faire plier le Hamas. Le soutien inconditionnel aux opérations militaires dans la bande de Gaza, nourri par le traumatisme et entretenu par une rhétorique qui assimile l’ensemble de la population palestinienne au mouvement islamiste, constitue l’unique ciment à même de rassembler la population.
Fin janvier, alors que le ministère de la Santé du Hamas dénombrait 25.000 morts palestiniens dont une majorité de femmes et d’enfants, 88 % des Israéliens interrogés pour le sondage Peace Index jugeaient ce bilan « justifié ». La plupart disent aussi s’opposer au transfert d’aide humanitaire dans l’enclave assiégée. Les chaînes de télévision, qui font encore une large place aux images et témoignages évoquant les massacres du 7 octobre, ne montrent presque rien des dévastations infligées à l’enclave. Les alertes de l’ONU sur le risque de famine sont couramment balayées par des commentateurs prompts à mettre en doute toute parole qui émane de Gaza.
Survie du pays
Dans ce contexte, rares sont les voix israéliennes qui osent alerter sur le coût moral et humain de la guerre en cours. Yehuda Shaul, vétéran du combat contre l’occupation et codirecteur du centre de réflexion Ofek, en fait partie. « Le déclenchement de cette guerre était pleinement justifié, souligne l’activiste, mais il est triste d’observer que la plupart des Israéliens se laissent à présent consumer par la rage, le désir de vengeance et la vieille tentation de déshumaniser les Palestiniens. Ils ne se rendent pas compte que nous autres, Israéliens, devrons assumer collectivement les conséquences de ces abominations. »
Eran Etzion, l’ancien diplomate, s’inquiète également. Il observe avec consternation la diffusion virale de vidéos sur lesquelles des soldats israéliens se délectent de faire exploser des bâtiments ou d’humilier des Palestiniens. « Ce phénomène, dit-il, témoigne d’une permissivité nouvelle dans les rangs de l’armée. Il s’explique possiblement par le nombre croissant d’officiers intermédiaires recrutés dans les colonies. Mais le plus consternant est que de telles dérives ne choquent guère le reste de la population. Tout le monde laisse faire, comme si l’humiliation que nous a infligée le Hamas justifiait qu’on administre une bonne leçon à tous les Palestiniens. »
Hagit Molgan, une artiste engagée dans la lutte contre les discriminations subies par les Juifs originaires d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, estime que son pays marche sur une ligne de crête. Elle se méfie de l’empressement de ses compatriotes à renouer avec une forme de normalité. « Notre peuple, dit-elle, est fier de sa capacité à traverser les pires crises puis à renaître de ses cendres. Mais cette résilience, après le 7 octobre, a quelque chose d’effrayant. »
Convaincue que la société israélienne doit à tout prix se réformer, elle appelle à n’esquiver aucun débat, aucune fracture. Religieux contre laïcs, libéraux contre conservateurs, Ashkénazes et Séfarades ou encore partisans et adversaires de la solution des deux États… Il y va, selon elle, de la survie du pays. « À deux reprises par le passé, sous la dynastie du roi David puis sous celle des Hasmonéens, la désintégration de l’État juif fut précipitée par ses divisions après 75 ans d’existence. » Mais l’artiste, qui s’investit aussi dans des projets visant à construire un dialogue entre Israéliens et Palestiniens, refuse de baisser les bras. « Cette fois, sourit-elle, nous n’avons nulle part où aller. Alors, il faudra bien qu’on réussisse à conjurer cette malédiction de la huitième décennie. »
Par Cyrille Louis
En tant que chrétien amoureux d’Israël et du peuple juif, je suis sidéré par la vision de certains juifs qui ne tiennent aucun compte de l’Histoire et particulièrement de son fondement: la Parole de Dieu! Il y a dans cette article, des éléments d’une naïveté sidérante. Ne comprenez vous donc pas que la terre d’Israël vous a été donnée par Dieu, Hachem si vous préférez, et que nul ne peut la revendiquer. Vous êtes entourés de millions de musulmans qui ont reçu depuis leur enfance le message de la haine du juif. Et vous attendez quoi? Le mensonge en Islam est une arme de guerre autorisée de même que la pire barbarie. Vous raisonnez comme si l’ennemi avait les mêmes références de respect, de bonté, de tolérance que vous. Bien sûr, parmi ces peuples, il y a des démocrates de coeur mais ils jouent le rôle de masque pour l’occident qui ne veut que se laisser abuser. Il s’agit d’une guerre avant tout spirituelle et l’on ne peut pas appartenir à Hachem et au monde!