Lyon : le chemin de fer au coeur du futur mémorial de la Shoah

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Le projet de monument mémorial de la Shoah de Lyon est choisi. Il s’agit de l’œuvre du studio d’architecture parisien de Quentin Blaising et Alicia Borchardt.

L’appel à projet international pour un mémorial de la Shoah à Lyon, a été lancé en janvier 2023, et s’est achevé 31 juillet : 96 dossiers de 25 nationalités ont été reçus.

Le jury de six membres (architectes, architectes des bâtiments de France, universitaires, directrice de musée…) a dû dégager les six finalistes, dont trois étrangers (Italie, Israël, Portugal) qui ont tous été reçus à Lyon pour argumenter leur projet.

« Si le projet n’avait pas été conforme à nos attentes, le conseil d’administration de l’association pour l’édification d’un mémorial de la Shoah à Lyon s’était réservé le droit de le refuser », précisait Jean-Olivier Viout, l’ancien procureur général, qui préside l’association.

Mémorial de la Shoah à Lyon : un projet et une émotion singulière

Le projet choisi par le jury l’a séduit par son authenticité et l’émotion directe qu’il transmet : « nous avons eu des projets avec de grands gestes architecturaux, soulignait Jean-Marie Chanon, ancien bâtonnier et secrétaire général du jury. Mais celui-ci est allé droit au cœur du jury et des associations des fils et filles de déportés.« 

Il s’agit d’une œuvre du studio d’architecture parisien de Quentin Blaising et Alicia Borchardt. Le monument est fondé sur le rapport au chemin de fer de la Déportation. Il sera composé de 1 173 mètres de rails.


« Ils seront disposés de façon à laisser passer la lumière, symbole d’espoir, explique la co-autrice de l’œuvre, Alicia Borchardt. Les 1 173 mètres de rails représentent les 1 173 kilomètres en ligne droite qui séparent l’emplacement du mémorial place Carnot du porche de l’entrée du camp d’Auschwitz en Pologne. »

6 100 juifs de Lyon et de la région morts en déportation

Le monument sera installé sur la place Carnot de Lyon, à 100 mètres de la gare Perrache, d’où partaient les convois de juifs vers le camp de Drancy et vers les camps d’extermination. 6 100 d’entre eux, de Lyon et de la région, sont morts en déportation, dont les enfants d’Izieu.

Le mémorial de la Shoah devra être terminé avant le 26 janvier 2025 qui marquera les 80 ans de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz.

Co-financé par l’ensemble des collectivités locales concernées à hauteur chacune de 150 000 euros environ (Ville, Métropole, Région), le mémorial doit aussi recueillir le concours de la SNCF : « Ce serait pour la compagnie nationale un devoir moral, devait souligner Jean-Olivier Viout. Nous leur demandons de fournir les rails, les traverses et le ballast qui serviront à construire l’œuvre. »

Le projet avait été initié il y a 19 ans à Lyon par Benjamin Orenstein, rescapé d’Auschwitz, décédé en février 2021, et avait reçu le soutien de Gérard Collomb, qui avait débloqué une première enveloppe de 75 000 euros. Claude Blochlui aussi décédé récemment soutenait ce projet.

Les élus actuels et les dépositaires de la mémoire ont continué à défendre ce projet. C’est aujourd’hui Arié Natan, architecte parisien, qui reprend le flambeau au sein de l’association. Sa grand-mère a été déportée dans le dernier convoi ferroviaire parti de Lyon-Perrache, vers le Struthof (Alsace). C’était le 11 août 1944.

Eric Seveyrat