Un médiateur international, besoin vital, par Dov Alfon

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Alors que la trêve entre le Hamas et Israël a volé en éclats vendredi et que les affrontements ont repris, un processus diplomatique d’ampleur est urgent.

Déjà ébranlée par un attentat sanglant revendiqué par le Hamas à Jérusalem, la trêve fragile à Gaza a volé en éclats à 5h47 vendredi matin, avec les premières roquettes tirées vers Israël. Toute la nuit, les négociateurs égyptiens et qataris avaient essayé d’obtenir du Hamas, comme chaque soir depuis plus d’une semaine, la liste des otages israéliens qui seraient libérés le lendemain, cette fois en vain. Sont-ils − et surtout sont-elles, comme l’accord prévoyait en premier lieu la libération des femmes et enfants − encore vivants ? Ces derniers jours, les témoignages des otages libérés faisaient état de mauvais traitements, voir d’actes de torture sur des enfants, et les Israéliens sont maintenant persuadés que l’organisation terroriste préférait de toute façon mettre fin à la libération des suivants. Tandis que l’ONU a − tardivement − annoncé l’ouverture d’une enquête sur les féminicides et les viols de masse commis par le Hamas le 7 octobre, l’opinion publique israélienne est de toute façon chauffée à blanc, comme l’espérait l’organisateur des massacres, Yahya Sinwar.

Situation inextricable

Deux heures après les premiers tirs de roquettes à partir de Gaza, Tsahal répliquait par un tapis de bombardements massifs et annonçait son intention de reprendre ses opérations terrestres, ne laissant que peu de chances aux efforts qataris de sauver l’accord. En fin de journée, l’armée israélienne assurait avoir frappé «plus de 200 cibles terroristes» dans la bande de Gaza depuis la fin de la trêve tandis que le ministère de la Santé du Hamas annonçait plus de 100 morts en quelques heures.

Dans cette situation inextricable, un médiateur international est un besoin vital. Les deux parties ont préféré les Etats-Unis, le Qatar, voire l’Egypte à la France, et notre grande enquête sur l’invisibilité de la diplomatie française dans le conflit explique pourquoi, sur la base de dizaines d’entretiens révélateurs. Du consulat fantôme de 1962 à la coalition internationale fantasmée de 2023, ces échecs successifs pourraient faire sourire s’ils ne formaient pas une toile de fond à une des plus grandes tragédies de notre époque.

Dov Alfon