Matthew Perry, Chandler Bing dans la série « Friends », est mort à l’âge de 54 ans

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Matthew Perry, l’interprète de Chandler Bing dans la série « Friends » a été retrouvé mort à son domicile californien samedi 28 octobre à l’âge de 54 ans.

Ne jamais se fier à un sourire. Celui de Matthew Perry aura été trompeur plus d’une fois. À l’écran, son humour était sa meilleure arme pour donner vie à Chandler Bing. Un personnage dont le simple nom de famille sonnait comme une invitation à la vanne. Mais dans la vie, ses blagues n’ont rien pu faire contre ses maux. « Je devrais être mort », écrivait l’acteur américano-canadien dans son autobiographie parue l’an dernier. Un témoignage d’une puissance rare sur les addictions, aussi grave qu’optimiste. Quasiment un an jour pour jour après la sortie du livre, la star de Friends a été retrouvée sans vie à son domicile californien samedi 28 octobre à l’âge de 54 ans.

Avec le trait d’esprit qui caractérisait aussi le personnage qui l’a rendu célèbre, Matthew Perry parlait de ses mémoires comme d’un « message de l’au-delà, son au-delà ». Son titre ? Friends, Loves and the Big Terrible Thing (« Amis, amants et la grande chose terrible »). Un surnom donné aux addictions qui ont rongé son quotidien. De l’alcool à la drogue, en passant par les médicaments. Lisa Kudrow parle de « maladie » dans la préface de l’ouvrage. L’interprète de Phoebe Bouffay dans Friends explique que la question qu’on lui a le plus souvent posée dans sa carrière ne la concernait pas mais cherchait à savoir « comment allait » son ami. Elle confesse ne pas avoir eu de réponse pendant longtemps.

A l’écran, personne ne savait quel était précisément le métier de Chandler Bing. Dans la vie, personne n’a longtemps su ce combat que Matthew Perry préférait mener « en secret ». Lors de la promotion de son livre, il explique prendre enfin la parole pour pouvoir venir en aide à d’autres. Ce n’est pas un hasard s’il dédie ses écrits à « tous ceux qui souffrent »« Vous savez qui vous êtes », note-t-il. Le mot « douleur » est d’ailleurs l’un des plus utilisés au fil des pages qui ne cachent rien de ce qui se tramait en coulisses. Les chiffres sont encore plus parlants pour prendre la mesure de son mal.

« Quand vous êtes accro à la drogue, ce n’est que des maths », fait-il remarquer au New York Times. A 14 ans, celui qui est alors l’un des espoirs du tennis canadien boit sa première bouteille de vin. A 53 ans, il estime à 9 millions de dollars la somme dépensée en cures de désintoxication. Il en fera au total près d’une quinzaine, dont une entamée dans les minutes qui ont suivi le tournage du mariage de Chandler et Monica à la fin de la saison 7 de Friends.

55 comprimés de Vicodin et un litre de vodka par jour

Certains jours, Matthew Perry avale jusqu’à 55 comprimés de Vicodin, un opiacé plus puissant que la codéine qu’il prend la première fois en 1997 après un accident de jet ski. Quand il boit de la vodka, c’est un litre quotidien ou rien. Il consomme aussi de la cocaïne, de la méthadone, du Xanax et de l’OxyContin. Mais jamais d’héroïne, le seul interdit qu’il s’impose au royaume des drogues. « On peut suivre la trajectoire de ma dépendance en mesurant mon poids d’une saison à l’autre », écrit-il à propos de Friends. En dix ans, il est passé de 58 à 102 kilos. « Quand j’ai pris du poids, c’est l’alcool. Quand je suis maigre, ce sont les pilules. Quand j’ai un bouc, c’est beaucoup de pilules », détaille-t-il. La seule saison qu’il jouera sobre – la 9 – lui vaudra une nomination aux Emmy Awards. Il confessera des années plus tard avoir oublié trois saisons entières.

Matthew Perry a appris à se jouer des docteurs, en consultant huit à la fois pour obtenir les prescriptions nécessaires. Son corps est mis à rudes épreuves au fil des ans, comme en 2000 où il est traité pour une pancréatite. Il se souvient du jour où il s’est présenté chez le dentiste avec ses incisives dans la poche de son jean. « Oui, elles sont toutes tombées » en mordant dans une tartine de beurre de cacahuètes. « Je crois que les lecteurs seront surpris d’apprendre à quel point ça a été difficile certaines fois et à quel point je suis passé près de la mort », assure-t-il à People à propos de son autobiographie. En 2019, il est victime d’une perforation du côlon causée par une surconsommation d’opiacés. Il passera cinq mois à l’hôpital, dont deux semaines dans le coma branché « à une machine appelée Ecmo qui respire pour votre cœur et vos poumons ». Pendant neuf mois, il est contraint d’utiliser un sac de colostomie. Sur son ventre, 14 cicatrices qui témoignent de ses soucis de santé et sonnent « comme un rappel à rester sobre ».

Le jour où son coeur s’est arrêté pendant cinq minutes

L’année suivante, son cœur s’arrête pendant cinq minutes alors qu’il est pris en charge dans un centre en Suisse pour se soigner. La faute à une injection médicale de propofol. « On m’a dit qu’un Suisse costaud ne voulait vraiment pas que le mec de Friends meurt sur sa table et il m’a fait un massage cardiaque pendant tout ce temps. Si je n’avais pas été dans Friends, aurait-il arrêté au bout de trois minutes ? Friends a-t-il encore sauvé ma vie ? », s’interroge-t-il. Une vie sauvée mais huit côtes cassées pour l’acteur, forcé de décliner l’apparition qu’il devait faire dans la fresque écolo-catastrophe de Netflix Don’t Look Up. 

« J’ai connu l’enfer », résumait Matthew Perry dans la conclusion de son livre. « Je me suis battu dur. Mais à la fin, admettre la défaite était une victoire. L’addiction, cette grande chose terrible, est bien trop puissante pour pouvoir être vaincue seule. Mais ensemble, au jour le jour, nous pouvons la mettre à terre », insistait-il. Fils de parents divorcés – d’une journaliste devenue attachée de presse du Premier ministre canadien Pierre Trudeau et d’un acteur -, il a traversé chaque tempête entouré de sa famille. Ses demi-sœurs Emily, Maria et Madeline étaient à ses côtés lors de son hospitalisation il y a quatre ans. Il avait lui-même transformé sa villa de Malibu en centre de désintoxication pour les hommes souffrant d’addictions. Mais l’établissement avait rapidement fermé ses portes faute de financements.

« Friends » est pourmoi un souvenir avec les enfans, et tous leurs copains, toute leur adolescence où l’on se retrouvait au sous-sol pour ne jamais rater un seul épisode. RIP Matthew Perry.

Delphine De Freitas