De quoi le Hamas est-il le nom ? Par Frédéric Encel

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Aucune excuse ne peut être trouvée à l’organisation terroriste. Tout ce qu’elle représente est accablant.

L’ennemi du processus de paix

Le Hamas fut dès ses débuts violemment hostile au processus d’Oslo. De 1993 à 1996, le gouvernement israélien était de gauche – avec à sa tête le tandem Rabin-Peres –, soutenu par les partis arabes à la Knesset, et négociait avec l’Autorité palestinienne de Yasser Arafat, créée dans la foulée des accords du 13 septembre 1993.

Non seulement le Hamas rejeta le processus de paix, mais il s’ingénia à le détruire en perpétrant – déjà – des massacres de civils, via des attentats dans les quartiers juifs de Tel Aviv et Jérusalem-Ouest. Résultat : le 29 mai 1996, une majorité d’Israéliens, exaspérés et traumatisés par ces carnages, élit le nationaliste Netanyahou face au travailliste Peres.

Le péril mortel de l’Autorité palestinienne et des régimes arabes modérés

En juin 2007, alors que Tsahal et les 20 implantations de la bande de Gaza avaient été évacuées deux ans auparavant par le gouvernement Sharon, le Hamas exécute un putsch sanglant contre… l’Autorité palestinienne légale et légitime du président Mahmoud Abbas. Branche palestinienne radicale de la confrérie fanatique des Ikhwan, les Frères musulmans, fondée en Egypte en 1928, le Hamas effraie aussi les régimes arabes modérés. Ce sont bien les Frères musulmans ou leurs complices et affidés qui abattent le Prix Nobel de la paix Anouar el Sadate en 1981, ainsi que des Premiers ministres, ministres, députés, intellectuels et citoyens dans l’ensemble du monde arabe, y compris au Maroc dans les années 2010.

L’antisémitisme incandescent

Comme tous les islamismes, celui du Hamas est violemment antisémite ; dans la charte constitutive de sa création, les juifs (et non seulement les Israéliens) sont qualifiés de « singes et de porcs » et le judaïsme (et non seulement le sionisme) de « religion frelatée ». Les prêches de feu le cheikh Yassine et ceux des autres leaders religieux du Hamas reprennent ad nauseam des poncifs antisémites, et, lors du pogrom du 7 octobre, un assassin du Hamas annonçait triomphalement à ses parents avoir « tué dix juifs », et non dix Israéliens…

Du reste, aucun missile du Hamas n’a frappé de quartiers ou villages arabes israéliens. En cela, le Hamas s’inscrit dans la logique de Daesh, Al-Qaeda et des autres organismes terroristes à travers le monde, mais aussi des Frères musulmans dits « modérés » en Occident, qui ne le sont que tactiquement, via la takiyya (dissimulation), par manque de rapport de force favorable. On notera au passage l’incurie ou le cynisme de plusieurs gouvernements israéliens ayant joué l’affaiblissement de l’Autorité palestinienne, croyant sans doute que le Hamas se contenterait de « gérer » la guerre de basse intensité, ainsi que ses juteuses affaires dans la bande de Gaza. Il ne fait aucun doute que Benyamin Netanyahou, notamment, aura à en répondre devant une commission d’enquête.

Obscurantisme et répression

Le Hamas n’est pas seulement antisémite, il exècre les chrétiens (« croisés »), les « kouffar » (mécréants), les « déviants » (homosexuels), les femmes « infidèles », ainsi que la République française, la franc-maçonnerie et les clubs caritatifs (Lions club et Rotary nommément désignés !). Misogyne et phallocrate, homophobe, raciste, il rejette les arts, les philosophies, les sciences et, naturellement, la laïcité et l’agnosticisme, imposant à Gaza et prônant ailleurs un totalitarisme islamiste inspiré d’exégètes extrémistes tels qu’Ibn Hanbal et Ibn Taymiyya. Comme la plupart des groupes fanatiques, il a occupé le terrain social là où l’OLP, puis l’Autorité palestinienne, apparaissaient comme corrompus et indifférents. Le Hamas l’est tout autant – mais s’en plaindre, c’est s’exposer à une répression féroce. Sans compter son usage cynique des écoles et hôpitaux palestiniens, sous lesquels il dissimule ses QG militaires…

Les idiots utiles

Enfin, le pogrom du 7 octobre commis sur plus de 1 300 civils est un révélateur ultime – ici de la lâcheté (« pas de vagues ! »), là de la complaisance (« oui, mais le contexte… »), ailleurs de l’incompétence, chez ceux qui minimisent ou relativisent sa barbarie. Pis : on retrouve ici racisme et antisémitisme. Essentialiser (en les infantilisant à outrance dans une assignation identitaire) les musulmans à la façon des nouveaux prolétaires ontologiquement victimes et à des fins clientélistes, est raciste. Et l’antisionisme – soit le rejet du droit pour des juifs à se représenter comme un peuple et de celui, onusien, afférent à la souveraineté – est bien une forme d’antisémitisme.

Frederic Encel