A Angers, des néofascistes priés de faire leurs cartons

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La faune radicale angevine va devoir trouver un autre point de rendez-vous : fermé par la mairie début juillet, leur local historique est désormais mis en vente par son propriétaire. Travaux à prévoir.

Les fachos d’Angers font grise mine. Le propriétaire du 31, rue du Cornet a décidé de mettre en vente leur local préféré. Le lieu abritait jusqu’à il y a peu l’association d’extrême droite Alvarium («ruche» en latin), rebaptisée pour la forme en RED, pour Rassemblement des étudiants de droite, après sa dissolution pour racisme et violences en novembre 2021. Elle continuait jusqu’alors d’y tenir des réunions alcoolisées et conférences pour adorateurs de la France éternelle. L’endroit a été fermé le 5 juillet par la mairie d’Angers, qui a pondu un arrêté pour raisons de «sécurité publique» et forcé ses occupants à dégager. La ville a d’autres arguments : installation électrique non conforme, absence d’attestation de contrôle de l’installation de gaz, etc. Trop pour le proprio, Axel Levavasseur, riche pépiniériste angevin de 37 ans, passionné d’ufologie et de Raël, qui compte parmi ses amis Jean-Marie Le Pen, Alain Soral, ou Amaury de Bourbon Parme, le descendant des Capétiens candidat aux dernières législatives pour Reconquête !, le parti de Zemmour.

Le zig se débarrasse donc de sa ruche, trop lourde à porter et, dans la foulée, dissout son association annexe, au 33 de la même rue, que le plaisantin avait nommé «Les butineurs de l’Anjou», sans doute en vue d’ouvrir une exploitation apicole. L’annonce du bâtiment est encore en «off market», comme on dit, mais nous nous sommes procuré sa fiche, ainsi que des photos de l’intérieur, auprès de l’agence mandatée par Levavasseur. Il en coûtera 165 200 euros, frais inclus, à l’heureux acheteur des 56,7 mètres carrés, mais l’agence précise que «le prix est négociable». Levavasseur avait acheté le bien en 2019 pour 76 500 euros. Entre-temps : l’inflation ?

«Jésus était plus cool que vous»

Quelques travaux sont pourtant à prévoir : la douche est recouverte d’une épaisse couche de crasse. Mais il y a des rangements, dans lesquels subsistent encore quelques chemises à carreaux bien repassées. La déco, quant à elle, laisse à désirer, sauf à apprécier les symboles glauques. La cave déborde d’autocollants du genre : Casa Pound, Ouest Casual… Point positif : les graffitis qui coloraient la façade, «Jésus était plus cool que vous» ou le plus direct «un FAF, une balle», ont été effacés. L’agence promet que la porte d’entrée, pour l’instant défoncée, va être changée. Dans sa fiche, elle s’est permis cette fantaisie : qualifier la rue du Cornet de «calme». Fin juin et début juillet, de violents affrontements y avaient éclaté entre militants nationalistes et opposants, en marge des émeutes urbaines après la mort du jeune Nahel, précipitant la fermeture du local. Depuis, la rumeur dit que les militants du RED auraient trouvé refuge dans un bar situé à 350 mètres. Les FAF, c’est comme les abeilles, ça se déplace en essaim et jamais très loin.

par Eric Landal