Pessimisme et Optimisme, par le Rabbin Moshe Pitchon

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Rabin Moshe Pitchon
Deux personnes sont plongées dans une conversation. L’un est pessimiste, l’autre-un juif- est optimiste. Le pessimiste gémit : « La vie ne peut pas être pire ! » Le juif optimiste regarde le pessimiste dans les yeux, sourit et dit : « Bien sûr que si ! »

L’expérience enseigne que nous ne savons pas ce que nous avons jusqu’à ce que cela disparaisse. Derrière les plaintes, l’insatisfaction, les troubles et les inquiétudes se cache l’intuition qu’il existe une «bonne raison» à notre existence.

Le pessimisme naît du fait qu’il n’est pas facile de faire la distinction entre ce qu’on nous a donné et ce que nous faisons avec ce qu’on nous a donné, entre nos désirs et nos vulnérabilités.

La Torah, dont la fonction est de clarifier nos vies, déclare : « J’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. » Et ensuite, elle dit: « Choisis la vie »

Le « choix » fait référence à la partie de la vie qui nous appartient, la partie que nous construisons à partir de ce qui nous a été donné à la naissance.

L’un des premiers mots de la Torah, répété à maintes reprises, est que tout ce qui existe dans le monde et qui est « capable de réponse » sur ce qui lui appartient, est bon.

Après chaque série de coups de shofar pendant le service matinal de Roch Hachana à la synagogue, la prière « Ha-Yom harat ha-olam » est récitée. La traduction exacte du nom de cette prière est « En ce jour, le monde est devenu enceinte ». Les Juifs considèrent le Nouvel An comme l’anniversaire de la gestation du monde.

L’association de la nouvelle année avec le commencement du monde entraîne une bénédiction, un souhait que les juifs s’adressent les uns aux autres à Roch ha-Shanah :

« Shanah Tovah », une « Bonne année »

Que cette année ne soit pas une « année heureuse », mais une « bonne année », une année où nous saurons gérer ce qui nous a été donné, dans le but qui nous a été donné. Dans le judaïsme, les mots « Shanah » (année) et « Tova » (bonne) doivent être prononcés ensemble.

La capacité de la vie à s’accomplir, à répondre à la demande imposée par la raison d’être créée, est ce qui constitue la bonté de la vie. La vie est sans aucun doute une affaire dangereuse, pleine de moments critiques.

Affirmer la bonté de la vie, la capacité d’assumer la responsabilité de ce qui nous appartient et de dévaloriser ce qui appartient au monde, ne cache ni ne nie les difficultés réelles et douloureuses de la vie. Ce qu’elle dit, c’est qu’il ne faut pas laisser les difficultés noyer nos vies dans un désespoir pessimiste.

La force du message juif est qu’une bonne vie, une vie qui développe la capacité de réaction, est une vie qui s’efforce constamment d’accroître la connaissance de soi, de ses semblables et de l’univers.

La structure d’une bonne vie repose sur des fondations bâties sur la sagesse passée et présente.

Et quelle est cette sagesse ? C’est la sagesse qui permet d’établir des relations durables, et mutuellement gratifiantes avec ceux que nous aimons, ainsi que la satisfaction que nous tirons en sachant que nous sommes engagés dans un travail qui nous aide, ainsi que les autres, à avoir une vie meilleure.

Ainsi, une bonne vie est une vie dans laquelle nous expérimentons non seulement la beauté de la Création, d’un arbre, du ciel, d’une chanson, mais aussi une vie dans laquelle nous donnons nos pensées, nos sentiments et notre temps ; où nous nous donnons à nos enfants, à une femme ou à un mari, à un ami, à un voisin.

Une bonne vie se concentre sur ce qu’il nous appartient de comprendre et de donner, et non sur une vie qui se plaint des pièces défectueuses avec lesquelles elle a été fabriquée.

Une bonne vie ne se préoccupe pas de nos vulnérabilités, mais de notre capacité à réagir, à étendre notre impact et notre sens dans le monde au-delà de notre vie

C’est ça ce que signifie « choisir la vie ».

Shanah Tovah!

Par Rabbin Moshé Pitchon

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