Lili Keller Rosenberg, rescapée de la Shoah, inaugure une école de Wasquehal à son nom

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Lili Leignel, née Keller Rosenberg, a donné son nom à une école de Wasquehal, ce vendredi 2 juin. L’occasion pour cette native de Croix, déportée à l’âge de 11 ans, de poursuivre son inlassable témoignage sur la barbarie nazi auprès des « futurs messagers ».

C’est une plaque chargée d’histoire. Celle apposée sur les murs d’une école de Wasquehal, au nom de Lili Keller Rosenberg, déportée dans les camps nazis à l’âge de 11 ans. Elle a été dévoilée ce vendredi 2 juin en présence de l’intéressée, âgée de 91 ans, entourée d’enfants et d’une poignée d’élus.

« C’est l’un des plus beaux jours de ma vie », a lancé au micro, dans la cour de l’établissement, la rescapée de la Shoah, qui a vécu une partie de sa jeunesse à Roubaix. Si ce n’est pas la première fois qu’elle donne son nom à une école – un collège d’Halluin le porte déjà – elle s’est réjouie de pouvoir une nouvelle fois laisser une trace de son histoire. « Ca leur sert de devoir de mémoire », a-t-elle rappelé.

Une chanson pour Lili Leignel

Dans son discours, l’infatigable témoin de cette page noire du passé a rappelé, avec force et sans relâche, les leçons à retenir de cette époque. « C’est la haine qui apporte la guerre partout, a-t-elle affirmé. Il faut qu’il y ait de la tolérance, que l’on s’accepte avec nos différences ». Tout en continuant de se demander : « ces monstres étaient pourtant des hommes, comment ont-ils pu commettre cela ? »

A la fin du discours, les enfants ont dédié une chanson à la conférencière. « Quand le monde ne tourne pas rond, quand nos mémoires sont en sommeil, qui nous ramène à la raison ? C’est Lili Leignel », ont-ils entonné en choeur. Face à eux, le visage heureux de la survivante du camp de Ravensbrück.

Une volonté des enfants

Cette inauguration est le fruit d’une belle histoire, dont les écoliers sont à l’initiative. En octobre dernier, les classes de CM1 et CM2 accueillent Lili Leignel – née Keller Rosenberg – pour une conférence sur son histoire, celle de sa déportation et de l’enfer concentrationnaire. « Les élèves étaient tellement touchés qu’ils ont voulu que l’école porte son nom », raconte Séverine Gandon, leur maîtresse.

Jusqu’ici, l’établissement n’avait pas de nom. On l’appelait pas l’intitulé de sa rue, Turgot, ou bien du quartier. Mais pas d’identité propre. Alors les enfants ont saisi l’occasion. Ils ont exprimé leur souhait par courrier au maire de la commune, Stéphanie Ducret, qui soumet ensuite la demande au conseil municipal. Une fois validée, l’édile et quelques élus locaux sont venus annoncer directement la nouvelle aux élèves, en décembre dernier.

Avec cette nouvelle plaque à son nom, Lili Keller poursuit son travail de mémoire. Mais la nonagénaire ne compte pas s’arrêter là. « Un jour, un petit collégien m’a demandé : jusqu’à quel âge avez-vous l’intention de témoigner de la sorte ? » Je lui ai répondu : au moins jusqu’à 100 ans. » Après quoi, elle comptera sur ses « futurs messagers » pour transmettre son témoignage.

Écrit par Baptiste Mezerette