Le musée Dreyfus propose des stages de citoyenneté à des jeunes racistes

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Pour la première fois en France, des jeunes délinquants condamnés pour racisme, vont avoir des stages de citoyenneté au sein de la Maison Zola-Musée Dreyfus à Médan (Yvelines).

Des formations pédagogiques à la journée pour les 13-18 ans. La maison Zola-musée Dreyfus, située à Médan dans les Yvelines, s’est engagée ce jeudi à proposer des stages de citoyenneté à des mineurs, auteurs d’infractions à caractère raciste, antisémite, homophobe ou sexiste.

Ces stages consisteront en une visite du musée et des ateliers pédagogiques. Ils se dérouleront « soit dans le cadre de mesures alternatives aux poursuites, soit dans le cadre de condamnations », a expliqué à l’AFP Philippe Toccanier, procureur adjoint auprès du tribunal judiciaire de Versailles. L’institution a signé une convention avec le parquet de Versailles et la Délégation Interministérielle à la Lutte Contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Haine anti-LGBT (Dilcrah) pour accueillir ces formations pédagogiques d’une journée, qui débuteront après l’été.

Des mesures alternatives encouragées

Sur les 3.500 mineurs pouvant faire l’objet de poursuites par le parquet de Versailles, 2.500 font l’objet de mesures alternatives et 1.000 comparaissent devant un juge des enfants, a précisé Philippe Toccanier. « Quel que soit le stade procédural, on souhaite que le parquet, les juges ou le juge de l’application des peines, puissent prononcer ce type de sanction », a détaillé Philippe Toccanier.

Le parquet espère que cinq à six sessions, comprenant de huit à dix jeunes, aient lieu chaque année à la maison Zola, qui abrite l’ancienne résidence secondaire de l’écrivain ainsi qu’un musée retraçant l’affaire Dreyfus, du nom du capitaine de l’armée française accusé à tort de trahison à la fin du XIXe siècle sur fond d’antisémitisme et qui fut défendu par l’auteur de Germinal.

Développer l’esprit critique

« Ce dispositif peut être un support éducatif pour accompagner les mineurs dans le développement de leur esprit critique, de leur libre arbitre et leur réflexion par rapport à leur propos ou leurs actes pour en comprendre les conséquences », a décrit Bathilde Groh, directrice territoriale de la protection judiciaire de la jeunesse des Yvelines.

Des stages de citoyenneté sont proposés dans d’autres lieux en France, dont le mémorial de la Shoah à Paris et le Camp des Milles à Aix-en-Provence. Pour l’historien Philippe Oriol, qui dirige la maison Zola-musée Dreyfus, ces « parcours pédagogiques » font partie intégrante de la mission de son institution. « Nous sommes un musée citoyen, clairement engagé, voire dreyfusard, qui a pour but d’expliquer un certain nombre de fondamentaux qu’on a intérêt à comprendre aujourd’hui » afin de mieux lutter contre les clichés et les préjugés racistes et antisémites, a-t-il défendu.