Le Vaudreuil : deux femmes désignées Justes parmi les Nations

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Honorées pour avoir sauvé des enfants juifs pendant la guerre, Marie Constantin et Jeanne Kreutzer auront leur nom sur le mur d’honneur du Jardin des Justes, à Jérusalem.

L’émotion était vive ce dimanche 28 mai 2023 au Vaudreuil (Eure) parmi les participants à ce grand moment d’histoire pour rappeler le courage de Français ordinaires qui ont caché des juifs durant la Seconde guerre mondiale face à la politique d’extermination nazie.

La cérémonie voulue par Bernard Leroy (UDI), maire du Vaudreuil, et le Comité français pour YAD Vashem a permis tout d’abord de rappeler un moment particulier de l’occupation nazie. Le but de l’événement était surtout d’honorer à titre posthume deux Justes parmi les Nations : Sœur Jeanne et Maria Désirée Constantin. La cérémonie s’est déroulée en présence de Nicolas Lebas, sous-préfet des Andelys, de François-Xavier Priollaud (MoDem), vice-président de la région Normandie et maire de Louviers venu en famille, du Rabin de Rouen, d’Anne Valentin, directrice de l’école Saint-Henri du Vaudreuil, hôte de l’événement, et de Claude Cornu, de la Société d’Études Diverses (SED) de Louviers.

Courage et bravoure

Ce moment d’histoire a été bouleversant. Les mots des intervenants ont souligné avec force le courage et la bravoure de Français qui ont protégé des Juifs au Vaudreuil (communes de Saint-Cyr du Vaudreuil et Notre-Dame du Vaudreuil à l’époque), ceci avec le risque de se faire arrêter par l’occupant et de subir la violence extrême du régime nazi. Ces deux femmes du Vaudreuil, Sœur Jeanne et Maria Désirée Constantin, ont fait parler leur conscience et leurs valeurs pour protéger trois personnes juives. Dans leurs décisions, elles considéraient leurs vies comme secondaire.

« Des valeurs de fraternité et de générosité »

La cérémonie présidée par Sylviane Saül, déléguée du Comité Français pour Yad Vashem, et par Bernard Leroy, et organisée dans l’école Saint-Henri de Sœur Jeanne, a débuté sur une vibrante chanson de Jean Ferrat Nuit et brouillard sur les déportés juifs, tziganes…, odieuse page de notre histoire. Sylviane Saül a eu des mots forts : « À l’heure où des haines irrationnelles surgissent, où complotisme et négationnisme apparaissent comme des autorisations de tuer, où diverses revendications identitaires fracturent nos sociétés, puisse le message des Justes parmi les Nations nous guider pour que nous gardions le sens de notre commun humain, des valeurs de fraternité et de générosité. »

L’émotion a accompagné Bernard Leroy tout au long de son discours empreint d’une grande solennité. « Notre admiration est sans limite pour ces deux femmes, humbles et discrètes qui ont pris de grands risques et fait de leur vie un bouclier pour protéger Michel, Denise et Mireille. Je n’ai pas connu Marie Constantin, mais j’ai bien connu Sœur Jeanne qui rayonnait de bonté dans cette école. C’était une belle âme rieuse, généreuse, aimante dont tout le monde se souvient au Vaudreuil. Notre reconnaissance est éternelle à tous les humbles et les courageux de la Terre. »

« Je remercie la famille Leblanc, ma deuxième famille »

Le responsable de la communauté juive de Rouen a rappelé que « certains ont choisi la charité chrétienne. Il y a eu les ténèbres et la lumière est apparue ». Michel Frusth était âgé de 4 ans à l’époque. Il a été caché et protégé par Marie Constantin, échappant ainsi à une possible déportation : « Il y a quelqu’un qui m’aimait, les épiciers nous ont aidés, je vivais dans une maison chaleureuse. Je remercie la famille Leblanc, ma deuxième famille. »

La cérémonie s’est conclue par la remise des médailles de l’État d’Israël aux deux familles de ces Justes des Nations et le dévoilement d’une plaque commémorative apposée sur le mur de l’école Saint-Henri.

Plus jamais ça ?

Inlassablement nous nous répétons depuis 1945  « plus jamais ça, cette barbarie, ces guerres entre voisins « . Hélas, à un peu plus de deux heures d’avion de Paris, l’histoire bégaye et répète ses spasmes de violences et d’inhumanité. Nous pensions en avoir terminé. À la fin de cette émouvante cérémonie, trois enfants de l’école Saint Henri ont entretenu par des poèmes le besoin de continuer à espérer, à croire en la paix, aux respects de ses voisins et des autres…

Par Rédaction Louviers

Source actu