Julien Bahloul : Le voyage d’Ersilia Soudais en Israël est une insulte aux Israéliens

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L’ancien journaliste Julien Bahloul critique le voyage de la députée LFI Ersilia Soudais en Israël au mois de juin, dans le cadre de sa mission d’informations auprès de la commission des Affaires étrangères. Il dénonce une forme d’hypocrisie après des déclarations de l’élue qu’il juge inacceptables.

Le mois prochain, à la mi-juin, la députée LFI Ersilia Soudais prévoit de se rendre en Israël dans le cadre de sa mission d’informations auprès de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale. L’annonce de sa participation à ce déplacement a été rendue publique il y a quelques jours. Comment réagiriez-vous si une femme qui méthodiquement insulte votre famille et salit la mémoire de vos ancêtres s’invitait chez vous ? C’est ainsi que nous percevons, nous Français d’Israël, la visite de la députée LFI dans notre pays.

Il ne s’agit pas d’une question de droite ou de gauche. Certains d’entre nous manifestent tous les samedis depuis des mois contre la politique du gouvernement Nétanyahou. D’autres la soutiennent ouvertement. Certains d’entre nous sont religieux, d’autres non. Nous sommes loin de former un bloc homogène. Mais lorsque l’État d’Israël ou les Juifs sont attaqués, nous mettons de côté nos différences pour former un front uni. La critique de la politique israélienne n’a jamais été remise en cause. Nous ne nous privons pas d’ailleurs de le faire publiquement sur les réseaux sociaux. Il s’agit de dénoncer des prises de position inacceptables de la députée Ersilia Soudais. Les exemples sont nombreux. En voici quelques-uns.

Le 13 septembre 2022 l’élue LFI écrit dans un tweet un hommage au réalisateur Godard dont les propos polémiques sur les juifs sont notoires. Dans ce tweet Ersilia Soudais ose ce parallèle en écrivant : «Il (Godard) refusait qu’un drame en masque un autre, tel que la Shoah pour la Palestine». Mettre sur un plan d’égalité le génocide de six millions de Juifs et un conflit territorial au Proche-Orient, il fallait oser. Quelques semaines plus tard, le 18 décembre 2022, elle récidive et s’en prend à nouveau à la mémoire de la Shoah. Elle s’affiche à Roissy à l’arrivée de Salah Hamouri et tweete : «Nous sommes venu.e.s accueillir Salah Hamouri à l’aéroport, après sa déportation orchestrée par Israël». L’offense est double. D’abord en défendant Salah Hamouri, ex-membre du FPLP (organisation reconnue terroriste par l’Europe) qui a plaidé coupable dans le projet de tuer un rabbin. Le FPLP est responsable de la mort de dizaines d’Israéliens et est soupçonné d’être derrière l’attentat de la synagogue de la rue Copernic à Paris le 3 octobre 1980.

Ensuite en employant le terme «déportation» pour désigner son expulsion. Elle fait ainsi appel dans la conscience collective au lexique de la Shoah : Hamouri dans le rôle du juif persécuté, Israël dans le rôle du nazi. Le 19 février 2023 elle se prend en photo devant l’Assemblée nationale avec des militants pro-palestiniens qu’elle indique dans un tweet avoir reçus pour «évoquer la lutte contre l’antisémitisme et la solidarité envers le peuple palestinien». Et d’ajouter le hashtag «#FreePalestine». Quel est le lien entre les deux si ce n’est tenter de laver son antisionisme de tout soupçon d’antisémitisme ? Quelle est la légitimité de ces militants de la cause palestinienne pour évoquer la lutte contre l’antisémitisme en France ?

Dernière provocation en date le 4 mai dernier. Elle défend au micro à l’Assemblée nationale l’adoption d’une résolution qualifiant l’État d’Israël de régime d’apartheid. Une insulte pour la mémoire des victimes de l’apartheid en Afrique et une absurdité éloignée de toute réalité sur le terrain. Quelques jours plus tard des centaines de missiles sont tirées par le Jihad islamique (groupe palestinien reconnu terroriste par l’Europe) contre les villes du sud d’Israël. Dans cette région vivent des dizaines de milliers de Français. La député Ersilia Soudais n’aura, bien entendu, pas un mot de compassion à leur égard. Pas un tweet de soutien à la population civile.

Être une «militante de la paix» affichée signifie-t-il à ses yeux devoir faire un choix entre les vies innocentes ? La vie des enfants israéliens dans les bras de leurs parents courant en pleine nuit aux abris sous les obus aurait-elle moins de valeur que celle de Hamouri ? Serait-il impossible pour elle de critiquer une opération militaire israélienne tout en affichant son soutien aux civils palestiniens et israéliens en même temps ? Pourquoi ce tri entre les vies ? Que cache-t-il ? Pourquoi cette absence de condamnation des tirs de roquettes du Jihad islamique, dont certains ont tué des vies palestiniennes ?

Certains pensent que nous qualifions d’antisémites tous ceux qui osent critiquer la politique israélienne. Rien n’est plus faux. Le président de la République Jacques Chirac était un véhément défenseur de la cause palestinienne et avait tenu des propos très durs contre Ariel Sharon. Mais nous savions tous qu’il était irréprochable sur la lutte contre l’antisémitisme en France et sur la préservation de la mémoire de la Shoah. Il est le parfait exemple qu’il est possible de critiquer Israël sans sombrer dans un antisionisme aux relents antisémites.

La France Insoumise ne pourra pas à nouveau crier à l’extrême droite israélienne pour critiquer notre démarche. Pas cette fois. Mes prises de position contre le gouvernement israélien en place sont connues et affichées sur Twitter jour après jour. Herbert Pagani disait : «Lorsqu’Israël sera hors de danger, je choisirai parmi les juifs et mes voisins arabes ceux qui me sont frères par les idées. En attendant je me dois d’être solidaire de tous les miens, au nom de cet ennemi insurmontable : le racisme». Dans la continuité de ce même combat, nous Français d’Israël, de droite et de gauche, demandons à la députée Ersilia Soudais de renoncer à son voyage.

Franco-israélien, Julien Bahloul a été journaliste à I24 News. Dans le passé, l’auteur a par ailleurs servi en tant que réserviste dans l’unité du porte-parole de Tsahal. Désormais business development manager dans une entreprise high-tech israélienne à Tel Aviv, il analyse régulièrement l’actualité israélienne sur Twitter et dans plusieurs médias français.

Source lefigaro

1 Comment

  1. Il est encore temps de faire barrage à cette femme monstrueuse qui veut faire de la provocation . Elle sait très bien qu’elle va être mal accueillie si par malheur, elle foule le sol israélien, mais, c’est exactement ce qu’elle cherche pour encore mieux critiquer Israël . Je serais là si jamais elle passe la frontière pour lui cracher au visage

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