En Autriche, «Sieg Heil», «Heil Hitler» et autres annonces nazies diffusées dans un train

Abonnez-vous à la newsletter

La compagnie autrichienne OBB a porté plainte pour la diffusion présumée d’un discours d’Adolf Hitler à bord d’un un train reliant l’est du pays à Vienne dimanche 14 mai. Deux personnes identifiées sont recherchées par la police autrichienne.

Dimanche 14 mai au soir, les voyageurs du train parti de Sankt-Pölten, en Autriche, en direction de la capitale Vienne n’ont pas entendu leurs annonces de bord habituelles. Au lieu du temps de trajet restant, de l’annonce du passage imminent du chariot de restauration ou encore de la météo du soir, les haut-parleurs des wagons ont diffusé des informations inutiles ainsi qu’un enregistrement d’un discours d’Adolf Hitler.

Et ce n’est pas la première fois que les annonces des trains autrichiens sont ainsi modifiées. Le dernier incident en date s’est produit la semaine dernière, dans un Railjet qui circulait de Brégence à Vienne. Au total, trois cas de «détournement» des haut-parleurs ont été recensés dernièrement. Mais l’incident de dimanche est le premier à être porté à la connaissance de l’Office régional de protection de la Constitution et de lutte contre le terrorisme (LVT) de Basse-Autriche.

«Les haut-parleurs ont été manipulés», confirme ce lundi Bernhard Rieder un porte-parole de la compagnie, après cet incident qui a suscité l’indignation dans le pays natal du dictateur nazi. Deux personnes identifiées sont recherchées par la police autrichienne.

«Dans le RailJet 661, plusieurs «Sieg Heil» viennent d’être diffusés par le système de haut-parleurs ! L’agent de bord est complètement démuni. J’espère qu’il y aura un rapport et des éclaircissements au plus vite !», a écrit dimanche sur Twitter le député des Verts autrichien David Stögmüller, présent à bord du train.

«Les rires de certains passagers»

Selon la compagnie ferroviaire fédérale ÖBB, pour Österreichische Bundesbahnen, les deux suspects ont réussi à accéder avec une clé au système d’annonce sonore du train et aucune attaque informatique n’a été constatée. D’après le député Stögmüller, une hôtesse de train s’est efforcée d’arrêter les annonces. Mais elle n’y est pas parvenue. Egalement présent à bord de l’express, le rabbin viennois Schlomo Hofmeister a dénoncé quant à lui les «rires de certains passagers et l’inaction des agents de la compagnie ferroviaire» et souligne que les deux hommes ont diffusé leurs messages «durant une vingtaine de minutes».

A la suite des analyses de caméras de surveillance embarquées sur le trajet, les suspects ont été identifiés par les services de polices autrichiens qui ont confirmé que les deux hommes ne sont pas employés par les chemins de fer du pays. Une enquête a été ouverte. L’Autriche, annexée au Troisième Reich allemand en 1938, possède certaines des lois les plus strictes au monde contre la négation de l’Holocauste et les activités néonazies. Selon la presse autrichienne, l’affaire devrait vite attirer l’attention de la Direction de la protection de l’Etat et des services de renseignement.

par Charles Delouche-Bertolasi et LIBERATION