Elie Chouraqui rend hommage à son grand-père, ce héros

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Le cinéaste Elie Chouraqui signe une première BD, « Le Héros du Louvre », dans l’urgence de raconter cette histoire, en attendant un film tourné l’an prochain.

Le 10 mai 1940. Les armées nazies contournent la ligne Maginot, passent les frontières belges, hollandaises et luxembourgeoises pour entrer en France. À Paris, c’est la panique parmi les civils et dans l’administration. L’armée française est prise de cours. C’est l’exode, et ses milliers de réfugiés sur les routes du Sud, parfois mitraillés sans pitié par les avions allemands.

Parmi ces milliers de véhicules en tout genre, sept camions de déménagement se faufilent. À leur bord, quelques-unes des œuvres les plus importantes du Louvre acheminées dans le plus grand secret vers des cieux plus cléments en passant par Chambord et Pau, notamment.

Les routes de l’exode

Babi Maklouf Benhamou est gardien de nuit au musée. D’origine algérienne, c’est un miraculé de la vie, persévérant, et capable de tout pour l’amour de sa famille. Il n’hésite pas lorsque le conservateur du musée lui demande de conduire l’un de ces camions. Mais ce sera avec sa famille, sa femme et ses 6 enfants et petit-enfants. Commence un périple aussi dangereux que dramatique, sur les routes de l’exode, qui font de lui un héros méconnu.

Ce personnage, c’est le grand-père du cinéaste Elie Chouraqui. Cette histoire, tout le monde la connaissait dans la famille. « Mais on n’en parlait pas tellement, comme certaines histoires de famille que l’on connaît par bribe, par recoupement. Ce n’était pas une histoire heureuse: l’exode, la peur, la fuite, la mort… On n’aime pas trop raviver ces souvenirs », témoigne Elie Chouraqui.

Extraordinaire

Une histoire un peu occultée donc. « À tel point, qu’on a fini par en oublier le côté extraordinaire. On parle tout de même de chefs-d’œuvre de l’humanité, confiés à un gardien de nuit et lancés sur les routes de France sans autre escorte qu’une famille d’origine algérienne… », s’émerveille encore Chouraqui.

Elie Chouraqui découvre ce nouveau média, si peu éloigné du sien. « L’œil du cinéaste ne peut se fermer… J’ai conçu ce scénario comme celui d’un film, en imaginant les plans et les images. Un peu comme le story-board de mon film », poursuit-il.

L’expérience a nourri son travail et sa façon de voir les choses. Et Chouraqui n’en restera pas là avec la bande dessinée. Il travaille actuellement sur une adaptation des grands mythes bibliques en BD. « Le média est assez passionnant et ouvre beaucoup de possibilités. Par contre, je crois que si je n’avais fait que ça, j’aurais eu une frustration de l’image animée… » On ne se refait pas.

Le premier tome de cette aventure, rocambolesque si elle n’était aussi dramatique, ne manque pas de souffle. Mais elle manque sans doute un peu d’émotion. Sans doute cela vient-il du dessin de Letizia Depedri, un peu humoristique.

BANDE DESSINÉE – « La Joconde a le sourire ». Série: Le héros du Louvre tome 1. Par Elie Chouraqui et Letizia Depedri. Édité par Glénat. 56 p. – 12,5€.

Laurent Fabri