Plus de 500 militants d’ultradroite défilent à Paris samedi : un vrai scandale!

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Organisée en mémoire de Sébastien Deyzieu, un militant d’extrême droite proche de l’ex-GUD, la manifestation a rassemblé des centaines de personnes samedi.

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté samedi 6 mai à Paris pour célébrer le 29e anniversaire de la mort, en 1994, d’un militant d’extrême droite, clamant parfois le slogan « Europe, jeunesse, révolution » du Groupe Union Défense (GUD). La préfecture de police de Paris a évalué à 550 le nombre de participants.

Ces manifestants, habillés de noir et souvent masqués, des jeunes hommes pour la plupart, exhibaient des drapeaux noirs marqués de la croix celtique et quelques fumigènes rouges. Ils se sont rassemblés, dans le 6e arrondissement de Paris, derrière la banderole noire « Sébastien présent », évoquant le militant Sébastien Deyzieu, décédé accidentellement il y a vingt-neuf ans.

Ils sont restés silencieux, sauf pour clamer « Europe, jeunesse, révolution », et ont refusé de répondre aux questions de l’AFP, dans une ambiance d’hostilité envers la presse.

Une manifestation annuelle

Un arrêté du préfet de police de Paris avait autorisé l’enregistrement d’images par drones, lors de cette manifestation, afin de « prévenir les atteintes à la sécurité des personnes et des biens ». Le défilé avait pour point d’arrivée la rue des Chartreux (6e arrondissement) où une gerbe a été déposée.

Cette manifestation a lieu chaque année en mémoire du jeune militant Sébastien Deyzieu, proche de l’ex-GUD, mort en 1994 après avoir glissé d’un toit rue des Chartreux, lors d’une manifestation « contre l’impérialisme américain » qui avait été interdite par la préfecture de police. Quelque 400 personnes s’étaient à l’époque rassemblées à l’appel des groupes d’extrême droite Union des étudiants d’Assas et Jeunesses nationalistes révolutionnaires.

« Voir l’extrême droite défiler en plein Paris, arborant tous ses oripeaux symbolisant la haine et la violence, ne doit laisser personne insensible, affirme le député MoDem Bruno Millienne sur Twitter. Même légal, ce sordide défilé abîme la République et doit être dénoncé avec la plus grande vigueur ! »

Lundi, sur Twitter, le sénateur socialiste de Paris David Assouline a notamment interpellé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, estimant « inadmissible d’avoir laissé 500 néonazis et fascistes parader au cœur de Paris »« Expliquez-vous ! », a-t-il sommé dans son tweet. Egalement sur Twitter, le porte-parole du PCF Ian Brossat, élu de Paris, a de son côté ironisé en milieu de journée, en écrivant : « Les casseroles sont manifestement plus dangereuses que les bruits de bottes… »

« Les néonazis paradent à Paris. Chez ces nervis racistes et antisémites, une nouvelle étape pour s’imposer dans l’espace public », a réagi Dominique Sopo, président de SOS Racisme, qui rappelle que son association a « récemment déposé plainte contre le GUD et demandé sa dissolution au ministère de l’Intérieur. »

« Aucune tolérance ne saurait être admise à l’égard de ce type de parades fascistes, insulte à la France et à la République, a dénoncé la LicraLa violence idéologique et la menace pour l’ordre public doivent conduire à leur ferme interdiction. »

La Préfecture de Police s’explique

La préfecture de police de Paris (PP) a justifié dans un long communiqué la non-interdiction de la manifestation d’ultradroite. Selon les autorités, près de 600 militants du comité du 9-Mai avaient manifesté samedi dans le 6e arrondissement de Paris pour célébrer le 29e anniversaire de la mort d’un militant d’extrême droite, Sébastien Deyzieu, décédé accidentellement en 1994. Ces manifestants, habillés de noir et souvent masqués, ont exhibé des drapeaux noirs marqués de la croix celtique et scandé, en fin de rassemblement, « Europe, jeunesse, révolution », le slogan du GUD, a constaté l’AFP.

La PP souligne que « dans la mesure où cette manifestation n’avait occasionné, les années précédentes, aucun débordement ou trouble à l’ordre public, le préfet de police n’était pas fondé à prendre un arrêté d’interdiction à son encontre ».

Elle fait également valoir qu’en janvier dernier, l’arrêté d’interdiction du préfet de police d’une marche aux flambeaux de « Paris fierté » (association réputée à l’extrême droite), avait « été suspendu » par le juge. Le tribunal administratif avait estimé, a relevé la PP, que « les antécédents argués de troubles en marge des rassemblements organisés par ce même collectif les années précédentes ne (permettaient) pas à eux seuls d’établir un risque de trouble à l’ordre public suffisant pour justifier l’interdiction de manifester ».

Laurent Nuñez : le visage dissimulé, une infraction

Sur BFMTV, le préfet de police Laurent Nuñez a annoncé avoir « saisi sans attendre la procureure de Paris » sur le fait « que des individus, la plupart, manifestaient le visage dissimulé ». Ce qui constitue une infraction. « Les conditions juridiques n’étaient pas réunies pour interdire cette manifestation. Je l’assume totalement », a-t-il insisté.

Le préfet s’est agacé que certains puissent l’accuser d’être « plus tolérant avec l’extrême droite qu’avec l’extrême gauche »« C’est totalement faux et absolument inacceptable à mes yeux », a dit Laurent Nuñez, rappelant son action passée à la Direction générale de la Sécurité intérieure puis comme coordinateur de la lutte contre le terrorisme. Il a souligné qu’une « dizaine de dossiers » concernant l’ultradroite étaient actuellement traités par le parquet national antiterroriste (PNAT).