Des agriculteurs de Haute-Corse à la découverte des Kibboutz en Israël

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La chambre d’agriculture de Haute-Corse a organisé en novembre dernier un voyage d’étude en Israël pour une soixantaine d’agriculteurs, techniciens et élus. Nos équipes les ont suivis pour une série de trois reportages. Le premier est consacré à la découverte des Kibboutz et de leurs techniques d’irrigation.

Tel Aviv, ville jeune, moderne et dynamique, capitale économique d’Israël, la start-up nation. Un petit pays à l’histoire tourmentée, seulement deux fois et demi plus vaste que la Corse, où vivent environ dix millions d’habitants. 

60% du territoire israélien est composé de désert. Mais le pays a fait de l’agriculture une de ses forces. Et ce, en partie, à travers les kibboutz. Il en existe, au total, 270. Ce sont des exploitations agricoles collectives où tout est partagé : les récoltes, les tâches et même les gains. Et c’est notamment pour étudier ce modèle-là, qu’agriculteurs, techniciens et élus ont fait le déplacement depuis la Corse. 

Une approche globale

Dans ce Kibboutz, 400 hectares de vergers, parmi lesquels des clémentines. Elles sont cultivées par Netafim, une société leader au monde dans l’irrigation. Elle revendique une approche globale. Le sol est analysé en amont pour déterminer ensuite le type de plantation et d’irrigation.

Comme l’explique Laurent Huet, ingénieur chez Netafim. “Le but, c’est d’avoir une vision holistique de la culture, de bien prendre en compte son sol, déterminer son système d’irrigation en amont et à partir de là, on joue avec l’eau et les nutriments également pour apporter ce qu’il faut au bon moment à la culture.” 

Un modèle pensé minutieusement et analysé

Le sol est sableux, très filtrant. Pour irriguer les clémentines, deux tuyaux de goutte à goutte espacés de 30 centimètres délivrent une quantité précise d’eau déterminée préalablement. Un modèle pensé minutieusement et analysé. De quoi convaincre les agriculteurs présents sur place, à l’instar de Sebastien Luciani-Giamarchi, agrumiculteur. 

“C’est très évolutif, très enrichissant parce que ce qu’ils font eux ici, on peut le faire chez nous et en améliorant nos qualités. On sait déjà le faire chez nous, mais en s’inspirant de leurs savoirs, on peut faire mieux pour mettre sur les marchés des produits de meilleure qualité et plus attractifs pour le consommateur.” 

Trois sources d’eau différentes

Avocatiers, grenadiers, citronniers, tous sont irrigués par 3 sources différentes : l’eau dessalinisée, l’eau réutilisée et l’eau de pluie. C’est l’une des particularités d’Israël, des sources aux coûts et vertus différentes. 

“L’agriculteur a tout un système de gestion, il gère sa conductivité, il gère ses eaux. Il mélange ses eaux. Elles ont des apports différents. Et chacune a un prix, donc c’est un peu compliqué car il y a une dynamique économique », explique Laurent Huet. 

Des pistes de réflexion pour les agrumiculteurs corses

Des capteurs de haute précision permettent de mesurer l’humidité du sol toutes les 15 minutes. Avec ces sondes, l’adaptation est quasi-instantanée. De quoi optimiser les rendements et donner des pistes de réflexion à certains agrumiculteurs insulaires, comme Silvia Fazi. “En tant que jeune agricultrice, j’ai démarré de zéro et au niveau de l’irrigation j’étais un peu perdue. Et là, avec ces sondes, cela me permettra d’adapter en fonction de ce qui est relevé”, indique-t-elle. 

Mais ce que les Israéliens et Netafim développent comme leur arme principale pour irriguer, c’est le goutte-à-goutte. Inventé il y a une cinquantaine d’années, le système permet une récolte plus importante, avec moins d’eau et d’énergie. Le goutte-à-goutte existe désormais en version enterrée, plus efficace encore car l’évaporation disparaît, mais soumis à d’autres contraintes. 

« Il y a des choses à appliquer chez nous »

Même si Joël Rossi, maraîcher, n’optera pas pour ce système, les côtés positifs de cette visite sont nombreux. “Il y a des choses à appliquer chez nous, à apprendre. On voit que c’est vraiment de la science appliquée à l’agriculture. Et chez nous justement ce qu’il nous manque c’est ce côté scientifique, ces possibilités d’optimiser pour produire mieux, moins cher.” 

Des données scientifiques pour produire mieux, moins cher, avec, par exemple, des salades hors sol, alimentées uniquement avec de l’eau et des nutriments. Surprenant visiblement pour certains.  

Un modèle dont la Corse devra dire si elle souhaite en prendre le chemin ou pas. 

Découvrez le reportage vidéo de Pierrick Nannini et Guillaume Leonetti la source francetvinfo