Bruno Gollnisch et une assistante parlementaire RN à un dîner d’antisémites

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Toujours membre du parti d’extrême droite et de son conseil national, l’ancien dauphin de Jean-Marie Le Pen voisinait notamment avec le négationniste Hervé Ryssen et la chanteuse néonazie Epona.

Autour de la table : l’ultranationaliste Thomas Joly, l’antisémite repris de justice Hervé Ryssen, la chanteuse raciste Epona, Jean-Marie Le Pen et… Bruno Gollnisch, toujours membre du Rassemblement national (RN) et de son conseil national. Selon nos informations, le vieux grognard lepéniste était bien accompagné, ce week-end, à la table d’honneur du Noël du très radical Parti de la France (PDF). Comme un poisson dans l’eau.

Plusieurs dizaines de fidèles du mouvement pétainiste étaient réunies samedi au Chapeau, un restaurant traditionnel du centre de Versailles. Parmi les invités, outre la star du soir Jean-Marie Le Pen et le patron du PDF Thomas Joly, l’identitaire canal historique Roland Hélie ou encore un collaborateur du torchon antisémite et négationniste Rivarol. Au milieu de cet aréopage d’anciens frontistes, dont beaucoup ont soutenu Eric Zemmour à la dernière présidentielle, traînait tout de même l’attachée parlementaire d’un député RN du sud de la France.

Loi Gayssot «liberticide»

Sans oublier donc Hervé Lalin, dit Ryssen, sorti de prison l’an dernier après huit mois passés derrière les barreaux pour «contestation de crime contre l’humanité» et «incitation à la haine raciale». Encore condamné en octobre 2019 pour l’agression de journalistes de l’émission Quotidien en octobre 2019, il est notamment l’auteur de l’Antisémitisme sans complexe ni tabou ou encore la Mafia juive : les grands prédateurs internationaux. En 2019, dans une vidéo diffusée sur YouTube, il présentait les juifs comme «un problème dont la solution passe par le combat continuel et l’extermination».

L’histoire ne dit pas si c’est ce CV ou son passé au Front national qui a valu à Ryssen d’être installé à la table d’honneur avec Bruno Gollnisch, qui l’avait soutenu publiquement pendant son incarcération. Début octobre, l’ancien dauphin de Jean-Marie Le Pen estimait «liberticide» la loi Gayssot lors d’un colloque organisé par le RN à l’Assemblée nationale pour les cinquante ans du parti. Au premier rang, Marine Le Pen et Jordan Bardella n’avaient pas trouvé nécessaire de broncher. Le même Gollnisch donnait deux semaines plus tard une conférence devant les jeunes radicaux versaillais d’Auctorum, liés à Génération identitaire et aux gros bras nazifiants des Zouaves Paris. Samedi, il a entonné avec ses camarades le chant de Noël populaire catholique «Il est né le divin enfant». Une partie de l’assistance, dont un certain nombre de néopaïens, devait s’aider de son téléphone portable pour se remémorer les paroles.

«Pas de sanctions disciplinaires»

Epona, qui participait une semaine plus tôt à un concert de rock d’extrême droite aux côtés de groupes mêlant hooliganisme et néonazisme tel Bunker 84, était de la partie. Mais elle n’a visiblement pas entonné son tube raciste Je chanterai du hatecore qui démarre comme suit : «C’est rempli de négros, de melons, de paki /dans la rame de métro direction Bobigny», sur l’air de Pour que tu m’aimes encore de Céline Dion. Entre costumes trois-pièces et nœuds papillon, l’ambiance semblait peut-être un peu trop guindée pour ce genre de fantaisies.

Contacté, le Rassemblement national explique que Bruno Gollnisch «n’est plus membre d’aucune instance depuis le dernier congrès» et «condamne» la participation à ce dîner mais n’envisage «pas de sanctions disciplinaires». L’ancien bras droit de Jean-Marie Le Pen siège pourtant toujours au conseil national du RN, sorte de parlement du parti. Il le doit au vote des adhérents, qui l’ont placé en 11e position le 5 novembre : la reconnaissance de plusieurs décennies de service actif au sommet du parti.

par Maxime Macé et Pierre Plottu