Quand Léon Blum fut victime d’antisémitisme à l’Assemblée Nationale

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En 1936, Léon Blum avait déchaîné en France un torrent d’antisémitisme : comment ce pays pouvait-il être gouverné par un juif? Exemple de haine à l’assemblée nationale.

Léon Blum, leader de la gauche, vainqueur des élections législatives

Un événement odieux se produisit à l’Assemblée Nationale, le 6 juin 1936. Ce jour-là, Léon Blum – le leader de la gauche qui venait de gagner les élections législatives – était venu présenter son gouvernement à la Chambre des députés. Il était un peu plus de 17h30, lorsque Xavier Vallat, le représentant éminent de la Fédération républicaine, l’un des principaux partis de la droite parlementaire, prit place à la tribune pour expliquer les raisons qui lui interdisaient de voter pour le ministère de Léon Blum. « Votre arrivée au pouvoir, monsieur le Président du conseil, est incontestablement une date historique. Pour la première fois, ce vieux pays gallo-romain sera gouverné… » A ce moment-là, Edouard Herriot, le président de la Chambre des députés, l’interrompit brutalement : « Prenez garde, monsieur Vallat ». Mais ce dernier poursuivit sa phrase en disant : « … par un Juif ».

Une agression raciste présentée par la grande presse nationale comme un banal incident parlementaire

Scandalisés, les députés de gauche se levèrent alors pour faire une véritable ovation à Léon Blum tout en couvrant d’insultes Xavier Vallat. Édouard Herriot pria ensuite Vallat de « retirer ses paroles », mais ce dernier refusa en disant : « Messieurs, je ne comprends pas bien cette émotion car, enfin, parmi ses coreligionnaires, M. le Président du Conseil est un de ceux qui ont toujours – et je trouve cela tout naturel – revendiqué avec fierté leur race et leur religion ».

Refusant les anathèmes habituels de l’extrême gauche l’accusant d’antisémitisme à la Hitler, Vallat ajouta : « Je dis, parce que je le pense, – et j’ai cette originalité ici, qui quelquefois me fait assumer une tâche ingrate, de dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas – que, pour gouverner cette nation paysanne qu’est la France, il vaut mieux avoir quelqu’un dont les origines, si modestes soient-elles, se perdent dans les entrailles de notre sol qu’un talmudiste subtil (…). Il s’agit de quelque chose qui nous domine : des destins du pays, de l’avenir de la race, de notre race ».

Ce discours explicitement raciste prononcé contre le nouveau chef du gouvernement français par l’un des porte-parole de la droite républicaine ne valut aucune sanction de la part de l’Assemblée Nationale, à l’encontre de Xavier Vallat. La grande presse nationale présenta cette agression comme un banal incident parlementaire. De leur côté, les journaux d’extrême droite jubilèrent (…).

De Léon Blum à Carlos Martens Bilongo, désordre raciste à l’Assemblée nationale.

Le 3 novembre 2022, un député du Rassemblement National a interrompu Carlos Martens Bilongo, député de la France Insoumise, alors que ce dernier interpellait le gouvernement à propos d’un bateau transportant des migrants en Méditerranée, en criant : « Qu’il retourne en Afrique ». Ces propos, jugés « racistes », suscitèrent une telle vague d’indignation que l’Assemblée nationale vota – décision rarissime – l’exclusion temporaire de ce député pour 15 jours.

Bibliographie : Laurent Joly, Xavier Vallat, parlementaire antisémite, Revue d’Histoire de la Shoah, 2001/3 (n° 173).

Source franceculture

1 Comment

  1. on veut bien croire que le règlement de l’Assemblée nationale ne permettait pas plus que… l’exclusion pour 15 jours, de cet abject individu, mais cela n’excuse en rien l’inertie de députés qui ont renoncé à le virer à grands coups de pied dans le derrière et avec interdiction de revenir

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