Antisémitisme : à nouveau ciblé, l’artiste Herzi ne se laisse pas abattre

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Une des sculptures de l’artiste Herzi en hommage aux victimes de la Shoah a été complètement détruite à Marcq-en-Baroeul. Le sculpteur réagit avec 3 actions.

Une nouvelle fois, une oeuvre du sculpteur Herzi a été vandalisée à Marcq-en-Baroeul. S’il est difficile de le prouver, la suspicion d’un acte antisémite est forte. L’artiste en a assez de réparer ses sculptures, qui sont un hommage aux victimes de la Shoah. A 77 ans, il veut que survive cette mémoire et le message de tolérance. Que va-t-il faire ? Il nous explique ses démarches.

Depuis 2007, le Jardin Prouvost, au sein de la Fondation Septentrion, accueille 21 sculptures monumentales en argile baptisées « Tolmen », hommage aux victimes de l’abomination de la Shoah.

Déjà vandalisé en décembre 2021, l’ensemble est de nouveau attaqué : une œuvre vient d’être complètement détruite. Une plainte a été déposée, sans espoir de voir le ou les auteurs retrouvés.

C’est peu dire que Jean-Claude Bresler, de son nom d’artiste Herzi, est secoué par cet énième acte de vandalisme, qui pour lui a des relents de haine antisémite. « Je suis effondré, figé, glacé. Pour moi, mes sculptures ne sont pas des oeuvres, elles sont vivantes, elles sont mémoire… »

Plusieurs membres de la famille de Jean-Claude Bresler sont morts en déportation. L’artiste a voulu par cet ensemble artistique rendre hommage à toutes les victimes, exorciser sa souffrance, et inviter les jeunes générations à un devoir de mémoire et de tolérance.

Ne pas réparer, un message fort aussi

Il a pris 3 décisions concernant l’avenir de son œuvre. Il a d’abord décidé de ne pas réparer l’œuvre détruite. « Je n’en ai plus la force, et finalement, je me dit que la destruction gardée visible est aussi un message plus fort qu’avant ».

Il a fait appel à une association, la Sauvegarde à Lambersart, qui emploie des personnes en insertion, pour réaliser un entretien des autres sculptures « a minima ». C’est-à-dire avec le strict minimum, car le budget est serré, l’artiste n’ayant pas de subventions, uniquement quelques dons financiers. « Jusqu’à présent, je faisais l’entretien annuel moi-même, mais à 77 ans, c’est devenu de plus en plus difficile… »

Devant son âge et sa fatigue, il cherche désormais un « repreneur » pour entretenir l’ensemble, dans l’idéal une institution de l’Etat, comme la Région ou le Département.

Il partage une idée : « Laisser les oeuvres disparaître, sans les réparer, petit à petit pourrait être une solution, après tout, elles sont en sorte de torchis, donc dans un matériau éphémère. Symboliquement, on se réunirait une fois par an avec un temps fort autour d’elles pour marquer l’hommage aux victimes de la déportation… »

Mais l’artiste veut que son oeuvre continue de vivre, autrement. Il a eu l’idée de se servir de l’outil numérique. « Je suis en lien avec une entreprise de numérisation qui va me proposer une animation virtuelle, avec de la vidéo, à partir de mes sculptures. Ainsi, ce film pourrait servir à rejoindre les plus jeunes dans les établissements scolaires ». Pour que la haine n’ait pas le dernier mot…

Faire un don ou contacter l’artiste : jcbresler@gmail.com