Le modèle israélien d’économie de guerre a conduit à la création d’une société “à deux étages”

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Le chercheur Jacques Bendelac observe, dans une tribune au « Monde », que l’Etat hébreu, en état de guerre permanent depuis 1948, a transformé ses dépenses militaires en atout économique et technologique.

Depuis soixante-quatorze ans, les Israéliens ont pris l’habitude de voir leur rythme de vie et de travail marqué par des opérations militaires. Quant au développement économique du pays, il varie au gré des situations de guerre ou de paix avec ses voisins arabes.

Très vite, les dirigeants israéliens ont compris que le fardeau financier imposé par les guerres ampute les budgets consacrés aux dépenses civiles comme l’éducation, la santé ou l’emploi. Cette prise de conscience a conduit Israël à repenser l’affectation des ressources nationales pour garantir à sa population un niveau de vie et de bien-être satisfaisant, tout en gérant une économie de guerre.

Après la guerre des Six-Jours (1967), l’embargo que la France imposa sur la livraison d’armes a marqué un tournant dans la politique d’approvisionnement en matériel militaire : les gouvernements israéliens ont choisi de mettre en place une industrie militaire locale pour remplacer les fournisseurs étrangers éventuellement défaillants, tout en permettant de développer des types d’armement répondant aux besoins locaux. Cette politique interventionniste de l’Etat s’est traduite par la création d’un complexe militaro-industriel de grande envergure, dominé par trois grandes sociétés publiques : Israel Military Industries, Israel Aerospace Industries et Rafael Advanced Defense Systems.