« Nous devons créer un dôme de fer contre la violence domestique »

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Yelena Gerenberg, une jeune femme pleine de vie, a été sauvagement assassinée jeudi au couteau, son corps jeté dans un champ. Le suspect est encore une fois, son conjoint.

Le cœur souffre et pleure. Encore et encore, nous voyons le même schéma : la victime du meurtre voulait s’envoler et le meurtrier parasite voulait une domination complète sur elle. Après que ma sœur, Michal Sela, a été assassinée chez elle par Eliran Malul, une experte en violence domestique nommé Ronit Lev Ari m’a expliqué le schéma récurrent : il était accro à la contrôler et elle a demandé la liberté – dans ce cas, elle a demandé rompre avec lui. Lorsqu’il s’est rendu compte qu’il perdait complètement le contrôle de Michal, il est devenu fou, tout comme un toxicomane quand on lui enlève sa drogue. Alors quand Eliran a assassiné Michal, il a gagné. Maintenant qu’elle est six pieds sous terre, sous sa pierre tombale, il a repris le contrôle total.

Les plus forts et les plus courageux sont les assassinés, ceux qui tiennent à se libérer du tueur qui est le faible. Il agit comme une pauvre victime sans défense, comme un parasite qui se nourrit et dépend de sa mère porteuse. J’ai développé cela dans le texte « The Parasite Manifesto« , le texte le plus difficile que j’aie jamais écrit dans lequel je regarde le tueur directement dans les yeux. J’ai trouvé la force de publier le texte après le meurtre de Diana Dedbayev, après quoi des hommes et des femmes m’ont dit que le texte avait sauvé des vies.

Il est important de noter néanmoins la dynamique du féminicide et de la violence domestique car elle est répétitive et fonctionne par schémas. Une fois que nous connaissons les modèles, nous pouvons les empêcher.

Entretiens avec le chef

C’est ce que j’ai dit au Premier ministre Yair Lapid exactement la veille du meurtre de Yelena. Je me suis assis en face de lui dans le bureau du premier ministre et je l’ai regardé dans les yeux. C’était le mercredi 24 août 2022. Il m’a invitée pour la première rencontre sur le thème de la prévention des violences conjugales envers les femmes, aux côtés de tous les responsables d’organisations travaillant sur la question. Nous étions environ 30 femmes assises autour de la table du bureau du Premier ministre et un homme qui gère l’organisation Asly (la campagne israélienne du ruban blanc – un mouvement mondial d’hommes qui s’opposent à la violence contre les femmes).

Une photo a été publiée de la scène du crime où Yelena a été assassinée. Là, à côté du site où son corps a été jeté, un cercle d’environ 20 hommes se tenait en cercle autour des différentes forces de secours. Cette image vaut mille mots.

Qui prend soin de nous ?

Ceux qui sont chargés de notre sécurité sont des hommes. D’autre part, la majorité absolue des victimes de violence domestique sont des femmes. On peut le voir à n’importe quelle réunion ou conférence professionnelle sur le sujet et aussi à la rencontre avec le premier ministre.

Pour arriver au changement dont nous avons tant besoin, à la révolution spéciale qui éliminera le phénomène sombre qu’est le féminicide du monde, vous devez changer d’approche. Nous devons vaincre la violence domestique de la même manière que nous vainquons le terrorisme. C’est une question de sécurité : il faut sauver des vies en danger.

Dans cette terreur, comme dans toute autre terreur, le problème doit être traité de manière globale, tout en prévenant et en prédisant les cas à l’aide de mesures avancées. Des experts en violence domestique comme Ben Ari doivent s’asseoir autour de la table avec des experts en sécurité. Le sujet doit être abordé d’en haut et d’en bas, sur le terrain et virtuellement. Nous devons développer un dôme de fer contre la violence domestique. Pour vaincre la violence et le meurtre, nous avons besoin de tout le monde : hommes et femmes ensemble, épaule contre épaule, en première ligne de cette guerre. Nous ne pouvons pas le faire autrement.

L’auteur est la fondatrice et PDG du Michal Sela Forum et la sœur de Michal Sela. La version originale de cet article a été publiée en hébreu sur Walla!

Line Tubiana avec jpost