Joséphine Maréchal, une Mayennaise décédée en 1963, a été officiellement nommée Juste parmi les Nations à titre posthume ce dimanche 7 août : pendant la Seconde Guerre mondiale, cette habitante de Chammes a sauvé trois familles juives, au péril de sa vie.
Une Mayennaise a été officiellement reconnue Juste Parmi les Nations ce dimanche 7 août. Cette médaille a été remise à titre posthume à Joséphine Maréchal, une habitante de Chammes : cette ouvrière agricole a sauvé trois famille juives dans sa ferme pendant la seconde guerre mondiale, au péril de sa vie. Une cérémonie était organisée ce dimanche après-midi dans cette petite commune des Coëvrons, où Joséphine Maréchal a vécu jusqu’à sa mort en 1963. La médaille a été remise à Robert Cartier, le petit-fils de Joséphine Maréchal : « Je suis un peu ému, ça fait chaud au cœur« . Environ 200 personnes y ont assisté, dont la famille de Joséphine Maréchal et les descendants des familles juives sauvées entre 1942 et 1944.
« Ils sont restés cachés un an dans un grenier »
Joséphine Maréchal a sauvé huit personnes au total entre 1942 et 1944, des enfants et des parents appartenant à trois familles différentes. Parmi eux, se trouvaient Leon Szerman et ses parents. « Si Madame Maréchal n’avait pas été là, nous ne serions pas là« , affirme Irène Szerman, la fille de Leon Szerman. « Ils sont restés un an cachés dans un grenier sans redescendre. Ils descendaient la nuit sans que personne ne le sache, avec énormément de risques pour Madame Maréchal« , raconte-t-elle. « Mes grands-parents n’en ont jamais parlé, mon père en parlait peu mais il faisait des allusions. On a toujours été au courant qu’il a été caché là, ça fait vraiment partie de l’histoire familiale. »
Joséphine Maréchal connaissait en fait ces familles avant la guerre. Cette ouvrière agricole était veuve et pour subvenir à ses besoins, elle accueillait des enfants parisiens pendant les vacances scolaires. « Les frères de ma mère, Leon et Henri Rochow, venaient là chaque année et participaient aux travaux des champs« , retrace Alain Wajman. Sa mère, Madeleine, et sa grand-mère, Ita, ont également été sauvées par Joséphine Maréchal. Ses deux oncles, eux, ont été arrêtés à Bordeaux, déportés et assassinés dans le camp d’Auschwitz. Cet ancien médecin parisien se réjouit que le titre de Juste parmi les Nations ait été remis à la femme à qui il doit son existence. « Il est légitime de reconnaître, sinon elle serait tombée dans l’oubli. Ses actions auraient été uniquement retenues par ses proches, alors que là, c’est une valeur d’exemple, en particulier pour les jeunes générations« , souligne le septuagénaire. Alain Wajman appelle aujourd’hui la mairie de Sainte-Suzanne-et-Chammes à renommer une rue de la commune, Joséphine Maréchal, afin « qu’on ne l’oublie pas« .
D’autres descendants sont même venus des États-Unis pour assister à la cérémonie de remise de médaille à Chammes. Suzanne Holzberg, 64 ans, a fait le déplacement avec sa fille. Sa mère, Rose Kleinbaum, avait 12 ans quand elle est arrivée en Mayenne, avec son frère Michel. »Ils étaient déjà orphelins. Joséphine les a habillés, les a nourris. Ma mère a pu aller à l’école ici, même pendant la guerre. Joséphine a fait tout ce qu’elle a pu pour elle« , explique cette Américaine de 64 ans, reconnaissante.