Quand l’Université de Jérusalem découvre les secrets de l’amour

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Qu’est-ce qui fait évoluer un premier rendez-vous en relation durable ? L’Université hébraïque de Jérusalem dévoile ce qui favorise l’attirance entre deux personnes.
Pourquoi tombons-nous amoureux de certaines personnes, tandis que d’autres nous laissent indifférents ? Le choix d’un partenaire amoureux est un processus important dans la vie, pourtant on sait peu de choses sur les mécanismes biologiques et comportementaux qui sous-tendent cette sélection. Des chercheurs israéliens de l’université de Jérusalem ont exploré la question et dévoilent ce qui favorise l’attirance entre deux personnes.
Si le « coup de foudre » n’est pas systématique, à l’issue d’un premier rendez-vous, chacun a dans tous les cas une vague idée du « potentiel » de la relation. Et contrairement à ce que suggèrent les théories classiques, ce n’est pas qu’une question d’apparence physique et de fertilité ! En effet, ces théories n’expliquent pas à quel moment de l’interaction intervient l’attirance. Ni les adaptations comportementales mutuelles qu’elle induit. Une étude publiée dans Scientific Reports apporte de nouveaux éléments de réponse.

Une attirance guidée par deux aspects clés de la relation

Contrairement au lien parental, le lien de couple est un attachement qui implique une sélection volontaire du partenaire. Ce lien est caractérisé par le désir sexuel et l’engouement romantique. Suivis d’un attachement durable et d’une coopération familiale. Les théories évolutionnistes classiques suggèrent que les femmes sélectionnent un partenaire masculin en fonction de leur force et de leurs ressources. De manière à favoriser la survie de la progéniture. Tandis que les hommes sont attirés par des traits physiques corrélés à la fertilité.

Des théories plus récentes proposent que le choix du partenaire repose sur la compatibilité génétique perçue par les deux protagonistes. Cependant, ces théories n’expliquent pas le rôle de l’interaction sociale dans le processus dynamique de sélection du partenaire. En d’autres termes, elles n’expliquent pas pourquoi le premier rendez-vous est crucial, tant pour favoriser l’attirance entre deux personnes que pour prédire la réussite de la relation.

Un groupe de chercheurs s’est intéressé à deux aspects clés des interactions humaines. La synchronisation et l’harmonisation dyadiques. La synchronisation se définit comme l’appariement dans le temps d’états affectifs et de rythmes biologiques entre deux personnes. On l’observe par exemple entre une mère et son nourrisson. L’harmonisation fait référence à l’ajustement séquentiel du comportement d’un individu en réponse au partenaire. Ces deux aspects pourraient non seulement favoriser l’attirance sexuelle initiale. Mais aussi servir d’indicateurs d’une liaison réussie.

Une issue qui repose sur notre capacité à nous synchroniser

Pour vérifier cette hypothèse, une équipe de l’Université hébraïque de Jérusalem a examiné comment la physiologie et le comportement de deux partenaires hétérosexuels s’adaptent l’un à l’autre lors d’une première rencontre. L’expérience consistait en un speed-dating comprenant 48 rencontres, effectuées en trois runs. Chaque rendez-vous a duré cinq minutes, au cours desquelles les chercheurs ont enregistré l’activité électrodermique des participants, à l’aide d’un bracelet porté au poignet. L’activité électrodermique reflète l’activité des glandes sudoripares, qui sont contrôlées par le système nerveux sympathique.

En parallèle, les 32 participants ont été filmés. De manière à extraire, a posteriori, les mouvements de chacun, image par image. Immédiatement après le rendez-vous, chaque participant a été invité à évaluer l’apparence physique de son partenaire. De même que son intérêt amoureux et son attirance sexuelle.

Il ressort de cette expérience que la synchronisation de l’activité électrodermique entre un homme et une femme lors d’un rendez-vous est significativement corrélé à l’intérêt amoureux mutuel. « La connexion avec un partenaire dépend de notre capacité à synchroniser nos corps. Nous sommes spécialisés dans l’étude des liens entre parents et enfants, et nous avions déjà observé la même chose dans ce domaine », explique le Dr Shir Atzil, du Département de psychologie de l’Université hébraïque de Jérusalem, co-auteure de l’étude.

Une relation de cause à effet qui reste à explorer

L’harmonisation motrice était elle aussi significativement associée à l’intérêt romantique mutuel. L’équipe a alors déterminé dans quelle mesure le couplage « bio-comportemental » – soit la combinaison de la synchronisation électrodermique et de l’harmonisation des mouvements – pouvait prédire l’issue du rendez-vous. « Nos résultats montrent que les mesures combinées du couplage bio-comportemental ont correctement prédit le résultat de 71 % des rendez-vous réussis (« les deux sont intéressés ») et des rendez-vous infructueux (« personne n’est intéressé ») », rapporte l’équipe.

Fait intriguant, l’étude a également montré que le degré de synchronisation affectait différemment les hommes et les femmes. La synchronisation électrodermique au cours du rendez-vous était significativement corrélée au désir sexuel des femmes. Mais cet effet était moins évident chez les hommes. En d’autres termes, les femmes sont plus attirées par les hommes synchrones que les hommes ne sont attirés par les femmes synchrones.

Cette étude démontre que la synchronisation comportementale et physiologique peut être un mécanisme utile pour attirer un partenaire romantique. « Cependant, nous ne savons toujours pas si la synchronisation augmente l’attraction ou si le sentiment d’attraction génère la motivation à se synchroniser », souligne le Dr Atzil, qui va tenter de répondre à cette question au cours de futures recherches.

Source science-et-vie