Bnei Brak, Daniel Pearl, le policier courageux, les réfugiés ukrainiens et la haine d’Israël et des Juifs

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Bnei Brak est non seulement une ville où les Juifs de l’étude sont nombreux mais aussi la ville de Rabbi Aqiba, du Livre de Josué et de Daniel Pearl. Par Bernard-Henri Levy.

Le plus choquant dans cette tuerie de Bnei Brak, mardi soir ? Cinq innocents exécutés, comme à Toulouse, en pleine rue ? Les célébrations de joie à Jérusalem Est ? Le silence assourdissant de trop de politiques en France et, à l’heure où j’écris, de très larges secteurs de la communauté internationale où l’on préfère détourner le regard ? La haine d’Israël, et l’antisionisme, toujours vivaces, y compris chez certains commentateurs, alors que nul n’ignore qu’ils sont le nouveau visage de l’antisémitisme ? Tout cela, oui. Hélas, tout cela.

Mais, en même temps ce policier, Arabe Israélien de 30 ans, Amir Houri, qui s’est jeté sur le terroriste palestinien, Dia Hamarshah, pour tenter de le neutraliser et de sauver ceux qui pouvaient l’être. Il en est mort. Comme Arnaud Beltrame en France. Comme d’autres, animés du même courage et du même dévouement. C’est un héros. Et, songeant aussi que deux des victimes du forcené étaient ukrainiennes, songeant qu’elles étaient venues chercher, à Bnei Brak, avant la guerre déclenchée par Poutine, un refuge contre la furie de la nouvelle Russie impériale, je ne peux pas ne pas repenser à cette belle formule du philosophe tchèque Jan Patocka : « solidarité des ébranlés ».

Et puis un mot encore. Bnei Brak, pour moi, c’est aussi l’une des villes, près de Tel Aviv, où les Juifs de l’étude sont en très grand nombre. C’est la ville de Rabbi Aqiba. C’est la ville du Livre de Josué. Mais c’est aussi la ville de Daniel Pearl, ce Juif profane, laïque, journaliste du Wall Street Journal et décapité, en 2002, par un commando d’Al Qaida. Il fut le premier de la série sanglante. Il donna, à son corps défendant, le coup d’envoi de ces vingt ans de carnage. « Mon père, est juif, ma mère  est juive, je suis juif, furent ses derniers mots avant que le djihadiste ne l’égorge ». Puis, étrangement, de lui-même, sans que les assassins, semble-t-il,  l’y aient contraint : « dans la ville de Bnei Brak, il y a une rue baptisée au nom  de mon arrière grand-père, qui fut l’un des fondateurs de la ville ».

Je pense aux Rabbis, bâtisseurs de villes et fondateurs de Bnei Brak. Je pense à Daniel Pearl et à sa souffrance. Je pense au policier courageux. Et je pleure les victimes.

Bernard-Henri Levy

Source laregledujeu