Europe : guerres et paix. Avec Elie Barnavi

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À l’heure où Jérusalem se propose de recevoir les négociations entre l’Ukraine et la Russie, Guillaume Erner reçoit ce matin Elie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël en France et spécialiste de l’histoire européenne.

“Bon à rien”, c’est ainsi qu’Elie Barnavi se présente dans ses mémoires, souvenirs d’une directrice d’école qui lui prédisait un avenir dans lequel “il finira mal”.
Et pourtant …

Dans ces mêmes mémoires, Elie Barnavi raconte ses origines européennes, celles de ses parents survivants de la déportation, et poussés à fuir en Israël. Une seconde guerre, celle où, soldat, il combat notamment lors de la campagne des Six‐Jours en 1967. Puis la guerre comme objet d’étude, à travers sa carrière universitaire d’historien de l’Occident moderne mais aussi de diplomate.

L’Europe ou la guerre ? éclairage avec Elie Barnavi, l’invité de Guillaume Erner.

Retour en Europe

Voici un extrait représentatif de la vie des Juifs qui a percuté celle de la Mitteleuropa, l’histoire de certains pays slaves mais aussi celle de l’empire soviétique : « Mon père était allé à la guerre, je savais aussi que pendant ce temps ma mère avait, Dieu sait comment, trouvé refuge en Ouzbékistan, sans doute s’était-elle enfuie par la Transnistrie, cette bande de terre coincée entre le Dniestr et la frontière occidentale de l’Ukraine, vers l’intérieur de l’Union soviétique, puis de plus en plus vers l’est jusqu’à échouer en Asie centrale. »

Ces régions parfois oubliées des Français comme la Roumanie, où Elie Barnavi est né, la Moldavie et la Transnistrie, l’Ukraine, … sont aujourd’hui au cœur de l’actualité :  » Il y a la dimension géopolitique et militaire qui m’intéresse comme tout le monde. Il y a en plus des échos de ce que je n’ai pas vécu mais qui a informé ma vie. Ce sont des termes qui sont étrangers à la plupart des Français, des régions lointaines qui évoquent plutôt les bandes dessinées de Tintin. Pour moi ce sont des mots, des lieux chargés de sens et de tragédies. Quand j’entends Transnistrie, Moldavie, c’est le visage de ma mère qui apparaît. Des lieux chargés de sang, de malheur. Ce ne sont pas des régions heureuses »  

L’animal politique

Dans ce livre, l’historien explique à quels points le destin de ses parents et le sien, ont été structurés par des engagements politiques très forts : « Si je ne devais donner qu’un thème à mon livre, ce serait la politique. J’ai toujours été un animal politique. Pour moi il est très important d’avoir une parole dans la cité, une influence aussi minime soit-elle. Mon choix politique a été arrêté très tôt, j’étais jeune homme quand j’ai choisi une couleur politique et je ne m’en suis jamais départi. J’ai toujours pensé que l’idéologie était d’abord une affaire de tripes et de sentiments. Ensuite nous donnons à cela un habillage idéologique, un sens intellectuel. »

Elie Barnavi, professeur d’histoire de l’Occident moderne à l’Université de Tel-Aviv, ancien ambassadeur d’Israël en France de 2000 à 2002, directeur du comité scientifique du Musée de l’Europe à Bruxelles. Il publie chez Grasset, “Confessions d’un bon à rien. Mémoires”.

Source franceculture