Les Justes du Chambon-sur-Lignon, héros de BD

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Étienne Weil a rencontré pour la première fois le scénariste de bande dessinée Matz dans sa librairie parisienne. Éditions Steinkis
La BD «Ceux du Chambon » raconte comment deux frères, Philippe et Étienne Weil, ont échappé aux soldats allemands durant la Seconde Guerre mondiale, grâce au courage de villageois.
La bande dessinée Ceux du Chambon raconte l’histoire de la famille Weil, exilée au Chambon-sur-Lignon en Haute-Loire, durant la Seconde Guerre Mondiale. (Photo pages régions)

Entre 1939 et 1945, 3500 Juifs auraient été sauvés par les habitants du Chambon-sur-Lignon et des communes du plateau Vivarais-Lignon en Haute-Loire. Ce qui leur a valu la reconnaissance éternelle de l’institut Yad Vashem de Jérusalem. Les Justes, comme ils ont été consacrés, ont notamment permis à deux frères, Philippe et Étienne Weil, et leurs parents, d’avoir la vie sauve.

C’est leur histoire que raconte aujourd’hui le scénariste Matz dans une BD intitulée « Ceux du Chambon » éditée par Steinkis. Sorti cet automne et tiré à 6500 exemplaires, avec un retirage prévu, l’ouvrage connaît un beau succès. Étienne Weil, qui a accepté de partager son histoire, n’en revient toujours pas : « Cette bande dessinée, c’est un témoignage historique. Matz a fait un travail formidable. Ce n’est pas pleurnichard et il est resté proche de la vérité. »

Libraire à la retraite, Étienne Weil avait 3 ans lorsque la Seconde Guerre mondiale a éclaté. Il vivait à Lille et a très vite dû s’exiler : d’abord Paris puis Saint-Étienne, et enfin Le Chambon-sur-Lignon. « Nous avons atterri dans ce village extraordinaire grâce à un pasteur, André Trocmé. Il n’y avait pas d’Allemands et on entendait Radio Londres aux fenêtres, se souvient-il. Nous étions tout de même obligés de changer de maison tous les six mois afin de tromper l’ennemi. »

Pour étayer son récit, Matz a pu s’appuyer sur une correspondance de 400 pages, tenue par le père d’Étienne, Maurice Weil, durant la guerre. La fidélité du récit est ainsi préservée. « J’ai rencontré Matz dans ma librairie de livres anciens à Paris. Nous sommes devenus amis et je lui ai confié mon histoire. »

Étienne Weil, qui a beaucoup échangé avec l’auteur, se dit fier du résultat : « Le vieil homme que je suis s’émeut bien sûr de retrouver l’enfant qu’il était mais, plus encore, de ressentir l’immense faculté qu’a l’être humain de cultiver le courage, la bonté, le dévouement, le regard sur l’autre. »