Rescapé de la Shoah, Arnold Racine est décédé à l’âge de 91 ans

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Nous venons d’apprendre la disparition d’Arnold Racine, samedi 11 décembre, à l’âge de 91 ans. Un dernier hommage lui sera rendu ce jeudi 16 décembre, à Kerlétu, à Lorient.
Né le 15 juin 1930, à Paris, d’un père et d’une mère juifs originaires de l’ancien empire russe, arrivés en France suite aux soubresauts de la Première Guerre mondiale, Arnold avait été élevé dès son plus jeune âge dans l’amour de la France. Son adolescence fut marquée par la Seconde Guerre mondiale et l’occupation allemande.

La guerre et la Soah

En 1943, les grands-parents d’Arnold et sa mère sont arrêtés. À cette époque, Arnold était dans une école où trois garçons juifs portaient l’étoile jaune. Lorsque les Miliciens sont venus à l’école, le professeur d’Arnold a caché les trois garçons dans son appartement et a déclaré que la police avait emmené les enfants juifs 30 minutes plus tôt. Arnold et les deux autres garçons sont restés dans l’appartement pendant la nuit. Le lendemain, le père d’Arnold vint à l’école chercher son fils et l’emmena dans le Loiret, où Arnold logea chez un boulanger, M. Cotté, qui se trouvait être dans la Résistance. Le père d’Arnold rentre à Paris et est dénoncé par le concierge qui appelle la Gestapo. Il est arrêté, envoyé à Drancy avant sa déportation à Auschwitz (convoi 76 le 30 juin 1944), et assassiné.

Arnold est resté avec la famille Cotté et est allé à l’école, où il était dans la même classe que le fils de la famille. Plus tard, la famille a envoyé Arnold chez un fermier à Quarré-les-Tombes dans l’Yonne.  Ensuite, Arnold s’est retrouvé dans un groupe de résistance près du lac des Settons dans la Nièvre. Sa première rencontre avec les libérateurs américains fut avec un petit soldat aux cheveux roux qui parlait yiddish. Il met Arnold en contact avec le Comité Mixte de Distribution à Paris. Arnold a retrouvé une de ses tantes, Mathilde (la sœur de sa mère).

Son passage en Israël

A la fin de la guerre, le comité paritaire de diffusion conseille à Arnold de se rendre à l’hôtel Lutétia, où il a vérifié les photographies au mur tous les jours pendant un mois. Là, Arnold a rencontré un Polonais qui parlait plusieurs langues et qui s’est échappé d’un camp et a combattu avec des partisans. Il a dit à Arnold qu’il ne devrait pas avoir trop d’espoir concernant sa famille et qu’à partir de ce jour, il devrait penser à se battre pour défendre les Juifs en Palestine. Il était membre du groupe Stern.
Arnold se rend en effet en Palestine où il rejoint le « Dut 75 » (Unité 75 en hébreu), qui est composé de Juifs français, belges et canadiens. Cent soixante hommes étaient dans cette unité, et tous parlaient français. Arnold a combattu pendant la campagne du Néguev, à Beersheba et dans d’autres endroits du sud. Après la guerre d’indépendance en 1948, Arnold a passé un an au kibboutz Mesilot près d’Afula où il a travaillé.
En 1952 ou 1953, Arnold rentre en France, travaille comme comptable et suit des cours du soir pour étudier la comptabilité. L’âge de la retraite venu, il devient animateur sur Radio Chalom Nitsan (radio juive basée à Nice), animant une émission hebdomadaire intitulée « Au diable la langue de bois ».

Membre du Parti socialiste lorientais

Initialement proche des communistes, il devient membre du Parti socialiste dans les années 1970, où il côtoie François Mitterrand (devenant notamment un de ses gardes du corps). Il a notamment été membre de la section lorientaise du PS. Sans surprise, les combats qui l’animent sont la lutte contre le racisme et à la défense des Droits de l’Homme. Veuf depuis plusieurs années, Arnold était père de trois enfants, grand-père et même arrière-grand-père.

Un dernier hommage sera rendu à Arnold jeudi 16 décembre, à 12 h, au centre funéraire de Kerlétu, à Lorient.

Avec letelegramme et rememberme