Catherine Hiegel au Théâtre du Petit Saint-Martin

Abonnez-vous à la newsletter

Seule en scène, Catherine Hiegel offre une interprétation sensationnelle des « Règles du savoir-vivre dans la société moderne », de Jean-Luc Lagarce.

Le public qui afflue chaque soir au Petit Saint-Martin ne s’y trompe pas. Derrière ces murs l’attend l’un de ces prodigieux moments de théâtre provoqués par la rencontre entre un texte et un interprète. Dirigée par le metteur en scène Marcial Di Fonzo Bo, Catherine Hiegel se risque pour la première fois seule sur les planches avec le monologue savoureux de Jean-Luc Lagarce, Les Règles du savoir-vivre dans la société moderne.

« Naître, ce n’est pas compliqué. Mourir, c’est très facile. Vivre, entre ces deux événements, ce n’est pas nécessairement impossible », écrivait-il à propos de sa pièce. Une commande d’écriture du Théâtre du Granit à Belfort en 1995, pour laquelle il s’est inspiré d’un véritable guide des bonnes manières, rédigé en 1889 par la baronne Staffe.

Humour décapant

D’une plume espiègle, il disserte sur les recommandations de celle-ci concernant trois étapes majeures de l’existence : la naissance, le mariage et la mort. Catherine Hiegel plonge dans cet humour décapant dont les plis subtils recèlent une réflexion intense sur la société. Laquelle, à l’heure des vagues #MeToo, trouve des échos d’une grande pertinence.

En tunique noire surmontée d’une collerette blanche, aussi sage que facétieuse, la comédienne dispense cette vraie-fausse conférence, avec un jeu plein de reliefs malicieux. Jonglant avec les degrés de l’ironie, elle joue de discrets mouvements de tête, distille dans son phrasé silences et ruptures prompts à déclencher l’hilarité.

Magistrale, imperturbable, Catherine Hiegel déroule la liste fantasque – mais véridique ! – de prénoms proposés par l’Almanach, des considérations sur l’esthétique de la boîte de bonbons choisie par le parrain, ou encore la nécessité dans l’organisation d’un mariage de « ne pas se laisser déborder par la futilité accessoire des sentiments ».

Jusqu’au 31 décembre, au Théâtre du Petit Saint-Martin à Paris.

Source lacroix