Helmut Oberlander, un ancien membre des «escadrons de la mort» du régime nazi, est décédé paisiblement au Canada alors que durait encore une bataille judiciaire de plusieurs décennies avec le gouvernement fédéral autour de son extradition en Allemagne.
Sa famille a déclaré jeudi dans un communiqué que l’homme, âgé de 97 ans, était décédé paisiblement dans sa maison, «entouré de ses proches». Des organisations juives ont déploré que la saga judiciaire n’ait jamais pu aboutir à son extradition.
Le gouvernement fédéral avait dépouillé Oberlander de sa citoyenneté à plusieurs reprises – des décisions qu’il avait contestées à répétition devant les tribunaux. Au début de septembre, encore, la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada a ouvert une enquête pour déterminer s’il pouvait rester au Canada plutôt que d’être déporté en Allemagne.
Son avocat a demandé une suspension des procédures, notamment à cause de la détérioration de son état de santé physique et mentale. Sa famille souhaitait qu’il reste au Canada jusqu’à sa mort. La commission avait mis la requête en délibéré, sans préciser à quel moment elle rendrait sa décision.
Escadron de la mort
Arrivé au Canada en 1954, il est devenu citoyen canadien six ans plus tard, mais il n’a jamais divulgué son passé militaire aux autorités canadiennes. En juin 2017, le gouvernement fédéral a révoqué sa citoyenneté canadienne — pour la quatrième fois depuis le milieu des années 1990. Le gouvernement canadien a maintenu qu’Oberlander était complice de crimes de guerre en faisant partie d’un escadron de la mort. Les tribunaux ont convenu à plusieurs reprises que sa citoyenneté devait être révoquée au motif qu’il avait menti sur sa participation à l’escadron nazi.
Il a systématiquement fait appel des nombreuses décisions, sans succès. À la fin de 2019, la Cour suprême du Canada a refusé d’entendre sa cause, ce qui a ouvert la voie à son audience d’admissibilité en matière d’immigration, il y a quelques semaines.
Les organisations juives frustrées
L’organisme B’nai Brith Canada s’est dit aussi frustrée par l’impuissance du Canada à extrader Oberlander. «La disparition pacifique d’Helmut Oberlander en sol canadien est une tache sur notre conscience nationale», a estimé Michael Mostyn, PDG de B’nai Brith Canada, dans un communiqué. «Le fait est que ce pays a claqué la porte aux réfugiés juifs qui fuyaient les nazis, puis a permis ensuite à certains de leurs bourreaux d’entrer au Canada et n’a pas réussi à les expulser.»
Bernie Farber, l’ancien PDG du Congrès juif canadien, qui suit le dossier d’Oberlander depuis la fin des années 1980, a déclaré jeudi que les systèmes de justice et d’immigration doivent être revus pour mieux traiter les présumés criminels de guerre. «Si nous ne modifions pas les lois maintenant, toute cette épreuve, qui a duré 60 ans, n’aura servi à rien», a estimé M. Farber, qui est actuellement président du Réseau canadien contre la haine. «Il a bien exploité le système.»
Paul Daly, titulaire de la chaire de recherche en droit administratif et gouvernance à l’Université d’Ottawa, a toutefois souné que ce cas était inhabituel, car M. Oberlander détenait la citoyenneté canadienne, ce qui lui donnait le droit de contester devant les tribunaux les procédures de révoligcation. Les crimes contre l’humanité sont souvent révélés en amont, au cours du processus d’approbation de la citoyenneté devant la Commission de l’immigration et du statut de réfugié, rappelle le professeur Daly. Et cette commission a son propre processus d’appel et de révision, plus rapide, dit-il. Le bureau du ministre de l’Immigration, Marco Mendocino, n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires.
Un monstre boche s’éteint, paisiblement, à 97 ans , membre des « escadrons de la mort »….. révoltant ! C’est pendu, haut et court, entouré de ses proches, qu’il aurait dû être.