Etoile jaune et anti-vaccins : les larmes indignées d’un rescapé du Vel d’Hiv

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Joseph Szwarc a dénoncé les parallèles dressés entre le statut des Juifs pendant la Seconde guerre mondiale et celui des opposants au vaccin contre le Covid-19.

La voix est émue mais ferme. Dimanche, un rescapé de la rafle du Vel d’Hiv s’est élevé contre l’utilisation de l’étoile jaune par les opposants au pass sanitaire, qui s’estiment discriminés par le gouvernement. Certaines pancartes dans les manifestations anti-vaccins, mercredi et samedi, détournaient des slogans nazis, comme la formule inscrite sur le portail du camp d’extermination d’Auschwitz [«Le travail rend libre»,ndlr] «Le pass sanitaire rend libre».

Joseph Szwarc, 94 ans, participait à la Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’Etat français, en présence de Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée aux Armées, au Square des Martyrs juifs, dans le 15e arrondissement de Paris. Au début de son discours à la tribune, il a brandi une feuille sur laquelle étaient représentée une étoile jaune barrée de la mention «sans vaccin». «Je voudrais dire mon indignation devant ce qu’il s’est passé cette semaine», a-t-il commencé.

«Vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point cela m’a ému. Cette comparaison est odieuse! Il faut se lever tous contre cette ignominie. Les larmes me sont venues, je l’ai portée l’étoile moi, je sais ce que c’est, je l’ai encore dans ma chair. C’est le devoir de tous de ne pas laisser passer cette vague outrancière, antisémite, raciste qui rode. Je crois que c’est un devoir primordial», a poursuivi le vieil homme, très applaudi.

Avant lui, la Ligue Internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) avait vivement réagi sur Twitter : «Arborer une étoile jaune fantaisiste, c’est se moquer des victimes de la Shoah. La Licra condamne fermement cette “minimisation outrancière”, par le biais de détournements, d’un crime contre l’humanité. Elle fait le lit du négationnisme.»

Samedi, plus de 114 000 personnes ont défilé contre les mesures sanitaires annoncées lundi dernier par Emmanuel Macron dans l’espoir de relancer la vaccination, la seule arme sanitaire permettant de minimiser l’impact d’une nouvelle vague de Covid-19. A Paris, plusieurs pancartes arboraient des slogans et des parallèles inacceptables, mêlant dictature, apartheid et allusions au nazisme.

Source liberation