Bibi, roi de la « choutzpa », ne veut pas quitter « son domicile »

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Résidence premier ministre, Beit Aghion
Bibi utilise toujours la résidence du Premier ministre sur Balfour Street comme s’il n’avait pas été démis de ses fonctions, comme si c’était « son domicile ».

La résidence officielle du Premier ministre au coin des rues Balfour et Smolenskin à Jérusalem est une résidence relativement modeste, mais au cours de ses 12 dernières années au pouvoir, Benjamin Netanyahu l’a utilisé comme instrument de pouvoir : il y invitait ceux qui comptaient, et les autres, les petites gens ou bien ceux qui ne luis plaisaient pas, restaient dehors.

Ainsi Ayelet Shaked, nouvelle ministre de l’Intérieur, qui a commencé sa carrière politique en gérant le bureau de Netanyahu et qui est méprisée par sa femme, Sara, n’a jamais mis un pied dans cette résidence. A l’inverse, lorsque Netanyahu a récemment cherché à recruter Mansour Abbas, chef du parti islamiste Ra’am, pour former un gouvernement, il l’a bien sur honoré d’une invitation dans le saint des saints.

Même maintenant, avec un nouveau gouvernement et un nouveau Premier ministre assermenté, Netanyahu, désormais chef de l’opposition, vit toujours dans l’historique Beit Aghion comme si cela lui appartenait réellement. Son bureau a déclaré aux assistants de son successeur, Naftali Bennett, qu’il ne quitterait pas la résidence officielle avant plusieurs semaines au moins, a rapporté la Douzième chaîne lundi. Bennett, indiquant qu’il faisait un effort pour ne pas contrarier son prédécesseur, a répondu que ce n’était pas un problème, puisqu’il voulait continuer à vivre chez lui, à Raanana.

Mais Netanyahu fait plus que dormir et manger à la résidence. Lundi soir, il y a accueilli des invités de marque, Nikki Haley et le fondateur de Christians United for Israel, John Hagee. Haley, qui a été ambassadrice auprès de l’ONU sous l’ancien président américain Donald Trump et est souvent mentionnée comme un éventuel candidat républicain à la présidentielle de 2024, a ensuite tweeté une photo de la réunion à l’intérieur de la résidence, et a qualifié Netanyahu de « premier ministre », se permettant même de rajouter, sans honte ni vergogne, « Nous n’avons pas fini d’en entendre parler« . Elle aussi est atteinte d’une choutzpah incroyable, se permettant de donner un avis qui pourrait passer pour un désaveu du nouveau gouvernement en place en Israël.


Pendant des années, les critiques ont accusé Netanyahu de confondre les besoins de l’État avec les siens. Maintenant, il semble qu’en ce qui le concerne, Bennett n’est qu’un invité dans le bureau du Premier ministre, la nouvelle coalition s’effondrera dans quelques semaines et lui, Netanyahu, sera rapidement de retour au pouvoir. Donc pourquoi s’embêter à faire ses valises ?

La situation étrange soulève plusieurs questions. Tout d’abord, il n’y a pas de protocole officiel pour la passation du pouvoir en Israël, y compris sur des questions de procédure comme l’évacuation de la résidence officielle. Il serait bon que procureur général ou un autre haut fonctionnaire formalise une fois pour toutes les instructions pertinentes.

Il est raisonnable de prévoir plusieurs jours pour la transition, car les changements de pouvoir ont lieu rapidement, avec peu de préavis et aucune garantie jusqu’à ce qu’ils soient effectués. Pourtant, il est inapproprié d’utiliser les pièges du leadership pendant cette période, comme le fait Netanyahu.

Un conseiller juridique du bureau du Premier ministre a déjà recommandé que l’État cesse de couvrir Netanyahu et les frais de services publics de sa famille à la résidence. Alors, qui paie les factures de la famille Netanyahu alors qu’elle continue de résider dans la rue Balfour ? Quelqu’un supervise-t-il même l’affaire pendant cette zone crépusculaire, ou le gouvernement, dirigé par Bennett, a-t-il décidé de permettre à Netanyahu d’utiliser cet actif et ce symbole d’État à sa guise ?

L’attachement de Netanyahu à la résidence est devenu une blague nationale, et leur attachement à certains des cadeaux qui l’accompagnaient, fait l’objet d’un procès pour corruption. Certains racontent que des déménageurs transportent des cartons de biens auxquels Sara est très attachée, mais qui ne sont pas sa propriété.

Bennett peut être excusé de vouloir éviter de traiter la question de l’utilisation continue de la résidence par Netanyahu : ce n’est pas vraiment son job. Mais où sont les professionnels du Cabinet du Premier ministre qui devraient superviser la passation du pouvoir ? Ah, c’est vrai. Netanyahu a laissé le bureau du Premier ministre sans directeur général pendant trois ans, malgré les appels répétés du contrôleur de l’État pour pourvoir ce poste. C’est aussi l’héritage de Netanyahu…..

Line Tubiana

3 Comments

  1. L’héritage de Netanyahu, c’est aussi – et c’est d’abord – une remarquable ténacité vis-à-vis de la politique hostile d’Obama, un pays sorti de l’isolement grâce à des relations diplomatiques considérablement améliorées et renforcées avec divers pays y compris la Russie et les pays arabe du Golfe, des accords de paix avec quatre pays arabes, l’essor technologique d’un pays devenu la huitième puissance mondiale, l’éradication du Covid19 à l’échelon national… tout cela me semble plus important à noter qu’une histoire de logement ou d’organigramme dans un bureau.

  2. Infojmoderne (rien que ça !) se lâche !
    Il ne suffit pas que les élections soient terminées avec le résultat plus que douteux que l’on connaît, il faut poursuivre le Netanyahou-bashing dans un article tendancieux.

  3. Cela devient plus que risible comme situation , nous voilà en face d’un grand démocrate , il n’a pas compris encore et surtout sa vipère de femme qu’il a perdu les élections.
    C’est une HONTE pour la démocratie

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