Antisémitisme, racisme, islamophobie… des candidats RN toujours bas du front

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Des candidats du Rassemblement national aux départementales et régionales locales se lâchent sur les réseaux sociaux. Des propos antisémites, islamophobes ou simplement vulgaires sont publiés sans retenue et visibles par tous les publics.
Si certains sont suspendus, d’autres sont au contraire soutenus. Alors que se déroulent des « marches pour les libertés et contre les idées d’extrême droite, ce samedi 12 juin partout en France (à 11h place de la République à Bordeaux), voici ce qu’il en est en Gironde.

Marta Le Nair, Benoît Alessio, Nicolas Goury… Il ne faut pas chercher loin, quand on épluche les réseaux sociaux de ces candidats du Rassemblement national en Gironde, pour s’interroger sur la volonté du parti de se réhabiliter sur les questions de l’antisémitisme et l’islamophobie.

Le mouvement de Marine Le Pen, qui récuse l’appellation d’extrême-droite, tente désespérément sa « dédiabolisation ». Mais il traine dans son sillage, sans le reconnaître, des militants qui ne cachent pas des penchants douteux.

« Jacob Rothschild »

« C’est comme quand tu serres la main d’un juif, tu as intérêt à voir si tu as encore tes dix doigts… » Ce post Facebook est signé Jean-Yves Le Nair et publié sur la page de son épouse, Marta Le Nair, candidate pour le RN aux départementales (sur le canton de Bordeaux 5) et régionales.

Débusqués par Matthieu Rouveyre, directeur de campagne du président socialiste sortant Jean-Luc Gleyze, les propos tenus par la candidate Marta Le Nair lui ont valu d’être suspendue du RN. Un communiqué du bureau régional a décidé « en accord avec la direction nationale, [de] retirer son soutien à cette candidate et de la suspendre ». Le parti « réitère sa condamnation la plus ferme de l’antisémitisme qui n’a pas sa place dans ses rangs ».

Trop tard néanmoins pour retirer la candidature elle-même, les listes étant déposées en préfecture : selon le code électoral, les candidats restent donc officiellement en lice aux scrutins des 20 et 27 juin sous les couleurs du RN. Ce qu’a notamment « regretté » dans un communiqué Jacques Breillat, tête de liste Gironde Avenir (droite), rappelant au passage que son groupe avait été « le seul au conseil départemental à dénoncer les contenus racistes et antisémites de commentaires et des images partagés par les amis du conseiller départemental RN Grégoire de Fournas » sur sa page Facebook.

D’autres militants du RN se sont servis de Twitter comme un vrai défouloir. L’ex-premier adjoint de Bordeaux, Fabien Robert, a ainsi épinglé Sébastien Dumoulin, candidat suppléant sur le canton de Coutras, évoquant notamment des « sous-humains » « pire que des animaux », et appelant à la violence.

Si le compte de Sébastien Dumoulin a été supprimé dans la foulée, le responsable du Modem en Gironde a conservé quelques captures d’écran de la prose du candidat.

« Sale race de musulmans »

D’autres comptes sont en revanche toujours lisibles, même si cela pique les yeux… Comme celui-ci repéré par Rue89 Bordeaux. « Fils de pute et tu te dit francais de souche?, quand ont et francais ont peut pas etre musulman! » Retranscrit avec les erreurs, ce tweet est posté le 12 avril 2021 sur le compte de Benoît Alessio, 44e sur la liste du Rassemblement national en Gironde (et non éligible) pour les élections régionales menée par Edwige Diaz.

De tels propos, le compte twitter en est truffé. En voici un florilège, toujours avec les erreurs : « Aller crever avec vos migrants » en réponse à la campagne du Slip Français promettant de verser 5% de ses ventes à une association pro-migrants ; « Viré les ratons qui se croive chez eux! » en commentaire d’un article sur l’attaque sur des policiers dans les Yvelines ; « Si y a bien des voyous se sont bien la sale race de musulmans et imam de france dégager or de france je vous souhaite la mort vous etes pas chez vous! ».

Dans d’autres commentaires, Benoît Alessio ne cache pas ses idées : « j’ai pas peur de dire que je suis RN33 et que les musulmans pose un problème en france ». Ou encore « affaire benjamin griveaux: bienvenue au club, moi en 2019 j’ai étais filmé a mon insu se qui ma couter mon siege au europpéenne et comme par hazard par des étrangers dans les 2cas. arreter de faire croire au francais que immigration et une bonne chose! ».

Notons enfin des remarques homophobes et des prises de positions contre l’avortement en soutien à Jair Bolsonaro, le président brésilien.

De Rouen à Bordeaux

Nicolas Goury, candidat sur le canton du Nord-Libournais, n’est pas inconnu au bataillon. Déjà en lice aux législatives en 2017, investi dans la 4e circonscription de Seine-Maritime par le Front national, il a été épinglé par une enquête de Buzzfeed pour ses propos et comportements sur les réseaux sociaux.

Le jeune homme, viré de la CGT, a réagi par une quenelle, geste polémique créé par Dieudonné, devant le local du syndicat. La photographie de son geste a été publiée sur les réseaux et reprise ci-dessous par Ras L’Front.

Un autre photo montre Nicolas Goury dans les rangs de Génération Identitaire ou encore, comme ci-dessous, avec le mouvement identitaire « Vague normande », deux organisations d’extrême-droite contre l’immigration.

Nicolas Goury est lui défendu par les cadres de son parti. A l’époque, Nicolas Bay alors secrétaire général du Front national avait déclaré à France Info : « Evidemment, ils disent la vérité sur l’imhttp://infojmoderne.com/wp-admin/post-new.phpmigration, sur l’islamisme, sur l’insécurité, mais ils ne tiennent pas du tout des propos racistes contrairement à ce qu’on entend ».

Comme en témoigne ce post Facebook, le néo-girondin est apprécié par Edwige Diaz, chez qui il serait domicilié pour sa déclaration de candidat.

Tract mensonger

L’important, c’est de faire bonne figure, peu importe les contre-vérités qui peuvent être colportées. Plus d’une centaine d’avocats ont, partout en France, décidé de porter plainte contre le Rassemblement national pour incitation à la haine et à la discrimination dans un tract, le même diffusé partout dans le pays.

Il prétend qu’un mineur isolé étranger coûte « 40 000 € par an au département », ou encore qu’ils « sont responsables de l’explosion de l’insécurité. (Exemple : 2 délits/crimes par jour à Bordeaux en 2020) ».

Des assertions mensongères : à Pau, les avocats relèvent ainsi que selon un rapport de la chambre régionale des comptes, le coût de la prise en charge d’un MNA [mineur non accompagné] coûterait environ 7300 euros par an pour le département des Pyrénées-Atlantique, « moins que le coût de prise en charge des enfants “non-MNA” ». Dans d’autres départements, comme le Finistère, ce montant est plus important (près de 20000 euros), mais reste deux fois moindre que l’évaluation du RN.

Et à Bordeaux, l’insécurité n’a pas explosé comme le prétend ce tract : en 2020, seuls les vols avec armes en Gironde (+46%, mais seulement 223 faits) et les cambriolages ont augmenté. Tous les autres indicateurs sont en baisse, confinement oblige : le nombre d’homicides a baissé de moitié (6 contre 12 en 2019), tout comme les coups et blessures volontaires (3531 faits contre 3701), les vols violents sans armes (1539 contre 1744) et les vols sans violence contre des personnes (10829 contre 14450).

Mais le sentiment d’insécurité, lui, s’envole, et les sondages du RN avec.

Source rue89bordeaux