Financé grâce une opération de crowdfunding, le livre « Rytmann, l’aventure d’un exploitant de cinémas à Montparnasse doit sortir en janvier 2021 aux éditons de L’Harmattan.
Certains ont été démolis d’autres composent toujours le visage du quartier Montparnasse. Il y a le Mistral (aujourd’hui détruit), le Miramar, le Bienvenüe (qui a été transformé en théâtre, le Grand Point Virgule) les Montparnos et enfin le Bretagne. Des cinémas mythiques pour les cinéphiles mais également pour les passionnés de Paris, les amoureux du vintage et des belles images. A l’instar d’Axel Huyghe et Arnaud Chapuy, auteurs du livre Rytmann, l’aventure d’un exploitant de cinémas à Montparnasse (L’Harmattan) qui sortira en janvier prochain après une opération de crowdfunding réussie. Et une aventure qui a commencé avant le confinement.
« On s’est dit qu’il y avait des cinémas dont on ne parlait peu. Et notamment un cinéma emblématique de Paris, qui reste peu connu des Parisiens, qui s’appelle le Bretagne, à Montparnasse. Ce cinéma est la troisième plus grande salle de Paris et personne ne le sait », rappelle Axel Huyghe également fondateur du site Internet Salles-cinema.com. Mais à travers ce livre de photos d’archives et de textes, les auteurs ont également voulu rendre hommage à l’homme derrière ces salles marquées par leurs décors en marbre, leurs lustres dorés, leurs moquettes : Joseph Rytmann.
« Le monopole des grands films » à Montparnasse
Russe de confession juive, Joseph Rytmann a six ans quand il arrive à Paris. Sa famille fuit les pogroms antisémites qui ont alors lieu en Russie. Son père ouvre une épicerie dans la capitale. Quelques années plus tard, en 1933, Joseph veut lui aussi se lancer dans le commerce. Mais pas n’importe lequel. Le commerce de cinéma. « Dès lors il rachète le théâtre de Montrouge. Et petit à petit, il va créer des salles à Montparnasse et va devenir l’empereur de Montparnasse. Il avait le monopole des grands films dans le quartier », décrit Axel Huyghe. Mais la Seconde Guerre mondiale éclate et l’antisémitisme s’abat aussi sur la France.
Exploitant indépendant, il est persécuté. Contraint de vendre ses cinémas, il part se réfugier à Saumur. A la fin de la guerre, il revient à Paris et récupère l’ensemble de ses cinémas et en fait au fil des années des lieux emblématiques. « Tous les grands films passaient au Bretagne ou au Miramar. Dans les années 1960, tout le monde allait au Bretagne parce qu’il y avait des films en exclusivité, en version originale, c’était la belle salle de Montparnasse ».
« On ne voit qu’elle »
Jusqu’en 2009, c’est Benjamine Radwanski, fille de Joseph Rytmann décédé en 1983, qui possédait ces cinémas emblématiques. Mais en janvier 2010, quatre des cinq cinémas sont vendus au groupe Pathé Gaumont. Le Bretagne, lui, reste dans le giron Rytmann.
« Ce cinéma est emblématique des cinémas des années 1960, à travers sa décoration, qui n’a pas bougé. Actuellement, la salle est un peu passée de mode mais elle marque encore, et notamment les spectateurs friands de films d’action parce que ce cinéma est devenu la vitrine des blockbusters en VF », explique Axel Huyghe. Et de préciser : « Cette salle marque les Parisiens, car elle au carrefour de la place de Rennes, on ne voit qu’elle avec ses grandes enseignes bleues. C’est un quartier de cinéma ». Et un cinéma de quartier en danger ? « Il nous est apparu nécessaire et urgent de parler de ce genre de cinémas. Ce n’est pas un multiplex et on sait que leur survie est compliquée », s’exclame Axel Huyghe.