Borat revient pour se moquer du monde entier

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Hier soir, après avoir lu un tas de critiques avant même sa sortie, j’ai vu Borat 2, et franchement, je me suis marrée du début à la fin, avec des fous rires comme rarement.

Comme le premier film, Borat 2 a été tourné comme un faux documentaire cet été – alors que les mesures de confinement s’assouplissaient aux Etats-Unis – par Sacha Baron Cohen et son équipe pour mieux piéger personnalités politiques et anonymes avec son personnage de reporter arriéré et indélicat.


Les scènes les plus osées ont déjà commencé à faire parler d’elles : Rudy Giuliani a reconnu en juillet avoir été victime d’une fausse « interview » organisée dans une chambre d’hôtel en présence d’une très entreprenante jeune femme. Dans le film, l’ancien maire de New York, âgé de 76 ans, semble finir en fâcheuse posture, puisqu’il est retrouvé la main dans le pantalon.

Il s’est défendu mercredi sur Twitter de toute mauvaise intention, accusant la vidéo de Borat d’être « fabriquée« . « Je remettais ma chemise dans mon pantalon après avoir retiré le matériel d’enregistrement« , écrit-il. « A aucun moment avant, pendant ou après l’interview je n’ai eu un comportement déplacé. Si Sacha Baron Cohen sous-entend le contraire, il ment éhontément », insiste Rudy Giuliani dans son tweet.

Il avait précédemment déclaré au New York Post qu’il croyait répondre à des questions sur la gestion de la pandémie par le gouvernement de Donald Trump et qu’il ne s’était pas rendu compte immédiatement « qu’il devait s’agir de Sacha Baron Cohen« . « J’ai pensé à tous les gens qu’il avait bernés avant moi et j’ai été fier de moi parce qu’il ne m’a pas eu« , a-t-il assuré au journal. Proche de Donald Trump, M. Giuliani n’est pas le seul républicain à avoir été tourné en dérision par Borat, parfois aux risques et périls de ce dernier.

Dans une tribune pour le magazine TIME, Sacha Baron Cohen a récemment expliqué comment il avait sérieusement craint pour sa vie lorsqu’il s’était invité, pour les besoins de son film, dans un rassemblement favorable au port des armes à feu dans l’Etat de Washington.

Borat 2 imagine que le journaliste kazakh, condamné aux travaux forcés après la débâcle du premier épisode, se voit offrir une chance de redorer sa réputation et celle de son pays en offrant un cadeau au vice-président Mike Pence.

Un marketing hors-norme

Une campagne de publicité virale est en cours pour promouvoir le film, y compris via un compte Twitter parodiant le gouvernement du Kazakhstan qui enchaîne les annonces les plus absurdes rédigées dans un anglais approximatif, en félicitant par exemple le président Trump pour avoir « écrasé Covid donné à lui par démocrates« .

Sacha Baron Cohen est venu faire sa promotion lundi soir dans l’émission de Jimmy Kimmel, qu’il a notamment soumis à un étrange « questionnaire kazakh sur la peste » avant de pratiquer sur lui un examen physique de dépistage du coronavirus très politiquement incorrect.

Il faut voir cet interview démentiel, et Borat se dévoile très vite, posant en première question de « sécurité sanitaire » si Kimmel s’est trouvé en contact avec des juifs… Et ça ressemble à une réponse en forme de pied de nez à tous ceux qui l’ont vilipendé sur les sujets de l’antisémitisme et du respect dû à la Shoah.

Il faut commencer par dire que la moitié du film est tournée en hébreu, et que c’est un régal de le voir jongler avec les langues. Et ses vannes sur le judaïsme et la shoah peuvent sembler puantes, mais n’a-t-on pas passé beaucoup de temps à affirmer que l’on pouvait rire de tout, que l’humour ne devait jamais être banni, même si comme dans ce film l’humour est un énorme foutage de gueule, un coup de pied aux fesses de tous les coincés.

Judith Dim Evans est filmée en train d’éduquer Borat sur les camps de concentration nazis et apparaît sous un jour plus que positif, et elle est hélas morte peu après  avoir été interviewée par Baron Cohen. Sa fille affirme qu’elle ne souhaitait pas figurer dans une œuvre comique abordant le génocide, et l’on a du mal à croire que Sacha s’est permis de mentir à une telle dame. Ca sent juste l’envie de récupérer une partie des bénéfices que ne manquera pas de générer ce film, et c’est bien dommage.

Sacha Baron Cohen, qui est lui-même juif, est un ardent pourfendeur de l’antisémitisme et du révisionnisme et milite contre les théories du complot qui fleurissent sur les réseaux sociaux. Alors ces accusations sont justes aussi débiles que les accusations émises par les islamistes les plus obtus.

Line Tubiana avec rtbf

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