Abou Dhabi veut entraîner ses alliés sur le chemin de la normalisation avec Israël

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Alors que les Emirats arabes unis ont initié depuis plusieurs années un processus de normalisation avec Israël, les obligés d’Abou Dhabi suivent désormais leur parrain. Derrière ce rapprochement se cachent des intérêts économiques et sécuritaires.
Selon nos informations, le Conseil de transition du Sud (CTS), mouvement sécessionniste yéménite sponsorisé par les Emirats arabes unis, s’est récemment montré disposé à nouer des relations avec l’Etat hébreu, avec qui il entretiendrait actuellement des pourparlers secrets. Il en va de même pour Khalifa Haftar, à la tête de l’Armée nationale libyenne (ANL), à la recherche de nouveaux soutiens après ses revers successifs face au gouvernement d’union nationale de Fayez Sarraj soutenu par la Turquie. Le canal d’échange entre Haftar et Tel Aviv dure déjà depuis deux ans, comme s’en était fait l’écho Intelligence Online (IOL nº805). Les Palestiniens proches de Mohamed Dahlan, principal conseiller sécuritaire de Mohamed bin Zayed al-Nahyan, le prince héritier d’Abou Dhabi (IOL n°844), sont eux aussi acquis à la cause d’une régularisation des relations avec Israël.

Ces rapprochements interviennent alors qu’Abou Dhabi médiatise ses liens avec Israël à la faveur de la crise du Covid-19. En effet, des avions de la compagnie émiratie Etihad ont foulé de façon inédite le tarmac de l’aéroport Ben Gourion les 20 mai et 9 juin, chargés d’aide humanitaire à destination de la Cisjordanie. L’Autorité palestinienne (AP) a néanmoins refusé ces secours médicaux, alléguant qu’ils avaient été acheminés en coordination exclusive avec Israël.

Derrière cet affichage, Abou Dhabi entend profiter de cette reconnaissance tacite de l’Etat hébreu afin de conclure de nouveaux contrats dans le domaine de la cybersécurité, à l’image de l’accord du 20 juin dernier destiné à étoffer la recherche conjointe dans le contexte de l’épidémie actuelle. Les contrats précédemment conclus auraient déjà valu, pour l’année 2019, plus de 4 milliards $. Enfin, cette normalisation n’est pas exempte de motivations sécuritaires plus classiques. Israël et les Emirats arabes unis espèrent ainsi conjointement constituer un continuum face à l’Iran et à son influence au Machrek.

Un long processus de normalisation initié au travers des contrats d’armements

Entamées dès 2007, les relations entre Israël et Abou Dhabi ont été discrètement entretenues par l’arrivée d’hommes d’affaires israéliens dans l’Emirat. Opérant depuis les Etats-Unis ou la Suisse, Mati Kochav a été un pionnier en la matière à partir de 2009, en fournissant à l’émirat des technologies de sécurité pour la protection de ses frontières, notamment au travers de la société suisse AGT. En 2013, le diamantaire sud-africain David Hirschowitz a opéré pour le compte de Rafael à Abou Dhabi. A partir de 2015, David Meidan, agent du Mossad pendant trente ans, a pris le relais en proposant les services de sa société de conseil, David Meidan Projects, notamment pour le compte du spécialiste des interceptions NSO Group. Et ce, en partenariat avec Mohamed Dahlan. L’ancien directeur d’Aeronautics Defense Systems (ADS), Avi Leumi, a également investi la place d’Abou Dhabi au cours de la même période. Cette société de drones ADS centralise d’ailleurs depuis 2017 les contacts en matière de contrats d’armements entre Tel Aviv et Abou Dhabi.

Source intelligenceonline