Le « Blue Hole » en Egypte, site de plongée le plus dangereux du monde

Abonnez-vous à la newsletter

Certains l’appellent « la cathédrale sous la mer », mais aussi « le cimetière des plongeurs », rappelant tout à la fois la majesté des lieux et ses dangers. Le Blue Hole (trou bleu), son appellation officielle, est le Graal des fans de plongée, à l’instar de l’Everest pour les alpinistes.

C’est probablement le site de plongée le plus dangereux au monde. Le nombre exact de plongeurs y ayant trouvé la mort n’est pas tenu avec exactitude, mais on parle, au pire, d’environ 200 noyades en une vingtaine d’années.

Les plaques commémoratives s’additionnent, accrochées à la falaise qui domine le site, ce qui ne décourage pas les plongeurs, toujours plus nombreux à la recherche du grand frisson. Certaines noyades très médiatisées ont contribué à la réputation des lieux. Un Russo-Israélien Yuri Lipski y a même filmé sa mort en 2000. Parti seul, il se croyait suffisamment entraîné pour explorer la grotte. On a retrouvé sa caméra et son corps au fond du gouffre.

Le « spot » se situe près de Dahab, citée balnéaire égyptienne du golfe d’Aqaba, cet étroit bras de mer qui s’étend de Charm el-Cheikh (Egypte) au Sud, à Eilat (Israël) au Nord. Ici, la nature a forgé dans le corail au pied de la falaise une fosse de plus de 100 mètres de profondeur et de 25 de diamètre. En surface, côté mer, le récif s’est effondré en partie, créant une échancrure vers le golfe profonde d’à peine six mètres.

L’arche

Mais l’intérêt des lieux se situe dans le puits, à cinquante mètres de profondeur. Là, s’ouvre un tunnel qui relie le trou bleu à la mer. Une ouverture de cinquante mètres de hauteur sur 25 de long, que les plongeurs appellent « l’arche ». Rejoindre la mer en passant l’arche constitue, pour les amateurs, le sommet de leur passion. La lueur venant de la mer accentue ce fameux effet cathédrale. Au bout de l’effort on découvre les profondeurs abyssales. Un tombant de plus de 700 mètres, le fond du golfe d’Aqaba.

Un « spot » très dangereux

Mais le tunnel est piégeur. S’il ne mesure que 25 mètres de long, il s’enfonce dangereusement sous la roche pour rejoindre la pleine mer. Quand d’un côté le sol de l’arche est à moins 100 mètres, il atteint moins 120 mètres à son débouché côté mer. Des profondeurs réservées aux plongeurs les plus aguerris.

Or, quand on atteint de telles profondeurs, il faut respecter des paliers de décompression pour revenir à la surface, pour que le corps du plongeur se réhabitue à la pression et il faut donc prévoir les réserves d’oxygène en conséquence. D’autant que le courant freine la progression et limite l’autonomie.

Réservé aux meilleurs

Face à la multitude d’accidents, les autorités ont limité les plongées aux plus expérimentés. Mais cela ne suffit pas toujours. Comme en 2017 lorsqu’un membre de l’équipe de sécurité a trouvé la mort en portant secours à une apnéiste italienne chevronnée, Alessia Zecchini. Détentrice du record mondial de plongée en apnée, elle tentait le passage de l’Arche, quand elle s’est trouvée désorientée. Elle a été sauvée par Stephen Keenan, mais celui-ci y a trouvé la mort.

La réputation du lieu, la multiplicité des officines plus ou moins scrupuleuses à proposer le grand frisson, des plongeurs peu aguerris cherchant un record de profondeur, ajoutent aux risques inhérents à ce sport. On dit aussi que le film Le Grand bleu a contribué pour beaucoup à l’engouement pour la plongée profonde et à l’appel du Blue Hole.

Source francetvinfo