Ce n’est pas parce que j’ai 90 ans que je suis prête à mourir ou bonne à jeter

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PHOTO CREDIT: ANA DE ORBEGOSO
Certains seraient tentés de dire que si je devais mourir du coronavirus, j’aurais au moins mené une vie bien remplie.

Voilà un quart de siècle que je suis entrée dans le troisième âge. Je continue à sculpter, lire, écrire des essais. Je parle cinq langues, je communique par mail et sur WhatsApp avec ma famille et mes amis en Finlande, Chine, Norvège, Angleterre, Israël, Russie, Thaïlande et dans tous les États-Unis. J’ai créé une fondation pour venir en aide aux personnes âgées non mobiles. Je prends des cours et j’anime un club de philosophie sur Zoom où l’on aborde notamment l’éthique, le pardon, la colère et la créativité.

Il va sans dire que ma routine a changé. Avec le coronavirus, tout s’est arrêté d’un coup. En 90 ans, j’ai vu pas mal de choses, mais ça, jamais. Ma fille ayant eu peur qu’en ville je sois plus exposée et moins bien soignée, j’ai quitté Brooklyn et je suis à présent avec elle, mon gendre et mon petit-fils adolescent, recluse et en sécurité dans les montagnes de Peekskill, au nord de l’État. Les seules sorties que j’effectue, gantée et masquée, c’est pour aller faire mes analyses de sang au laboratoire le plus proche.