«Rabbi Jacob», le film qui métamorphosa Louis de Funès

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Il y a plusieurs Louis de Funès. Celui que l’histoire retient comme le plus grand acteur comique français, celui que les Français connaissent par cœur au fil des rediffusions de ses films les plus célèbres, celui dont les comédies sont sur toutes les ­plateformes de VOD (vidéo à la demande), celui à qui La Cinémathèque française avait prévu de consacrer une rétrospective et une exposition (sus­pendues à cause de la pandémie)

Mais il existe un autre de Funès, plus complexe, qui apparaît au début des années 1970. Louis de Funès a alors plus de 55 ans, et déjà plusieurs vies de comédien derrière lui : une première période, entre 1945 et 1962, pendant laquelle il aura été cantonné à de la quasi-figuration dans plus d’une centaine de films. On y devine à chaque fois sa frustration de rester à l’arrière-plan.

Puis il y a cet acteur qui, devenu vedette à partir de Pouic-Pouic (1963), de Jean Girault, règne en maître absolu sur le box-office hexagonal, dans ses deux premiers films avec Gérard Oury, en duo avec Bourvil, Le Corniaud (1964) et La Grande Vadrouille (1966), puis dans Le Gendarme de Saint-Tropez (1964) et ses cinq suites, ou la trilogie Fantomas. En flic ­hystérique ou en commissaire irascible, de Funès incarne une France désuète, bourgeoise, policée.

Un homme de droite

Le comédien s’apprête à connaître une période très particulière de sa carrière, au cours de laquelle il tournera ses films les plus baroques L’Homme-orchestre (1970) et Sur un arbre perché (1971), de Serge Korber ; La Folie des grandeurs (1972) et Les Aventures de Rabbi Jacob (1973), de Gérard Oury. Ce dernier film est à la fois son film le plus étonnant et l’un des plus populaires, comme si les esprits baroque et dada qui l’avaient dirigé avaient trouvé un écho incroyable dans ce début des années 1970. De Funès est au sommet de son art.

Il connaîtra un succès hors du commun avec plus de sept millions d’entrées, le plaçant en tête du box-office de l’année 1973. Et ce avec un sujet particulier : un industriel fortuné, raciste, pris dans un guet-apens tendu par des révolutionnaires arabes et devant, pour s’échapper, endosser la tenue et l’identité d’un rabbin. Le film, au croisement de la vague mémorielle lancée, en 1971, par la sortie du Chagrin et la Pitié, de Marcel Ophuls, et du contexte volatil du conflit israélo-palestinien, offre soudain une dimension politique au burlesque de Funès.

Louis de Funès a toujours été un homme de droite. Il va à la messe tous les dimanches. Ne rate jamais celle, annuelle, en mémoire du roi Louis XVI. Les soubresauts de son temps le rendent furieux. Mai 68, par exemple. Il a pesté de voir le tournage du Gendarme s’interrompre. A ragé devant les étudiants qui envahissaient les rues. Anticipant une catastrophe, il a même fait venir le réalisateur Jean Girault et lui a confié avoir dissimulé un coffre avec des lingots ou des pièces d’or dans le jardin de son château de Clermont, en Loire-Atlantique. À charge pour le réalisateur de remettre le trésor aux enfants de l’acteur en cas de malheur.

Mais, quand la situation revient à la normale, de Funès prend conscience qu’il ne saisit pas son temps. S’opère alors un séisme intérieur. L’acteur comprend qu’il doit changer, incarner autre chose à l’écran que ces patrons et chefs de famille ­irascibles contre lesquels une partie du pays vient de manifester et jeter des pavés. Il sait que le nouveau Louis de Funès doit remiser en toute discrétion l’ancien.

Populaire sans être à la mode

Cette élimination nécessite un complice. Il va pour cela chercher un jeune réalisateur de 33 ans, Serge Korber, ami de Claude Chabrol et de François Truffaut. La proximité avec la Nouvelle Vague intéresse de Funès. Conscient de rester l’acteur d’une France âgée, il sait qu’il n’a pas encore embrassé le cinéma d’auteur des années 1960. Il demeure immensément populaire sans être à la mode. La première rencontre entre les deux hommes se déroule, en 1969, sur le tournage d’Hibernatus, d’Édouard Molinaro.

Korber s’y rend à reculons. « Mes amis, c’étaient Truffaut, Chabrol, se souvient le réalisateur. Quand ils ont appris que j’allais rencontrer de Funès, ils m’ont engueulé. Je devenais un traître à leurs yeux. Collaborer avec lui signifiait se commettre dans un cinéma pourri. Or, je voyais au-delà. De Funès était une locomotive, la garantie d’un succès commercial. Avec un tel comédien, je pouvais faire ce que je voulais. Les producteurs me suivraient. »

Intrigué par le projet de Serge Korber, une comédie musicale, de Funès l’invite à passer quinze jours dans son château de Clermont, où seuls les plus intimes sont conviés. Korber se trouve face à un homme d’une complexité inhabituelle, manifestant d’énormes complexes à l’égard des intellectuels, craignant de ne pas être à la hauteur, blessé par les critiques assassines qui pleuvent à la sortie de chacun de ses films. « Il y avait une réelle frustration chez lui à ne pas être reconnu par l’intelligentsia, note le réalisateur. C’est son problème, il le sentait, et c’était très dur. J’étais comme les autres avant de le connaître : de Funès, ce n’était rien, le cinéma commercial le plus horrible, quand on pense au Gendarme de Saint-Tropez, mais en faisant sa connaissance, cette image devenait très injuste. »

Un personnage « pop »

Les deux hommes se découvrent des points communs. Le comédien se montre aussi très curieux du passé de Serge Korber. Ce dernier est l’un des neuf enfants d’une famille de juifs originaires de Roumanie. Il a été caché pendant la guerre au Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire). De Funès, catholique pratiquant, assaille le jeune homme de questions. Il veut savoir ce qui lui est arrivé, jusqu’au moindre détail.

Cette interrogation trouvera son prolongement, encore plus profondément, avec Les Aventures de Rabbi Jacob. Mais, dans L’Homme-orchestre, de Funès devient un personnage « pop » : chemises à jabot, costumes aux couleurs criardes, pilote d’une voiture de sport. Sa figure se trouve agrandie ou miniaturisée selon les plans, en ombre chinoise ou colorisée et même confrontée à la libération sexuelle. Le visuel du film est très Scopitone, l’ancêtre du clip musical. Sa nervosité correspond soudain à la frénésie d’une époque.

Lorsque l’acteur demande à Serge Korber, après L’Homme-orchestre, sur quel projet les deux hommes pourraient enchaîner, le réalisateur lui parle d’un film dramatique où, après une sortie de route, la voiture d’un couple chute à flanc de falaise et se trouve, par miracle, coincée sur un arbre au-dessus du vide. L’acteur perçoit immédiatement le potentiel comique d’une telle histoire. Au couple se substitue un trio : un capitaine d’industrie, incarné par de Funès, et deux jeunes auto-stoppeurs très « flower power ». De Funès retrouve son personnage réactionnaire, mais cette réaction justement devient ridicule.

Le film finit par prendre le titre tiré de la fable de Jean de la Fontaine, Sur un arbre perché, qui pointe aussi la dimension dadaïste de cette si singulière comédie. « De Funès était très conscient de l’originalité du film, estime Serge Korber. C’est une pièce de Beckett dans une voiture. Un huis clos où de Funès est coincé alors qu’il reste un comique de mouvement. C’est insensé d’avoir voulu faire ça. »

Une comédie contre le racisme et l’antisémitisme

Avec 1 600 000 entrées, lors de sa sortie, en avril 1971, Sur un arbre perché est un échec public, à l’échelle de sa vedette, s’entend. Cette relative défiance du spectateur n’incite pas le comédien à renoncer à la réinvention qu’il a initiée. Au contraire, elle le pousse vers encore plus d’innovation. Lorsqu’il reçoit, en 1972, le scénario des Aventures de Rabbi Jacob, signé par Gérard Oury et sa fille, Danièle Thompson, Louis de Funès saute de joie. Il est enthousiasmé par l’impeccable mécanique et l’inquiétante ­originalité de cette histoire ainsi que par l’idée d’une comédie sur la tolérance, contre l’antisémitisme et le racisme, mêlant juifs, catholiques et musulmans.

Gérard Oury est un ancien acteur qui a dû fuir pendant la guerre la zone occupée pour Monaco, puis la Suisse, afin d’échapper aux lois sur le statut des juifs édictées par le régime de Vichy en 1940. Personne dans sa famille n’était pratiquant ou n’avait reçu d’éducation religieuse. Il faut remonter aux années 1960 pour trouver ­l’origine de Rabbi Jacob.

« Nous traversions le quartier du Marais en voiture pour aller dîner rue des Rosiers, se souvient la scénariste et réalisatrice Danièle Thompson. Il y avait mon père, sa mère, le meilleur ami de mon père, le documentariste François Reichenbach, et Jean-Claude Eger, toute une bande qui s’était réfugiée en Suisse pendant la guerre. Tout à coup sort d’un immeuble un rabbin en redingote noire, longue barbe, papillotes et chapeau en fourrure. À sa vue, ma grand-mère s’est écriée : “En voilà un !” alors que nous étions tous juifs dans cette voiture ! Cette silhouette est restée dans la tête de mon père. Cette communauté l’a toujours fasciné. »

Un contexte politique inflammable

Aussi étrange que cela paraisse, Rabbi Jacob est refusé par Gaumont et par Alain Poiré, le producteur historique de De Funès et de Gérard Oury. Alain Poiré ne voit pas comment une histoire de juifs orthodoxes pourrait intéresser le public. Le projet est repris par Bertrand Javal, le producteur de L’Aveu, de Costa-Gavras.

Un film évoquant l’amitié possible entre Juifs et Arabes risquait de s’avérer hautement inflammable dans le contexte du début des années 1970, alors que le Moyen-Orient était embrasé et qu’aucun pays arabe n’avait signé le moindre accord de paix avec son voisin israélien.

Le terrorisme palestinien frappait durement, à la fois en Israël et en Europe, avec pour point d’orgue la prise d’otages et l’assassinat de onze membres de l’équipe israélienne lors des Jeux olympiques de Munich, en 1972. À cela s’ajoutaient les craintes des éventuelles réactions de la communauté juive en France face à un film risquant de passer pour une pantalonnade. Il est vrai que le cinéma français n’a qu’exceptionnellement observé cette communauté de l’intérieur. Au-delà, l’idée d’une France des minorités n’a pas encore trouvé sa place sur les écrans.

Les Aventures de Rabbi Jacob est donc, très littéralement, l’histoire d’une France qui en découvre une autre. Celle, franchouillarde, du grand bourgeois joué par Louis de Funès, qui sort de son pré carré et se retrouve dans une autre France. À cela, il faut ajouter la présence, dans le rôle de l’épouse dentiste de De Funès, de la comédienne Suzy DelairCelle-ci, morte le 16 mars dernier à 102 ans, était une vedette du cinéma français d’avant-guerre, et, en 1941, s’était rendue à Berlin pour célébrer l’amitié cinématographique franco-allemande. C’est donc avec le sous-texte de la collaboration et de la déportation que Rabbi Jacob décrit et la France traditionnelle, et la communauté juive française.

L’acteur découvre la rue des Rosiers…

Gérard Oury emmène de Funès dans les petits oratoires du périmètre de la rue des Rosiers. Le quartier du Marais reste alors le cœur battant du judaïsme parisien, les communautés ashkénazes, principalement originaires d’Europe de l’Est, qui s’y étaient installées au début du XXe siècle, cohabitent désormais avec les juifs sépharades issus du Maghreb. Mais, à la différence d’aujourd’hui, avec la gentrification de ce quartier, la rue des Rosiers incarne alors un judaïsme intense, vivant. Le monde que commence à découvrir Louis de Funès, dont il saura si bien extraire la sève, est désormais un monde perdu.

« Mon père lui a fait vivre quelque chose d’imprévu dans sa vie, note Danièle Thompson. Il a été secoué par ça. Comme de Funès était quelqu’un de consciencieux, concentré, il a fait un voyage avec ce film. Il ne faut pas oublier qu’il incarne d’abord un personnage raciste, pas un rabbin. » Son passage, en compagnie de Gérard Oury, à la synagogue de la Victoire, la plus grande de Paris, impressionne particulièrement de Funès.

« Il s’attendait à un rituel proche d’une messe, or, cela n’a rien à voir, se souvient Bernard Stora, l’assistant-réalisateur de Gérard Oury. Il paraît qu’un vieux fidèle de la synagogue, apercevant de Funès, lui a dit : “Je te connais, toi.” De Funès a pris un air modeste. Le fidèle a renchéri : “Mais où ai-je bien pu te voir ?” pour répondre de lui-même à sa question : “Ça y est, c’était dans une autre synagogue !” De Funès est entré presque par sidération dans son personnage. »

Popeck, qui fait déjà carrière dans les cafés-théâtres parisiens dans un emploi de juif ashkénaze racontant des blagues et joue le rôle d’un père de famille d’une famille juive orthodoxe dans Les Aventures de Rabbi Jacob, devient l’une des passerelles entre de Funès et le monde juif : « Personne n’avait le droit d’entrer dans la loge de De Funès. Moi, oui. De Funès me parlait avec un accent yiddish. Il savait que j’avais travaillé, comme lui, dans un cabaret. Il savait aussi que j’avais auparavant travaillé dans la confection. Il s’est servi de ce vécu pour son rôle. »

… et apprend les danses hassidiques

Le 13 mars 1972, Louis de Funès, Gérard Oury, sa compagne, Michèle Morgan, et Danièle Thompson accompagnent la directrice de casting, Margot Capelier, au local parisien de la Fédération des sociétés juives de France, rue de la Folie-Méricourt. Ils découvrent le spectacle d’un jeune chorégraphe de 22 ans, Ilan Zaoui, et sa troupe, Kol Aviv. Les danseurs et les musiciens de Kol Aviv sont issus des mouvements de jeunesse socialistes juifs.

Les ballets de Zaoui, à la fois d’inspiration hassidique, soit l’un des plus forts courants du judaïsme orthodoxe d’Europe centrale, et israélienne, semblent surgir d’un passé lointain. Les groupes de musique klezmer n’existent alors pas. Et, comme le souligne Philippe Gumplowicz, l’un des membres de la troupe, aujourd’hui musicologue et professeur à l’université de Paris-Saclay, qui dirige ce jour-là l’orchestre devant ces prestigieux invités : « Nous n’étions pas forcément les meilleurs, mais nous étions les seuls. »

L’idée surgit alors de faire interpréter cette ­chorégraphie par Louis de Funès, affublé d’un shtreimel – le chapeau en fourrure porté par certains juifs orthodoxes – et d’un caftan. Cette scène deviendra l’une des séquences les plus emblématiques du film, dans une musique cosignée par Philippe Gumplowicz et Vladimir Cosma.

De Funès se montre enthousiaste. Danser à l’écran est son affaire. La première fois, c’était pour le ballet flamenco de Taxi, roulotte et corrida (1958), d’André Hunebelle. Puis il y a eu le ballet tsigane du Grand restaurant (1966), de Jacques Besnard, et les chorégraphies modernes de L’Homme-orchestre. Mais Rabbi Jacob est différent. Il s’agit de redonner vie à un art en partie disparu et, pour de Funès, de reproduire les pas de ceux qui ont été en grande partie exterminés.

L’acteur s’isole deux mois avec Ilan Zaoui. Gérard Oury découvrira la danse en la tournant dans une rue des Rosiers reconstruite à Saint-Denis, dans le 93. « Les danses hassidiques sont inspirées du comportement de l’homme pieux, de sa manière d’exprimer la crainte de Dieu ou l’extase, précise Ilan Zaoui. D’ailleurs, cette danse est intitulée “danse de la joie”. La gestuelle fait tout, avec des mouvements de l’intérieur vers l’extérieur. Dans le cas de De Funès, ces mouvements devaient être encore plus exubérants. »

Louis de Funès n’est pas homme à montrer ses sentiments. Son art de la grimace, où son visage est utilisé comme un instrument aux potentialités infinies, est aussi un moyen bienvenu de multiplier les masques. L’espace d’une séquence, dans Rabbi Jacob, il décide d’enlever ce masque. Dans une synagogue reconstituée en studio – Gérard Oury tenait à un bâtiment ressemblant aux synagogues en bois polonaises ou allemandes qui avaient été entièrement détruites pendant la guerre –, le personnage incarné par de Funès, déguisé en rabbin, doit bénir un garçon fêtant sa bar-mitzvah.

L’atmosphère particulière qui régnait ce jour-là, avec les figurants en kippa, frappe Danièle Thompson : « De Funès joue un homme bouleversése ­souvient-elle, et on sent qu’il l’est pour de bon. » L’acteur reconnaîtra, quelques mois plus tard, dans une interview : « Ce film m’a fait du bien, car j’avais de “bonnes petites idées”. Il m’en est resté. Mais cela m’a décrassé l’âme. » Comme le résume désormais Danièle Thompson : « Ce qui lui a décrassé l’âme, c’est que mon père lui a ouvert la porte sur un univers dont il avait une méfiance un peu désagréable. »

Dramatique détournement d’avion

Les Aventures de Rabbi Jacob sort le 18 octobre 1973. Depuis le 6 octobre, les armées syriennes et égyptiennes ont lancé une offensive contre Israël. Dans ce contexte d’un quatrième affrontement israélo-arabe se pose la question de maintenir la sortie du film à la date prévue, mais le dispositif restera intact. Le réalisateur de La Grande Vadrouille reçoit des coups de téléphone anonymes, des lettres de menace.

Il se balade avec un revolver dans sa poche et demande à la police de discrètement protéger Louis de Funès. Quelques jours avant la sortie du film, Danièle Thompson, Gérard Oury et quelques membres de ce qui ressemble à un commando pacifique partent un soir décoller autant d’affiches du film que possible, craignant qu’elles ne passent pour de la provocation.

Un drame survient… de là où on ne l’attendait pas. Il se produit le jour de la sortie du film. Danielle Cravenne, l’épouse de Georges Cravenne, l’attaché de presse des Aventures de Rabbi Jacob et créateur des Césars, détourne un avion d’Air Inter effectuant la liaison Paris-Nice. Psychologiquement fragile, ébranlée par la nouvelle guerre au Proche-Orient, persuadée que le film serait favorable à Israël, elle demande à ce que Rabbi Jacob soit retiré des écrans. Armée d’une carabine, elle exige que l’avion soit dérouté vers Le Caire. Le pilote de l’appareil réussit à se poser à l’aéroport de Marseille-Marignane pour ravitaillement. Après l’évacuation des passagers, le groupe d’intervention de la police nationale s’introduit dans l’avion. À la suite d’échange de tirs, Danielle Cravenne meurt, à l’âge de 35 ans.

Louis de Funès ne parviendra plus jamais à un tel équilibre entre ambition baroque et succès populaire. Après la sortie de Rabbi Jacob, il retourne au théâtre. Le 21 mars 1975, il est victime d’un infarctus, puis d’un second à l’hôpital, neuf jours plus tard, où il est sauvé in extremis – il mourra en 1983. S’il tiendra les premiers rôles de L’Aile ou la Cuisse (1976), de L’Avare (1980) ou encore de La Soupe aux choux (1981), il ne sera plus cet acteur qui, en trois ans, avait essayé de devenir quelqu’un d’autre. Il ne sera plus jamais cet homme dont le grand public aura applaudi la mutation à l’écran. Rabbi Jacob reste le dernier film où il parle, en partie, à la première personne et où s’exprime, pleinement, son génie.

Source lemonde