Les cérémonies pour la commémoration du 75eme anniversaire de la libération d’Auschwitz ont été nombreuses, et j’en ai retenu deux, qui ont mis à l’honneur les enfants victimes de la barbarie et un rescapé de l’horreur.
Montreuil rend hommage à cinq enfants juifs
La ville de Montreuil (Seine-Saint-Denis) poursuit son hommage aux enfants juifs disparus dans les camps de la mort. Elle a apposé mardi 28 janvier 2020 une nouvelle plaque sur l’école élémentaire Paul-Bert (rue Lavoisier), en souvenir des cinq élèves raflés et déportés à Auschwitz-Birkenau entre 1942 et 1944 parce que nés juifs.
Travail d’histoire
La pose de cette nouvelle plaque participe au côté du travail d’histoire des enseignants, d’une volonté de graver dans la pierre, les cœurs et les consciences, le nom de chacun des enfants de Montreuil, dans chaque lieu où il ou elle était écolier.
« Ce travail d’engagement de Montreuil pour la connaissance et la compréhension du passé, est une arme indispensable pour lutter efficacement contre le retour de la haine, de l’exclusion et de la barbarie », explique la municipalité. Pour l’équipe pédagogique de l’école Paul-Bert, cette pose de plaque constitue le point de départ d’un travail de mémoire qui se poursuivra jusqu’à la fin de l’année scolaire.
Au cours de la cérémonie, les enfants présenteront textes et dessins qu’ils ont produits sur le sujet et chanteront la chanson du répertoire traditionnel Yiddish « Dona Dona » en reprenant les paroles dans les différentes langues parlées par les familles des enfants (anglais, allemand, tamoul, mandarin, espagnol, portugais, arabe, viet, tamazight).
L’hommage qui est rendu est l’aboutissement de longues et minutieuses recherches menées par le service des Archives municipales, avec l’aide des associations et centres de documentation sur les crimes nazis.
150 enfants déportés depuis Montreuil
Ce travail a permis d’estimer à 500 le nombre de Juifs déportés depuis Montreuil dont 150 enfants. Il a également mis en lumière qu’aidées d’amis ou de voisins, certaines familles ont pu trouver refuge en zone libre ou en Angleterre.
Montreuil est engagée, sur le long terme, avec ses partenaires que sont l’association du Mémorial de la Shoah et la Fédération nationale des déportés et internés, résistants et patriotes, dans une action d’éducation populaire destinée à perpétuer la mémoire des atrocités passées pour que toutes les générations puissent acquérir les connaissances nécessaires contre l’horreur et la tentation du pire.
Dans cet esprit, la Ville de Montreuil organise régulièrement des déplacements de collégiens au camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, en partenariat avec le Mémorial de la Shoah. « Car il est important, qu’au quotidien, l’action municipale contribue à combattre l’antisémitisme en faisant reculer l’ignorance et en empêchant le retour des idées qui portent une atteinte systématique au droit de la personne humaine. »
Les précédentes cérémonies
– En avril 2017, cérémonie à la mémoire des 63 élèves déportés de l’école Marcelin-Berthelot ;
– En mai 2019, à l’école Danton, cérémonie en souvenir du petit Charles Ejzenberg, né en 1936 et déporté le 30 mai 1944 à Auschwitz après avoir été interné à Drancy ;
– Le 1er juillet 2019, cérémonie à la mémoire des 18 élèves des écoles élémentaires Jules Ferry I et II.
Rescapé de la rafle du Vel d’Hiv, il reçoit la médaille d’officier de la Légion d’honneur
Vendredi 31 janvier 2020 au Mans, Joseph Weissman, 88 ans, a reçu des mains de Nicolas Quillet, préfet, sa médaille d’officier de la Légion d’honneur. Nicolas Quillet a salué le courage de cet homme rescapé à 11 ans de la rafle du Vel’d’Hiv’, en juillet 1942.
Joseph Weismann est l’un des rares enfants survivants de la déportation de Beaune-la-Rolande à Auschwitz, à la suite de la rafle du Vélodrome d’Hiver. Cette rafle a été commise par l’État français, le 16 et , sous le régime de Vichy, lors de la Seconde Guerre mondiale.
Après leur arrestation par la police française, le , lors de la rafle du Vélodrome d’Hiver, toute sa famille et lui sont emmenés au camp de Beaune-la-Rolande. Il parvient à s’en évader avec un ami, Joseph Kogan, alors que les enfants sont séparés de leurs parents, lesquels sont convoyés vers le camp d’extermination d’Auschwitz. Les enfants restants seront également déportés dans les convois suivants.
Une douleur ancrée
78 ans après, Joseph Weissman porte encore les stigmates de son évasion sur ses bras. Il attendra ses parents jusqu’à son service militaire, mais cette douleur ancrée, l’homme la transformera en devoir. Joseph Weissman portera son message de nombreuses années depuis les années 1965 : « Celui de ne pas oublier » .
Il rappelle devant l’assemblée que « sans cesse, il faut faire attention à la montée de l’antisémitisme, à la haine. Cela passe par l’éducation », affirme-t-il. Son témoignage est un message d’humanisme. Et comme un passage de témoin, le jeune Hugo Leverdez, qui jouait son personnage dans le film La Rafle (2010, réalisé par Roselyne Bosch, d’après son propre livre), est venu l’applaudir.