IBM commercialise son ordinateur quantique dans le cloud, une première historique

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IBM annonce la mise à disposition d’un ordinateur quantique via le cloud. D’une puissance de 53 qubits, il pourrait permettre la résolution d’une nouvelle classe de problèmes. Il n’a probablement pas encore atteint la suprématie quantique et sa durée d’utilisation est limitée. Il devrait entrer en fonction d’ici au mois prochain.

IBM cherche par tous les moyens à battre ses concurrents dans l’innovation de rupture. Il vient d’annoncer la mise à disposition d’un ordinateur quantique de 53 qubits. Seuls les clients d’IBM Q Network auront accès à ce service qui devrait entrer en fonction courant octobre. Selon IBM il s’agit du plus gros ordinateur quantique aujourd’hui disponible. Cette nouvelle machine est installée au centre de calcul quantique du constructeur dans l’Etat de New York.

Le centre devrait aussi abriter cinq ordinateurs de 20 qubits, nombre qui sera porté à 14 le mois prochain. Selon IBM, 53 qubits permettent d’accéder à une nouvelle classe de problèmes. Il n’est pas certain toutefois que cette machine atteigne la suprématie quantique, autrement dit qu’elle soit capable de résoudre des problèmes que l’informatique classique ne peut pas résoudre. « La difficulté, reconnaît Oliver Hess responsable des programmes quantiques à IBM France, c’est que les machines gardent leurs propriétés quantiques pendant une période très brève. » Le temps de cohérence quantique de l’ordinateur IBM n’est pas annoncé mais il est de l’ordre de 100 microsecondes autrement dit 100 millionièmes de secondes.

Pour l’instant, un ordinateur quantique comparé à un ordinateur classique, c’est un peu un éclair dans le ciel comparé à une ampoule basse consommation. Son intensité peut atteindre 20 millions de volts sur une durée très brève alors qu’une ampoule peut rester allumée pendant des mois. De la même façon, un ordinateur quantique de 53 qubits peut réaliser environ mille millions de milliards d’opérations! A titre de comparaison, les supercalculateurs les plus performants comptent en pétaflops, soit des millions de milliards d’instructions par seconde. La machine d’IBM est schématiquement mille fois plus puissante mais pendant une centaine de microsecondes seulement. IBM n’envisage pas pour l’instant de vendre des ordinateurs quantiques. Une telle machine doit en effet être refroidie à une température proche du zéro absolu (-273°C) pour éviter que la chaleur agite les particules et leur fasse perdre leurs propriétés quantiques.

Nouvelle menace de cyberattaque

« Les problèmes auxquels s’adresse l’informatique quantique sont spécifiques, souligne Olivier Hess, ce sont ceux qui concernent une explosion combinatoire, autrement dit un très important nombre de cas à traiter. Un ordinateur classique mettrait des semaines, voire des mois ou des années à les résoudre alors que le quantique peut y parvenir en quelques microsecondes. Cela concerne par exemple les factoriels, les finances, la chimie ou l’étude des matériaux. »

IBM avait déjà présenté en janvier dernier au CES de Las Vegas un ordinateur quantique assez limité soi-disant commercialisable. Aujourd’hui, il préfère vendre un accès au calculateur via le cloud. Schématiquement, le client envoie un problème, la machine effectue le calcul et IBM renvoie les résultats. Selon les spécialistes du secteur, on ne peut pas écarter le risque qu’un hacker détourne une machine quantique et s’en serve pour casser des codes secrets réputés inviolables. Pour l’instant toutefois le risque est faible car le temps pendant lequel la machine peut calculer est encore très petit. Mais d’ici quelques années, le risque sera réel. C’est pourquoi les chercheurs travaillent à mettre au point des algorithmes de chiffrement post quantiques susceptibles de résister à cette nouvelle menace.