Pays-Bas : l’exposition d’objets nazis affiche complet

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Le musée avance un objectif didactique : faire comprendre comment le nazisme a conquis les cœurs. Mais les détracteurs de l’exposition dénoncent une glorification du régime.

Certains y voient un risque de « glorification » du nazisme. Un musée de Bois-le-Duc (s-Hertogenbosch en néerlandais), dans le sud des Pays-Bas, présente jusqu’au 19 janvier 2020 une exposition, intitulée « Design du IIIe Reich », où les visiteurs peuvent découvrir une collection d’objets de « design nazi ».

Tous les billets disponibles depuis l’ouverture début septembre ont été vendus, soit déjà 10.000 au total. Mais des militants de gauche et antifascistes dénoncent un sanctuaire du régime et ont manifesté devant le musée contre la tenue de l’exposition.

Quelque 277 articles sont rassemblés sur deux étages, allant d’une Coccinelle Volkswagen des années 1940 aux statues d’Arno Breker, sculpteur préféré d’Adolf Hitler, en passant par un meuble qui occupait le bureau du Führer, des affiches de propagande, des couverts gravés de croix gammées, des films de la réalisatrice nazie Leni Riefenstahl et une mitrailleuse MG42.

Jamais autant d’artefacts nazis n’avaient été disposés côte à côte, selon les observateurs. « Chaque objet est placé dans un contexte historique qui met en lumière l’horrible dessein du régime nazi. Si les objets sont sortis de leur contexte, cela pourrait être mal interprété », explique Maan Leo, porte-parole du musée.

Interdit de faire des selfies

La préparation a pris deux ans. Le musée a beaucoup échangé avec la communauté juive de Bois-le-Duc et avec des organisations représentant la population juive aux Pays-Bas. Il a également consulté le Centre d’information et de documentation d’Israël (CIDI), qui surveille l’antisémitisme dans le pays.

Les billets sont vendus exclusivement en ligne, la sécurité a été renforcée et les visiteurs ne peuvent entrer que 50 à la fois. En outre, pour éviter que son message soit « mal interprété », le musée interdit de prendre des photos, et donc des selfies, mesure rare sur un site touristique. Si un visiteur tentait de passer outre, il serait banni du musée.

Les organisateurs souhaitent que l’exposition fasse réfléchir sur les différentes manières dont le IIIe Reich a réussi à gagner les cœurs et les esprits en Allemagne. « Cette exposition montre comment le design nazi a imprégné chaque recoin de la société entre 1933 et 1945 », raconte Maan Leo. Elle estime qu’il est « important de savoir comment ce processus de séduction a fonctionné et quel rôle le design a joué ».

Source leparisien