La justice déboute les héritiers d’un marchand d’art juif spolié sous l’Occupation

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La famille Gimpel assure que trois tableaux du peintre fauve André Derain, dont l’un est exposé au musée Cantini à Marseille, ont été spoliés à leur grand-père sous l’Occupation : la justice déboute ces héritiers.

La justice française a débouté jeudi les héritiers d’un collectionneur d’art juif spolié qui demandaient la restitution de trois toiles entre 1907 et 1910 du fauviste André DerainPaysage à CassisLa Chapelle-sous-Crécy et Pinède, Cassis, exposées depuis des années dans trois musées français, dont le musée Cantini à Marseille.


Pour le tribunal correctionnel de Paris, des « incertitudes persistantes quant à l’identification des tableaux » subsistent, selon la décision consultée par l’AFP. « Parce que nous sommes sûrs de notre bon droit, nous allons faire appel », a réagi la petite-fille du collectionneur René Gimpel, Claire Touchard. « Nous considérons au vu du jugement que c’est difficile de décrocher des tableaux des collections nationales et que les juges ont peut-être été un peu timides », a-t-elle dit à la presse.

Les proches dénoncent l’inertie de la France, pourtant signataire de l’accord de Washington de 1998 sur l’indemnisation des spoliations. De leur côté, les musées affirment avoir acquis ces toiles en toute légalité et se fondent sur une ordonnance d’avril 1945 sur la nullité des actes de spoliation.

Des années d’enquête

Plus de 75 ans après l’Occupation, les descendants du grand galeriste parisien René Gimpel attendent encore de récupérer l’ensemble des œuvres spoliées ou disparues dans le tumulte de la guerre. Après des années d’enquête, ils avaient affirmé avoir retrouvé trois Derain, acquis par leur aïeul en 1921 à Paris.

Lors de l’audience, le 25 juin 2019, les avocats du ministère et des musées avaient mis en doute la concordance entre les œuvres réclamées et celles acquises par René Gimpel. Pour l’avocat du ministère de la Culture, Me Aurélien Burel, les pièces fournies par la famille ne permettent pas de se forger « une certitude« . Il a affirmé que le « livre de stock » présenté par la famille Gimpel n’était en fait « qu’un livre de mouvements » des oeuvres entre Paris et New York. Les avocats des musées ont aussi défendu la légalité de leurs acquisitions, doutant qu’on puisse qualifier de « vente forcée » celle de Pinède, Cassis, orchestrée par des résistants et proches de Gimpel.

Charognes ou charognards??

Sources 20minutes et francetvinfo